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Livre

  • LES PREMIERES CITATIONS

     

                                          
                        
                        
                            197.    Oh ! La route est amère
                                    Depuis que l'autre Dieu nous attelle à						à                                                    sa croix ;
                                    Chair, Marbre, Fleur, Vénus, c'est en
                                                         toi que je crois.
                        
                                              RIMBAUD
                                         "Soleil et Chair"
                        
                        
                            198.    Nous ne sommes pas au monde. La vraie
                        vie est absente.
                        
                                                id.
                        
                        
                        
                            199.    Difficultés du rapport chrétien
                        d'homme à femme...

    femme,chrétien,romains

    
                        
                                            Y. BONNEFOY
                                      "Rimbaud par lui-même"
                        
                        
                        
                            200.    Cette vie d'illusions, de cruels
                        renouveaux, cet ENFER.
                        
                                             id. ibid.
                        
                                           
                        
                        
                            201.    Qui n'a pas été vraiment aimé, ne peut
                        se résigner à mourir.
                        
                                            Y. BONNEFOY
                                      "Rimbaud par lui-m^eme"
                        
                        
                        
                            202.    Toute conscience de soi, d‚couvrant …
                        l'homme son impuissance, l'oblige au m‚pris de
                        soi.
                        
                                             id. ibid.
                        
                        
                        
                            203.    (La sexualit‚), qui aurait pu ^etre le
                        rythme même de la participation au réel, 		ici,
                        sous le signe de l'interdit, elle ne 			produit plus
                        que le VICE.
                        
                                             id. ibid.
                         204.    Déployez votre esprit, mais ne 	servez pas
                        d'amusement aux autres ; car sachez bien 	que, si
                        votre supériorité froisse un homme 	médiocre, il se
                        taira, puis dira de vous : "Il est très 	amusant!"
                        terme de m&pris.
                                              BALZAC
                                      "Le Lys dans la Vallée"
                        
                        
                      
                        
                        
                            2O5.    Les slips "Kangourou" sont à 	la portée
                        de toutes les bourses...
                        
                                               X...
                        
                        
                        
                            206.    Le doute travaille en ce 	moment la
                        France. Après avoir perdu le gouvernement
                        politique du monde, le catholicisme en 	perd le
                        gouvernement moral. Rome Catholique mettra
                        toutefois autant de temps … tomber qu'en a mis
                        Rome panth‚iste. Quelle forme rev^etira le
                        sentiment religieux ? Quelle en sera l'expression
                        nouvelle ? La r‚ponse est un secret de l'avenir.
                        
                                              BALZAC
                                    Pr‚face au "Livre Mystique"
                        
                        
                        
                           207.    ..."Mat‚rialit‚ de la pens‚e, et son
                        ‚nergie magn‚tique... (Les) id‚es ont une vie
                        propre par elles-m^emes... Elles vivent aussi en
                        dehors... Le fluide nerveux qui se d‚gage du
                        cerveau, et qu'on appelle vulgairement la volont‚,
                        est une force dont le m‚canisme n'est pas encore
                        connu, ni le potentiel ‚valu‚, ni l'utilisation
                        appliqu‚e... La t‚l‚pathie, la clairevue, le
                        
                                     
                        
                        
                        somnambulisme... ; les extases..., sont 	des
                        ph‚nomŠnes produits par une projection de fluide.
                        C'est ainsi que s'expliquent les miracles par
                        attouchement ou … distance, op‚r‚s par J‚sus et
                        par ses ap^otres. En d‚terminant les rapports
                        qualitatifs et quantitatifs de la pens‚e avec la
                        volont‚, les physiologues arriveront … des
                        r‚sultats de plus en plus surprenants. Ils
                        trouveront les moyens d'explorer la zone subtile
                        de la pens‚e et du sentiment. Les hommes exerc‚s
                        en viendront … communiquer d'esprit … esprit ; …
                        voir, … lire dans les cerveaux sans recourir aux
                        sens charnels."
                        
