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Le Singe Vert - Page 44

  • Les Pathétiques

    Aussitôt, elle éloigne sa jambe. Comment peut-elle croire que je la désire ? elle attend "l'homme de sa vie" ! Touchant. Elle me plaît, sans me plaire. Il faut toujours que la conversation s'échauffe, deux bons quarts d'heure, avant que l'approfondissement ne vienne. Alors, oui, nous pouvons échanger, sur Dieu ou le bien-être, ou l'une de ses nombreuses connaissances, souvent très âgées, à qui toujours il arrive des aventures extraordinaires et des malheurs passant le commun. Qu'est-ce qu'une amitié ? Rencontre-t-on ses amis au petit bonheur dans sa vie ? Les avons-nous, nous ont-ils véritablement choisis ?
        Quelles relations entretient-elle avec Albergouine, malgache envoûtante que sotte ? Pourquoi le petit amour d'Albergouine,  ce petit juif sec et noiraud, trimballe-t-il toujours avec lui son infect matou galeux ? Portraits, portraits... il n'y aura donc pas d'intrigue ? Peut-on écrire autrement qu'en dénigrant ceux que l'on a connus ?

    LE PASSE DE Benoît
        Sa femme un jour et sa belle-mère se sont jetées ensemble par la fenêtre, dans un accès de dépression. Quel esprit survivrait à telle catastrophe ? On fait passer cela pour un accident de voiture. Ce qui s'appelle deux cadavres dans le même placard. Mais la fille, nommée "République", sait qu'on lui ment. Quelque part, elle sait. Jamais que je sache elle ne s'est renseignée sur ce fait-divers. Il devrait bien en subsister quelques traces dans les journaux. Bientôt elle mettra au monde un petit métis, bientôt elle reviendra chez son père Jean-Benoît, avec Nelson son amant de Guyane. Alors une femme, une mère, occupera les lieux-d'en-bas, et leur redonnera éclat et propreté.

    Alignements.JPG


        Benoît fut cinq fois père. Il ne revoit pas ses enfants. La famille adverse veille, du haut de son témoignage de Jéhovah. Il n'y a pas que les musulmans et les juifs à être cons. Cette vision familiale reste pour moi très brumeuse. Dès qu'on me les éclaircira, j'en ferai part ici. Jean-Benoît, ayant ouï-dire par moi-même (quelle imprudence) que j'écrivais sur lui, serait curieux d'en apprendre davantage. Mais rarissimes sont les amateurs de littérature, qui savent l'inanité de certains reproches : "Tu m'as caricaturé, tu n'a pas le droit d'écrire cela de moi, de nous. Tout est inexact, tout est faux, et je t'attaque en justice". Quelle importance de se reconnaitre, ou que les proches vous reconnaissent : qui êtes-vous, pour vous estimer si importants ?
        Ceux qui liront cette histoire se soucieront-ils des modèles, réels ou supposés ? Ha ! les petits importants, dressés sur leurs ergots ! Ce sont les mêmes qui refusent de voir leurs têtes sur les sites informatiques. Ô ineffables poussières ! Jean-Benoît me remet en main propre une autobiographie abrégée sur trois pages. Elle insiste sur tout ce que la musique a pu lui apporter. Et passe sous silence les aspects névrotiques de sa vie, les seuls qui m'importent. Jean-Benoît le dit, cela ne saurait intéresser quiconque. Il ne se rend pas compte de la détresse de ses propres toiles. Il aligne, en réalité, d'ingénieux exercices dépourvus de toute émotion transmise.

  • J'en rêve de ces trucs, j'te jure...

