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Livre - Page 7

  • Les immondes connasseries de Dickens

    " - Moi aussi, Dot, moi aussi, dit le voiturier.

    " - Je l'aime pour toutes les fois que je l'ai entendu et pour toutes les pensées que son innocente musique éveille en moi. Quelquefois, à la chute du jour, quand je me sentais un peu solitaire et découragée, John, - avant que le bébé ne soit là pour me tenir compagnie et égayer la maison, - quand je pensais combien tu serais isolé quand je viendrais à mourir : ses chirp, chirp, chirp venant du foyer semblaient me parler d'une petite voix si douce, si chère, et mon ennui se dissipait comme un rêve. Et quand j'avais peur - j'ai eu peur quelquefois, John ; j'étais bien jeune, tu sais - que notre ménage soit mal assorti ; j'étais presque une enfant et tu ressemblais plus à mon tuteur qu'à mon mari ; je craignais que tu n'arrivasses pas à m'aimer comme tu le désirais ; alors ses chirp, chirp, chirp m'ont consolée et remplie d'une nouvelle confiance. Je pensais à ces choses ce soir en t'attendant, mon chéri, et c'est à cause d'elles que j'aime le grillon !

    " - Et moi aussi, répondit John. Mais, Dot, quelle crainte vaine était la tienne !" Putain c'est chiant. " Ah ! ma chérie, il ya si longtemps que je t'aime ! bien avant de t'avoir amenée ici pour être la petite maîtresse du grillon !

    Chat corse P.JPG

    " Elle posa un instant la main sur son bras et le regarda anxieusement comme si elle voulait lui dire quelque chose. L'instant d'après elle était à genoux devant le panier, parlant avec volubilité et s'affairant autour des paquets.

    " - Il n'y en a pas beaucoup ce soir, John, mais j'en ai vu d'autres derrière la voiture, des gros, - et, bien qu'ils donnent plus de mal peut-être, ils payent assez bien, donc inutile de se plaindre, n'est-ce pas ? Et puis tu as dû en livrer au cours de ton voyage !" Tous les clichés y sont ; il vient, ce grosz Malheur ?

    " - Oui, dit John, et beaucoup.

    " - Tiens, qu'est-ce qu'il y a dans cette boîte ? Bonté divine, John, c'est un wedding-cake 1 ! 1. Gâteau de mariage" - bon, je sais, ce doit être typique, et "intraduisible", mais aucun mot ne recouvrant exactement aucun autre de n'importe quelle langue à n'importe quel   autre, on aurait aussi bien pu le traduire. N. D. L. T.)

    " - Une femme devine cela tout de suite, dit John avec admiration. Je suis sûr qu'on pourrait cacher un wedding-cake dans l'endroit le plus invraisemblable, une femme le découvrirait tout de suite." Tu parles Charles, un homme aussi. "Oui, je l'ai pris chez le pâtissier.
    " - Et il pèse je ne saurais dire combien, au moins cent livres ! s'écria Dot, faisant de grands efforts pour le sortir. Pour qui est-il, John ?" Et on arrête là, sur cet étouffe-chrétien de 50k. Que de bavardages. Comme disait l'autre con, "Si j'avais su que c'était si bête, j'aurais amené les enfants." A vot'bon coeur Messieurs-Dames, Le grillon du foyer, de Charles Dickens.

  • La grande librairie

    Droite et brisée P.JPGQuand Péter Handke (obstinément prononcé "ande-queue") et Wim Wenders s'amènent dans la Grande Librairie, le respect s'invite. Effacées les deux gonzesses de service, toutes les deux maquillées à la Notombe. Carrière a quelque chose à dire. D.O.A. m'a paru sympa, plus décontracté, moins mannequin figé et pomponné que les autres. Mais son recours à l'actualité (Tuil, pareil) dérange. Nous n'aurions donc plus besoin du roman, car la réalité le dépasse de toute part. Le roman sera-t-il affaire de cartomanciennes ? (l'autre femme, plus vulgaire, qui fait le numéro du caniche ? avec des pirouettes de jeux de mots de redoublants de seconde ?) Alors,Handke, Wenders, Carrière (né en 1931, vraiment ? 85 ans, ce mec ? Incroyable), d'accord. Je suis vieux, je ne comprends plus que les vieux.