                                           Ph. BERTHAULT
                                             "Balzac"
                        XXX 63 9 9 XXX
                        
                        
                            208.    Les hommes n'admettent guŠre,
                        peut-^etre avec raison, la vertu des femmes
                        ind‚pendantes. 
                        
                                            MAUPASSANT
                                        "Notre Coeur" p. 15
                        
                        
                        
                        
                        
                        
                        
                        
                            209.    Rien n' (est) plus difficile 	que de
                        rendre heureux un homme qui se sent fautif.
                        
                                              BALZAC
                                      "Le Lys dans la Vall‚e"
                        
                        
                        
                            210.    Il ne suffit pas d'^etre un homme, il
                        faut ^etre un systŠme.
                        
                                                id.
                        
                        
                        
                            211.    Cr‚er, toujours cr‚er ! Dieu n'a cr‚‚
                        que pendant six jours ! 
                        
                                               idem
                        
                        
                        
                            212.    Hoc est vivere bis,
                                    vita posse priore frui.
                        
                                              MARTIAL
                                           "Epigrammes"
                                            X, XXIII, 7
                        
                        
                        
                        	
                        
                            213.    La haine n'est pas le 		contraire de
                        l'amour, c'est son autre visage.
                        
                                             P. HERIAT
                        
                        
                        
                            214.    L'homme est un bouffon qui danse sur
                        un pr‚cipice.
                        
                                              BALZAC
                        
                        
                        
                            215.    Qu'a faict l'action genitale aux
                        hommes, si naturelle, si necessaire et si juste,
                        pour n'en oser parler sans vergongne, ... ? Nous
                        pronon‡ons hardiment : tuer, desrober, trahir ; et
                        cela, nous n'oserions qu'entre les dents ?
                        
                                             MONTAIGNE
                                       "Essais" L. III ch. X
                        
                        
                        
                            216.    Comme le coeur d‚borde de pouvoir
                        consoler l'innocent … qui l'on a fait du mal !
                        
                               LAUTREAMONT - Ier chant de "Maldoror"
                        
                    	
                        
                        
                            217.    Abstineas avidas, Mors, modo, 			nigra,  
                                                                  manus.
                        
                                              TIBULLE
                                               I, 3
                        
                        
                        
                            218.    A mesure qu'on a plus d'esprit, on
                        trouve qu'il y a plus d'hommes originaux. Les gens
                        du commun ne trouvent point de diff‚rence entre
                        les hommes.
                        
                                              PASCAL
                                       Pr‚face aux "Pens‚es"
                        
                        
                        
                            219.    L'homme compte passer les trois-quarts
                        de sa vie … souffrir pour se reposer le 4Š quart ;
                        et, le plus souvent, il crŠve de misŠre sans plus
                        savoir o— il en est de son plan ! 
                        
                                         Lettre de RIMBAUD
                                           6 - 1 - 1886
                        
                        
                        
                        
                        
                        
                   	
                        
                        
                            220.    Ton esprit est tellement 	malade que tu
                        ne t'en aper‡ois, et que tu crois ^etre dans ton
                        naturel, chaque fois qu'il sort de ta bouche des
                        paroles insens‚es, quoique pleines d'une infernale
                        grandeur.
                        
                                            LAUTREAMONT
                                      Ier chant de "Maldoror"
                        
                        
                        
                            221.    Les analyses d'hommes homosexuels
                        montrent toujours qu'ils ont peur des organes
                        g‚nitaux f‚minins, ...instruments de castration
                        capables de mordre ou de d‚chirer le p‚nis.
                        