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        C'était un musicien, presque aveugle, au regard tordu. Il s'habillait avec soin, sous sa barbe volontaire. Il avait emménagé dans ce logement de la rue de Pessac, avec un ami, en tout bien tout honneur. "Comment vous rejoindre ?" Un troisième homme les recherchait... Mon musicien vivait avec la belle et conne Charlotte : c'est surtout elle que j'avais envie de rejoindre. Mais il faut soigneusement cacher cela ! Donc me voici, sur indications de ce troisième homme, fourré dans une voiture en stationnement, au sommet d'une colline en pleine ville, en bordure d'un immense carrefour : directions "Jaurès", "Péguy", que sais-je... et démerdez-vous !
        Le démarreur émet des bruits d'agonie, l'échappement de grosses fumées, une pétarade, et le véhicule s'ébranle. Vétuste, mais miraculeusement pourvu d'un système GPS qui me mène sur des rails jusqu'à destination. C'est une ville vaste et sauvage, tout m'y est inconnu. Tant on a construit, tant on a détruit :
    cette profonde trouée, progressivement élargie entre les immeubles. Tout est méconnaissable. Pourtant c'est bien Bordeaux, où je me suis malgré moi incrusté comme une huître. Et l'adresse, dont "le troisième homme" et moi nous souvenions, n'est plus la bonne de puis longtemps : l'employé d'une agence immobilière où je me renseigne en désespoir de cause me reçoit les bras croisés avec aplomb :
         "Comment ?" me déclare cet individu, exact sosie d'Alain Delon : "Vous ne saviez donc pas que c'est moi, et non pas un autre, qui lui ai vendu le domicile où il réside actuellement ?" - ma foi nom, comment l'aurais-je appris ? mais c'est qu'il se foutrait de moi, ce suffisant ! ...gonflé comme un crapaud qui fume ! Et bien installé : son bureau, garni de baies vitrées sur quatre côtés, domine tout le quartier de cette ville devenue décidément bien montueuse, et tout en me parlant, il fait négligemment tourner du bout des doigts un vaste globe à l'ancienne digne du Dictateur de Chaplin. Il est ma foi impossible que Bordeaux, bien plate, soit devenue à ce point accidentée, au point que les rues ne font que monter et redescendre. Le trou dans le plafond.JPG
        La seule explication serait que par la trouée d'immeubles de tout à l'heure je sois parvenu, par "une faille dans l'espace-temps" selon la formule consacrée, dans une ville telle que Liège, ou Bruxelles, "peu propice au flâneur" disait déjà Charles Baudelaire...
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    Après tout je me fous bien de ce musicien, de sa femme et de son colocataire : toute cette engeance doit bien avoir vieilli autant que moi. Qu'importe aussi la ville où je me retrouve. A présent je m'y sens à mon aise. J'y ai retrouvé sans peine le studio d'où tous les vendredis je suis autorisé à émettre une émission radiophonique. Alors, comme c'est aujourd'hui vendredi, que tout est soigneusement préparé, là, dans ma petite mallette, je fais mon émission, tout seul, comme d'habitude. Redescendu de mon studio, je tombe sur une admiratrice inconnue - quel beau métier ! - qui me félicite, non seulement pour cette émission, mais pour celles qui l'ont précédée !
        De quoi en vérité l'entraîner sans trop de protestations à l'intérieur du bâtiment, grande, rose et bien en chair, pour l'embrasser sur la bouche; même, je conduis ses doigts glacés par l'ouverture de ma chemise pour les réchauffer sur mes côtes elles-mêmes couvertes de gras. Second baiser, exaltation montante, cela faisait longtemps que je n'avais pas vu un homme - apparemment, les deux assistantes qui ouvrent soudain la porte sur nous deux non plus, car elles nous fusillent du regard... et ma grosse conquête les suis illico dans le couloir, me laissant là comme un navet sur une table. J'ai tout de même l'immense compensation auditive de l'entendre commenter à voix forte ma capacité de séduction, comme pour justifier sa chaleur subite à l'endroit de ma personne.     
        C'est bien s'exciter pour une simple pelle ; je referme ma braguette prématurément ouverte... Rabattons-nous sur une femme connue de longue date, une amie de ma femme, avec laquelle je n'aie jamais songé à la tromper, car tout arrive. Sortie de ville et campagne profonde, village d'enfance : j'avais six ans, Dieu sait jusqu'où m'entraîneront tant de prestigieuses non-aventures. Buzancy. Je peux bien en dire le nom. Même là, notre époque a frappé : étrange, tout de même, de voir s'inviter chez soi, lorsqu'on a six ans d'âge, l'amie personnelle de sa future épouse. En ce temps-là, l'oeil noyé d'entropine, j'introduisais dans de petites maisons en carton, soigneusement confectionnées par moi, des mouches, qui agonisaient sous mes yeux, empoisonnées par les parois.
        Que venait faire ici cette visiteuse du futur ? Ce jour-là, j'avais renoncé aux mouches, mais devant moi la table présentait un "tapis de souris" ; et dans l'épaisseur de cette espèce de mousse lisse, des fentes parallèles permettaient le déplacement de curseurs métalliques, comme sur une table de mixage. Cela produisait une musique envoûtante. Quel bonheur pour un enfant de se croire, d'emblée, compositeur de talent. Le petit Christophe savait qu'un jour, il serait Beethoven ; il serait bien puni plus tard de cette innocente vanité, quand il soufflerait (maximum de son talent) dans un pipeau de plastique troupieaux, troupieaux... Pour l'instant, l'enfant enchanté s'écoutait produire des ondes Martenot,  phrase courte et mécanique mélodieusement répétée.
        Il se mouvait en rêve dans une grande villa, très claire et sans mouches, en Afrique du Nord : la combinaison des sons instrumentaux reproduisait, en syllabes allongées, le mot  magique d'AL-GE-RIE. Autour du jeune Christophe la famille, et les amis, s'étaient réunis, respectueux, dans la musique et la lumière. Mais assez vite, le tapis de souris s'assécha. La force magnétique du liquide perdit son efficacité. Les curseurs et leurs longues fentes s'effacèrent, et l'enfant se retrouva seul, devant un tapis de mousse sèche, inutile

  • Je fais la pute sur le trottoir du blog

    J'ai souvent soupçonné la fabulation. La T.S. au Lexomil, Djanem retrouvée au volant à l'arrêt.
        La biche dans la piscine : bidon fortement soupçonnée. Le transport à "on ne sait quel" hôpital (R. 8).