  • Le grillé du foyon

    Pied, touriste et guérite.JPG

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  • Sagesse et discussion

    2429.- Et quis homo esset, quilibet homo sit, cum sit homo ? ("Et qu'est-ce que l'homme, quel que soit cet homme, puisqu'il est homme ?")

    saint AUGUSTIN

    La station météorologique.JPG

    Confessions – IV I 1

    trad. Pierre de Labriolle

    2430.- L'unique bonheur est l'effort continu.

    Emile ZOLA – Les Rougon-Macquart – "Le Docteur Pascal" ch. IV

     

    2431.- L'effort doit trouver en soi sa récompense, l'œuvre étant toujours transitoire et restant quand même inachevée.

    Emile ZOLA

    Les Rougon-Macquart – Le Docteur Pascal ch. XII

     

    2432.- Et quant vous oyez dire que ung homme a prins une femme par force, croyez que ceste-femme-là luy a osté l'esperance de tous autres.

    Marguerite de NAVARRE

    L'Heptaméron – dans la bouche de Saffredent

     

    2433.- Dans une société saine, on ne devrait pas avoir besoin d'éducation sexuelle ; la question devrait être traitée librement, en famille, avant la période d'adolescence des enfants.

    A.S. NEILL

    La liberté, pas l'anarchie

    1. 5 "La sexualité" – "L'éducation sexuelle"

     

    1. - Après tout, qu'est-ce que la c[...] (?) offre ? La sécurité financière au prix de la stagnation mentale.
    2. ibid.
    3. 6 "L'influence sur l'enfant" – "La carrière future"

     

    2435 . - Il serait bon que les parents acquièrent quelque conscience de ce qu'ils sont réellement... des gens sous-développés et malheureux qui se drapent dans une autorité de mauvais goût qu'ils ne sont pas assez sage pour exercer comme il faut.

    1. Ibid.
    2. 7 "Problèmes de l'enfance" – "Les fessées"

    2436 . - Je suis sûr que toute l'histoire du complexe d'Œdipe n'aurait plus de raison d'être si les parents se conduisaient humainement avec leurs enfants. Les parents s'érigent en dieux de pacotille et veulent être craints, respectés, obéis ; comment s'étonner que la jeunesse devienne amère et se rebelle ? id. ibid. ch. 8 "Problèmes de l'adolescence" – "Le tabac"

     

    2437 . - Je soupçonne que ce qui vous tourmente le plus, c'est l'opinion de vos voisins et amis. Et je vous dis : au diable les voisins et les amis ! Si votre fille devient une femme malheureuse, ni les amis ni les voisins ne s'en soucieront et ne s'embarrasseront de son chagrin ou du vôtre. La moitié des enfants du monde sont sacrifiés à l'opinion des voisins.

    A.S. NEILL

    La liberté, pas l'anarchie

    1. 8 "Problèmes de l'adolescence" – "Le maquillage"

     

    1. - Seul un plébiscite des femmes mariées et célibataires devrait déterminer si l'on doit continuer à punir l'avortement comme un crime. Mais il est vrai que les femmes ont été si conditionnées elles aussi, que je pense que la majorité d'entre elles seraient contre l'avortement légal.
    2. ibid.
    3. 9 "Causes de tensions familiales" – "Les enfants adoptés"

     

    2439 . - Rien n'est plus fréquent dans l'histoire du monde que de voir des utopies devenir des réalités.

    Régine PERNOUD

    Pour en finir avec le Moyen Âge

    1. IV "Torpeur et barbarie"

     

     

    2440 . - Si l'on ne se rend pas compte de sa propre dépravation, cette inconscience est la pire de toutes les dépravations.