                            (les h‚t‚rosexuels aussi, disait idem ibidem)
                                            Dr A. BERG
                           "Les problŠmes de l'homosexualit‚", 2Š partie
                        
                        
                        
                            222. Le m‚rite d'un roman n'est pas dans
                        l'intrigue.
                        
                                          Abb‚ BERTHAULT
                                             "Balzac"
                        
                        
                        
                        
                       	
                        
                        
                            223.    Sentir des élans de tendresse, des
                        palpitements d'amour, mais ne jamais savoir si on
                        les ressent avec vous ! 
                        
                                               ZOLA
                                     Lettre, … 20 ans environ
                        
                        
                        
                            224.    Lorsque je jette un regard …
                        l'horizon, je me vois seul ; rien ne m'attache …
                        la vie, ni haine, ni amour. Je me demande avec
                        angoisse si je n'ai pas de coeur, si le ciel m'a
                        fait misérable,si je ne suis qu'un tas de boue
                        incapable de briller.
                        
                                                id.
                                         Lettre … Braille
                        
                        
                        
                            225.    Je me battrais vraiment, si j'en
                        valais la peine.
                        
                                               ZOLA
                        
                        
                        
                        
                        
                        
                       
                        
                        
                        
                            226.    Une peur de lui-même insurmontable le
                        paralyse. Il n'agit pas, dans la crainte de
                        l'‚chec. Il manque de hardiesse et de courage ; il
                        pr‚fŠre la r^everie qui lui donne, … bon compte,
                        et sans risque, une ébauche de ce qu'il
                        d‚sire...... C'est un vieux garçon, un père
                        tranquille, un ennemi de toute complication... Il
                        renonce à modifier ses habitudes) par une sorte
                        de paresse mêlée
                        d'appréhension..............................
                        Il a la hantise du ridicule, la constante
                        inquiétude de ce que l'on pense de lui.
                        
                                             CASTELNAU
                                              "Zola"
                        
                        
                        
                            227.    On retrouve son étonnante obstination,
                        sa merveilleuse foi dans sa destinée. Il pose
                        orgueilleusement sa devise : "Tout ou rien", et,
                        durant sa vie entière, sans lassitude apparente,
                        sans relâche, il s'élèvera sans cesse, visant
                        toujours plus haut.
                        
                                             id. ibid.
                        
                        
                        
                        
                        
                        
                      
                        
                            228.    Il y a là quelque chose de sublime à
                        trouver. Quoi, je l'ignore encore. Je sens
                        confus‚ment qu'une grande figure s'agite dans
                        l'ombre, mais je ne puis saisir ses traits. 
                        
                                               ZOLA
                        
                        
                        
                            229.    Il n'y a point d'homme condamnable,
                        qui, au milieu de tout le mal qu'il a pu faire,
                        n'ait encore fait beaucoup de bien. 
                        
                                                id.
                                            "L'Argent"
                        
                        
                        
                            230.    La conduite de Dieu, qui dispose
                        toutes choses avec douceur, est de mettre la
                        religion dans l'esprit par les raisons, et dans le
                        coeur par la gr^ace. Mais de la vouloir mettre
                        dans l'esprit et dans le coeur par la force et par
                        les menaces, ce n'est pas y mettre la religion,
                        mais la terreur.
                        
                                              PASCAL
                                             Pens‚e 9
                                           Ed. Chevalier
                        
                        
                      88
                        
                        
                        
                            231.    Qu'est-ce qu'un homme dans l'infini ? 
                        
                                              PASCAL
                                             Pensée 84
                                          ‚d. Chevalier.
                        
                        
                        
                            232. Il est bien plus ais‚ d'accuser l'un
                        sexe, que d'excuser l'autre.
                        
                                             MONTAIGNE
                                     "Essais" L. III ch. V fin
                        
                        
                        
                            233.    L'homme est ainsi fait, qu'… force de
                        lui dire qu'il est un sot, il le croit ; et …
                        force de se le dire … soi-m^eme, on se le fait
                        croire.
                        
                                              PASCAL
                                            Pens‚e 102
                        
                        
                        
                            234.    Tout arrive et rien n'arrive. Autant
                        rester les bras crois‚s. 
                                    ZOLA "Au Bonheur des Dames"
                        
                        
                      
                        
                        
                        
                            235.    Les Thébains avaient le r‚giment des
                        amants : beau r‚giment ! quelques-uns l'ont pris
                        pour un r‚giment de sodomites ; ils se trompent ;
                        c'est prendre l'accessoire pour le principal. 
                        
                                             VOLTAIRE
                                   "Dictionnaire philosophique"
                                             "Amiti‚"
                        
                        
                        
                            236.    (l'Amour)... "c'est l'‚toffe 			de la
                        nature que l'imagination a brod‚e."
                        
                                             id. ibid.
                                              "Amour"
                        
                        237.    La nature de l'homme est tout naturel:
                        "omne animal".
                        
                                              PASCAL
                                         p. 121 Chevalier
                            238.    Etait-ce donc si b^ete, l'amour ?
                        Quoi! Ce gar‡on qui avait tout un bonheur sous la
                        main, et qui g^atait sa vie, et qui adorait une
                        gueuse comme un saint-sacrement ! 
                        
                                               ZOLA
                                   "Au Bonheur des Dames" ch. V
                        
                        
                        
                        
                           
                        
  • Un petit coup de Nietzsche

     

     

     

     

     

     

     

    NIETZSCHE « LE GAI SAVOIR »

     

     

     

    ...goût de l'égalité et de la soumission qui a dû régner dans l'âme de tous leurs

    constructeurs. Mais ici, à chaque tournant, c'est un nouvel homme qu'on rencontre,

    un homme qui sait la mer, l'aventure, l'Orient, un homme qu'impatiente comme une

    sorte d'ennui la loi, le voisin, et qui mesure d'un œil d'envie tout ce qui est vieux, tout

    ce qui est déjà bâti. Il voudrait, du moins en pensée (ingénieuse rouerie de

    l'imagination, reconstruire à neuf tout cela, y mettre sa main, son esprit, ne fût-ce que

    pour cet instant d'un après-midi de soleil où son âme insatisfaite et mélancolique

     

    éprouve une fois l'atteinte de la satiété, et où son œil ne doit plus voir que des choses qui lui appar-

     

    tiennent à l'exclusion de tout élément étranger ».

     

    Et le chapitre 292 s'intitule Aux prêcheurs de morale ».

    Friedrich,pouvoir,Zarathoustra

     

    Nous le voyons, c'est un mélange, où l'on trouve aussi bien des considérations sur les

     

    reconstitutions de mentalités historiques, des considérations sur les climats et la sociologie, que

     

    des nostalgies d'architectures du passé, ou des cris de révolte. Tout ce mélange agaçant qui

     

    constitue Nietzsche. Ainsi, sur « le poids » :

     

    « ...Ne te jetterais-tu pas à terre, grinçant des dents et maudissant le démon ? À moins que

     

    tu n'aies déjà vécu un instant prodigieux où tu lui répondrais : « Tu es un dieu ; je n'ai jamais ouï

     

    nulle parole aussi divine ! »

     

    « Si cette pensée prenait barre sur toi, elle te transformerait peut-être, et peut-être t'anéanti-

     

    rait ; tu te demanderais à propos de tout : « Veux-tu cela ? le reveux-tu ? une fois ? toujours ? à

     

    l'infini ? » et cette question pèserait sur toi d'un poids décisif et terrible ! Ou alors, ah ! comme il

     

    faudrait que tu l'aimes toi-même et que tu aimes la vie pour ne plus désirer autre chose que cette

     

    suprême et éternelle confirmation ! « 

     

    Et le chapitre suivant porte le titre « Incipit tragoedia »,

     

     

  • La fille de Panama

    "Au bout de ce voyage, il y aurait la fortune. Le sentiment du devoir de réussite et une fierté nouvelle lui firent dire :

    «  - Après Panama, nous voyagerons toujours en première classe.