    Ronald LAING

    La politique de la famille - 2e partie -

    4.- "Régles et métarègles"

  • La femme de trente ans

     

    Meilleurs vœux à tous. Fröhlicher Rutsch ins neue Jahr. “La Femme de trente ans” de Balzac fera les frais de nos pensées. Bizarre; bizarre, d'aller ainsi déterrer, alors qu'il paraît tant de choses. Mais justement, il ne paraît rien, et Balzac est éternel. “La femme de trente ans” n'est pas l'histoire d'une femme qui renonce, c'est celle d'une femme à qui n'arrive que des malheurs, des super-tuiles, pour n'avoir su refréner ses passions. Que ce soit avec son père, son mari, son amant, ses enfants, elle ne peut qu'échouer. Tout est recommencement. Balzac inlassablement reprend une introduction, décrit les détails, lance une intrigue, se laisse aller aux échevèlements : on trouve un officier de l'Empereur, un pirate qui tue, une mère qui crève en roulant des yeux.

    Puis, passé le malheur, la mort ou la tempête, tout tourne court. Tout fonctionne par secousses électriques : un flash sur tel épisode, “dix années passèrent”, un flash sur tel autre, “cinq ans plus tard” - chacun de ces épisodes éclairs visant à démontrer la constance, l'acharnement de Dieu ou des lois naturelles à toujours punir de la même façon celle qui une fois s'est rebellée contre l'ordre providentiel. Le lecteur éprouve l'impression de kaléidoscope, dont la seule unité est le fort personnage de Julie d'Aiglemont, réincarnée dans sa fille. Contraste saisissant avec “Le Lys dans la vallée”, où Félix de Vandenesse béait aux pieds de sa Mortsauf ; le frère de ce Félix détruit le respect d'une fille envers sa mère.

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    Sa mère a dépassé trente ans depuis longtemps et meurt. Cela commence par une scène, de parade militaire. Tout est amoureusement décrit, la mécanique de la revue, le fringant de l'officier, le battement de cœur d'une fillette de seize ans qui serre convulsivement le bras de son père mourant. Tu veux cet officier ? Tu l'auras. Mais je prédis qu'il ne sait pas baiser, qu'il est toujours joyeux, toujours creux, toujours vide, la caricature du militaire. A présent débrouille-toi ma fille, ton destin est scellé, rue de Rivoli. Ton père mourra, tu lui échappes, il n'a rien pu t'inculquer, il fut sans défense devant ta beauté, ton œil noir et tes seins bandés.

    Comment Balzac a-t-il connu cela ? Il a été femme ; il a su les humeurs de ces êtres, bien plus lointains aux temps où tout les séparait de l'homme, où leur tribu n'était pas encore envahie par le sirop Teisseire. Elles étaient sensibles encore à l'uniforme. Elles faisaient des dialogues, et l'espoir brillait dans leurs yeux. Et les pères se tenaient discrètement en arrière. La tyrannie n'a existé que par à-coups. La bourgeoisie du cœur humain s'est toujours exprimée, les souffrances demeurent d'âge en âge, et Napoléon n'est guère lointain, et nous ne faisons plus de parades fascistes.

    Inoubliable premier tableau, sous le signe du pourpre ! Non, ce n'est pas une variété de pieuvre.

    VANDEKEEN “LUMIERES, LUMIERES”

    BALZAC “LA FEMME DE TRENTE ANS” 41 01 04 II

     

     

     

    Nous divaguons sur “La Femme de trente ans” de Balzac. Nous feuilletons les pages, nous états-second/s. En ce temps-là, nous avions des lanciers polonais, nous bousculions toute l'Europe. La musique frémissait, le silence lui-même retentissait de gloire. Et nom de Dieu, c'est comme si nous étions là, juste avant que l'Empereur, ce con envoyé par nous-mêmes, ne se ruât sur la Russie, sur une proie trop grosse pour son ventre grassouillet. Sinistres auspices, ô petite reine de seize ans ! Irons-nous beaucoup plus loin ? Lisons :

    “Cet officier montait un superbe cheval noir, et se faisait distinguer, au sein de cette multitude chamarrée, par le bel uniforme bleu de ciel des officiers d'ordonnance de l'empereur. Ses broderies pétillaient si vivement au soleil, et l'aigrette de son schako étroit et long en recevait de si fortes lueurs, que les spectateurs durent le comparer à un feu follet, à une âme invisible chargée par l'empereur d'animer, de conduire ces bataillons dont les armes ondoyantes jetaient des flammes, quand, sur un seul signe de ses yeux, ils se brisaient, se rassemblaient, tournoyaient comme les ondes d'un gouffre, ou passaient devant lui comme ces lames longues, droites et hautes que l'Océan courroucé dirige sur ses rivages.”

    Voilà une description de l'homme qui plaît. Bizarre : l'aspect n'est que le reflet de l'âme et des capacités. Nous jugeons encore sur la mine. “Que si un homme me présente un côté crétin, puès, approchons-le par ce côté.” La mine est un miroir de l'homme. Quitte à l'approfondir. Et de ce père qui entraîne sa trop jeune fille, de cette fillette enamourée à l'excès, nous savons qui désormais incarne le pressentiment bien fondé de la vieillesse. Le ver est dans le fruit. Le fruit sera rongé. L'homme qui souffre a raison face au dédain des jeunes personnes, qui voient mourir sans un regret l'encombrant rejeton des générations précédentes.

    C'est la même histoire de puis Molière, et nul gendre futur ne trouve grâce aux yeux du père. Et puis voilà. Saute dans le temps. Nous voici, forcément, au milieu de la Touraine, et vogue pour une autre description, pour un autre début de roman. Un amant rôde, nous sommes à la campagne, la femme fut abandonnée. Notre titillation romanesque se met en branle, ce qu'avait dit le père se vérifie. Le roman mal bâti ? Plusieurs départs ? Qu'importe ! Nous voulons la misère du monde, nous voulons être flattés, nous le serons, nous l'aurons. Roule, Balzac. Décris-nosu Vouvray.

    Sois hors sujet. Prouve-nous que tout est dans le sujet, que tout s'y ramène. Digresse et charme-nous. L'homme n'a pas encore trompé sa femme. Mais tout y mène. La femme est mal baisée, c'est un début. Elle reste insensible aux charmes de la Touraine : mauvais signe. Et puis, entre temps, voyez-vous, l'Empire s'est écroulé.

    Ces Anglais sont partout, beaux, jeunes, blonds, le teint rose. Et les destinées suivent, cahin-caha. Rien à voir avec la France de Balladur. Des choses changent – en ce temps-là, parfois, les choses changeaient. Des hommes passaient, d'autres étaient jaloux d'eux.

    Ils étaient militaires. Les mèches partaient vite. On se battait encore pour des femmes. On montait à cheval. C'était le romantisme. La vie n'était pas confisquée par Poivre d'Arvor. Il y avait encore des restes de Louis XVI. Toutes les époques s'étaient mêlées. Vous en apprendrez plus sur l'histoire de votre pays en lisant les romans. Et les vieux une fois de plus savaient tout. Reviendra-t-on aux temps de l'ordre ? Entre la tante du militaire et la jeune femme du militaire vont se nouer les liens d'une amitié de mère à fille qui toujours émerveillent chez ce gros homme, Balzac; le même qui voulait faire fortune en cultivant des ananas en plein Paris, le même connaissait les âmes des femmes.

    C'est la Comtesse de Berny qui lui a tout dit. Que c'est étrange, un homme qui n'est pas misogyne. Ça existait donc ? Et la vieille apprivoise la jeune. En ce temps-là, les romans traitaient de psychologie. Tout vous était expliqué, il n'y avait pas de revolver, et l'on se disait : Oui, c'est bien cela, c'est bien ainsi que les choses se passent dans l'âme. Des âmes toutes feutrées, à qui l'on n'avait pas fait croire qu'elles pouvaient être violentes gratuitement, ou quoi que ce fût gratuitement. Il y avait dans les romans des crépuscules, des femmes au bord de la fenêtre, et des cavaliers qui passaient dans l'ombre.