    «  Il y avait tant de certitude dans sa voix que Lisa et Michèle ne doutèrent plus de leur heureuse destinée. Dès cet instant, elles mirent en œuvre les moyens qui les rendraient victorieuses. »

    Mais la vie sépare ceux qui s'aiment / Tout doucement, sans faire de bruit.

    Souvenons-nous des deux copains de classe qui se retrouvent vingt ans après Place des Grands Hommes : « Oh moi ça va, j'ai une femme, trois enfants, deux maîtresses, un château, quatre appartements aux States et un yacht à Biarritz, et toi ? - Moi ? Je t'emmerde. » Pour l'instant, tout va bien. Une ligne est sautée dans la page.

    Amérique,Vespucci,tralala

    « Le miracle s'était produit. Charles avait cessé de boire dès que Michèle lui avait remis son billet. Il s'était senti soudain responsable de la petite équipe qui s'apprêtait à conquérir l'Amérique centrale et ce fut lui qui donna l'idée d'acheter à bas prix des marchandises fabriquées à Marseille pour les revendre au plus cher à Colón. Mais cette initiative avait été fort mal acceptée par Lisa et Louise, malgré les arguments de Michèle. Alors, pour prouver sa bonne foi, Charles avait vendu la totalité de ses costumes, sa collection de statuettes en biscuit de Saxe et plus de deux cents bouteilles de vins fameux afin d'investir de l'argent au nom de ces trois associées en jupons. Il avait encore ses entrées dans certains milieux, car bon nombre de patrons, de commerçants et de courtiers ne connaissaient pas sa nouvelle situation de déchu. » Balzac, Zola, Charlie Chaplin (L'émigrant, court-métrage, 1917).

    Poursuivons : « Toutes les portes n'étaient pas fermées et il savait négocier au rabais.

    «  Ce jour-là, Charles voulut se prouver qu'il était redevenu ce bon garçon qui faisait la fierté du quartier où il était né. Il se rendit à l'église de Saint-Barnabé. » Va-t-il redevenir puceau ? tout arrive en Amérique, même centrale. Pour l'instant, personne n'est embarqué. « Il y avait été baptisé, il y avait reçu la communion, baisé la bague de l'évêque » (celle du haut) « et promis d'être un bon chrétien. En pénétrant dans la nef, il revit des images fortes ; il revit le cercueil de sa mère adorée sous la croisée des pierres noircies par la fumée des cierges ; il revit ses sœurs pleurer et il se reconnut, lui, jurant tout bas qu'il ne croyait plus à rien. Il se remémora ce triste jour où il avait pris le mauvais chemin. »

    Et je ne suis même pas sûr du second degré. Vous lirez, sans mes commentaires ce qui vaudra mieux, La fille de Panamá, qui fait partie d'une série plus longue, par Jean-Michel Thibaux, et vous vous laisserez entraîner par cette histoire bien connue mais toujours renouvelée. Chez « Presses de la Cité ». Hasta luego, muchachos .

  • L'or de la terre, de Clavel

    Chers lecteurs, nous vous avions entretenus naguère de Harricana par Bernard Clavel, premier volet d'une saga intitulée "Le Royaume du Nord". Après le premier vient le deuxième, pas de surprise, il s'agit de "L'Or de la terre", excellent titre laissant entrevoir des visions de puissance.

    Cimetière marin d'Ajaccio P.JPG

    Nous n'y retrouvons que très incidemment les héros du premier volume, installés dans un bourg qu'ils ont fondé, qui s'est agrandi. Non : dès le début est mis en scène un couple d'hommes, de qualités différentes, le mûr, plein d'expérience, et le cadet, apeuré mais désireux d'apprendre.

    Or, c'est le cas de le dire, ces deux explorateurs sont à la quête du métal précieux. Ils prospectent dans une île au milieu d'un lac, loin de tout, et détectent le minerai sans prix. La même histoire, en somme, recommence : la construction d'un pays, grâce aux volontés de risque-tout.

    Après les agriculteurs reconvertis au commerce, voici les chercheurs de la fameuse ruée vers l'or, référencés à Jack London que je lus fort longtemps auparavant, à Charlie Chaplin qui traita ce sujet avec sa bouffonnerie grave inimitable, à Curwood et à maints autres. Sujet bateau donc, mais toujours nouveau pour nous autres Européens pantouflards, je parle pour moi.

    L'astuce pour un découvreur de mine est de résister à tous ceux qui veulent lui acheter sa concession à vil prix pour en tirer ensuite des bénéfices juteux qui passent sous le nez du précédent propriétaire comme un vulgaire immeuble de rapport de la rue David-Johnston.

    Il y faut de la volonté, de l'huile de coude, de la brutalité ; de la finesse face aux accapareurs, du discernement dans le choix de ses équipes, du doigté dans le maniement de ces hommes, de l'autorité assise sur la chance donc du flair. Il y faut aussi l'art de la bonne entente face aux dissensions toujours présentes. L'auteur sait toujours mêler avec une surprise sans égale concernant son art de composer les chapitres instructifs et les chapitres narratifs. Il fait revivre chaque personnage au sein d'une structure historique exactement documentée, brosse de grands tableaux de foule et de comportements collectifs, sait aiguiser les antagonisme et varier les dénouements de crises partielles. Puis tout s'ordonne autour d'une idée morale : quand il y a trop de personnes dan sun certain endroit, trop de chercheurs et de creuseurs aux seuils de moralité diversement élevés, des frictions se produisent. Le "placer" - entendez le gisement - de nos héros est situé sur une île au milieu d'un lac, et sur la rive s'est créé un bourg attiré par la richesse comme un tas de mouches humaines par le miel bien doré. Mais survient un homme orchestre diabolique de bonne humeur, qui ouvre un bordel, qui vend des boissons, bref, qui se fait sa petite place sur le grouillement fasciné. Bagarres, crises d'autoritarismes face aux révoltes, couvaison très habilement menée de quelque gros malheur à venir.

    Pourquoi ne pas le dire, il faudra que le découvreur, promu grand patron bien riche, force ses hommes à creuser encore et toujours et fort maladroitement, pour que la catastrophe minière se produise. L'habileté de l'écrivain consiste alors à doser le sentiment de montée des périls et d'inéluctabilité avec une espèce de suspens vain, puisque tout a été mis en place pour éclater : le lecteur serait déçu que cet orgasme cataclysmique ait été si minutieusement préparé pour ne pas éclater.

    Ici deux points de référence encore, puisque Bernard Clavel oeuvre dans le connu- inconnu : suffisamment de points de repère pour ne pas effaroucher le lecteur ( un ouvrage sur les bobines de fil en Colombie risque de trouver un public des plus restreints), mais suffisamment d'inconnu aussi (le genre de sujet sur lequel on croit savoir déjà quelque chose, mais sur lequel il reste encore beaucoup à apprendre) - pour éviter toute impression de déjà vu.

    Quant à la catastrophe minière, elle ressortit aux scénarios de gros malheurs qui totalisent de confortables audiences. Et dans ce cas précis, l'on peut se rapporter à Zola, dans Germinal, dont nous sommes relativement éloignés vu le caractère non pas anecdotique à proprement parler de la revendication ouvrière mais particulier - Bernard Clavel traitant plus de l'affrontement de personnalités que de conflits véritablement traités sous l'angle socialisant globalisateur , mais aussi et surtout à un roman social devenu pour enfants, Sans famille.

    Et là, Bernard Clavel, le mythe en moins, réussit à capter le filon de la littérature populaire - je dis le mythe en moins car nous ne lisons plus aussi religieusement qu'autrefois, et les enfants ne lisent plus du tout.

    Cependant ceux que leurs parents sont parvenus à faire lire ( c'est d'ailleurs plus une question de destinée, y compris celle de notre civilisation, que d'éducation) lisent du Bernard Clavel. L'adulte sera passionné.

  • De Silbermann à Du Bellay

    Cette approche pudique de l'amitié entre jeunes gens, fondée aussi bien sur le charme réciproque, n'est pas absente non plus de cet ouvrage de Jacques de Lacretelle, Silbermann, dont je vous recommande les charmes précis2ment faisandés. Les garçons vont donc pouvoir s'aimer d'amour tendre, sans aucune sensualité, ou du moins, de bon ton. Il est bien connu chez les hideux polémistes de la fin du XIXe siècle que “les juifs sont une race sensuelle”, ah que pouah bien entendu. Il faudra donc que vous fassiez toutes les corrections nécessaires, dont je vous ai indiqué quelques-unes. À la semaine prochaine.

     

     

    Sur le coude 25 01 14 dga.JPG

    Voici bien longtemps que nous n'étions pas retournés à nos anciennes amours : Du Bellay, depuis 2042 exactement. Nous avions parlé alors des Antiquités de Rome. Cette fois-ci, j'ai sous les yeux un recueil de poésies, ainsi intitulé, Poésies, contenant outre Les antiquités les Regrets et la Défense et illustration de la langue française. Livre de poche n° 2229, au temps où cette collection ne se contentait pas de publier n'importe quoi qui eût dépassé les 30 000 exemplaires. Du Bellay donc, premières amours, expliquons-nous : chacun de ceux qui ont poussé tant soit peu leurs études ont rencontré tôt ou tard au détour de leur itinéraire les poésies de Du Bellay, surtout les Regrets.

    Ils ont ânonné Heureux qui comme Ulysse..., au moins, même en cinquième des professeurs zélés ne reculent pas devant ce poème obligatoire. Notre professeur de seconde s'appelait Capoulade. Il dictait ses cours, et se trouvait universellement détesté. Il prononçait “Joachein”, il paraît qu'ainsi prononçait-on dans le temps. Mais je fus sans rancune : je me retrouvai toujours avec plaisir dans ce grand frère, Du Bellay, mort avant 40 ans un premier janvier à sa table de travail d'une crise cardiaque. Tant il avait subi d'avanies, tant il avait vécu intensément, non pas dans l'agitation externe, encore qu'il fût secrétaire à Rome, mais dans sa tête en feu. Il croyait passionément en la poésie : très tôt il avait composé L'Olive, où maints exégètes ont cru retrouver telle ou telle femme, alors qu'il s'agit vraisemblablement d'exercices de rhétorique amoureuse adressés à une Muse, à une femme idéale.

    Puis il est parti dans les bagages de son illustre parent, le cardinal Du Bellay, afin de remplir au Vatican les fonctions de secrétaire d'ambassade, grâce à sa bonne connaissance de l'italien et du latin. Or il détestait cela : les manières de cour, les hypocrisies, les devises du genre de Machiavel : “Hais comme devant un jour aimer, aime comme devant un jour haïr”. Tout cela répugnait à sa nature droite, ainsi que les comptes à tenir, les largesses à distribuer au nom de son maître afin de corrompre, les soucis d'intendance à endosser : le poète souffait mille martyres. Et surtout, il endurait les peines de l'exil. Doré ou non, il ne lui apportait que soupirs et lamentations. Il préférait son “petit Liré”, qui est un village à l'est de Nantes, au “Mont Palatin”.

    Et pendant son absence, des cousins procéduriers tentaient de lui arracher par des procès son petit domaine. Les Regrets exposent donc cette douloureuse situation, mais aussi décrivent avec une bonne verve satirique les mœurs de ces Monsignori, plus préoccupés de richesses, d'intrigues et de femmes légères que de religion.