    R. 44
        Tout affabulateur s'incarne dans sa vérité, se pulvérise dans la démonstration de son mensonge.  "J'ai bien vu que tu t'en fous. Je ne  baise plus." La femme de 40 ans possède la libido d'un homme de 40.
      Le désastre.JPG  Mon projet de Lazarus et moi à Jérusalem. Lazarus en kippa ressemble aux caricatures antisémites d'avant-guerre. "J'ai "quelque chose" mais je ne  te le dis pas".
    R. 45 :
    L'œuvre littéraire noyée. Composer à même : nul comme Christine Angot.
    Nos conversations ne sont que velléités d'abandon.
     MEME EN MOI TU AS PEUR DES FEMMES.  Se voient toutes accueillantes, ne sont que sèches et rébarbatives.


    R. 46
        Refuse de descendre de ma voiture. Je comprends à mon âge,  miraculeusement, toutes les histoires d'amour des livres et des films. Nous rentrions chez nous, avec des prétextes invraisemblables.  

    R. 47
    Parenthèse sur Valérius Flaccus qui veut traiter le thème le plus éculé, exprès.
        Pour Te-Anaa : "Tu ne fus ni le premier, ni ne sera le dernier". My love ghost cabinet. Les confidences de Djanem dans la voiture de Lazare qui la mène au meeting "de goche". Elena (Mexicaine)  fausse piste.

    R. 48
        L'abstinence calculée des femmes. "Viens, on va écouter (les lire) ensemble". "Sac à foutre". Ne jamais parler de l'autre. Le pinçon disparu. "Les rêves, c'est de la connerie". Tous ceux qui veulent vous révéler à vous-mêmes. Mais qui prétendent que c'est à vous de le faire. Les autres "los demàs" en castillan... toujours soigneusement calculée.

    R. 49
        Je reviens sur ton lieu de travail. "Et si je t'aime prends garde à toi. Je suis devenu froid comme ces femmes désireuses sur demande. Un jour pénétrer sera juste violer. L'homme ne jouira plus qu'abstraitement. . Nous nous fixons les yeux dans les yeuix. Impossible de regarder ainsi sans rire Première Epouse Arielle.

    R.50  Te-Anaa ne doit jamais croire que je l'aime. Je vois tout à plat.  Per tenebras. Ses chemins sont trop escarpés. Ciguë sèche tendue vers le ciel.  Mais les observations de Djanem sont toujours les bienvenues, contrairement à d'autres.

  • Expliquez-moi

    Expliquez-moi pourquoi mon adresse Twitter figure sur celui d'un certain Nelson, du Venezuela, comportant de nombreuses annotations concernant le pays de Chavès, alors que ma navigation ne parvient pas à me restituer ma propre adresse ? Quant à moi, roi des maladroits, je ne suis jamais arrivé à me servir de mon propre compte. "Ils" te disent qu'il "n'y a rien de plus facile", mais on connaît la chanson : si tu n'as pas trouvé le "petit truc EVIDENT pour faire marcher ton machin informatique, TU RESTES LE BEC DANS L'EAU avec ta connerie, et les cons cepteurs du site dansent autour de toi en se foutant de ta gueule : "Oh l'abruti qu'a rien compris !" Technciens incapables d'expliquer clairement les choses, je vous prends, je vous retourne et je... laisse la suite à mon secrétaire, n'ayant pas envie de me salir le noeud. En tout cas, je l'aimais bien, moi, Chavès.  Simplement  je ne suis jamais arrivé à comprendre pourquoi, dès qu'un homme est partisan de réformes radicales pour le bonheur et la justice, il se met aussitôt à vomir Israël et les juifs... Ah putain, personne ne sera donc de MON avis politique ? Pourquoi faut-il, si je désire voter, que les candidats en présence me répugnent toujours par un point ou par un autre ? Eh merde. 

  • Kar, Neige. Coton, Pamuk.

        Avant de traiter du roman de M. Coton, "Pamuk" en turc, complétons les informations sur Débile Duflot, pour que l'auditeur sache mieux à qui il a à faire : elle s'oppose à la déchéance de nationalité, d'accord, mais avec des arguments singuliers : elle compare le gouvernement de Hollande à celui de Pétain, en disant que ce dernier avait rendu apatrides bien des juifs. C'est vrai. Ainsi d'aucuns, Zemmour pour ne pas le nommer, ont-ils pu prétendre qu'il avait livr éles juifs étranger pour ne pas livrer les français. Admirable entourloupe du raisonnement ! Mme Duflot rajoute à la connerie en comarant ces juifs qui n'avaient fait de mal à personne à des islamistes qui en ont fait beaucoup.
        Les terroristes seront d'ailleurs profondément horrifiés à l'idée de perdre la nationalité française, houlàlà ! Ce qui nous permet de revenir dare-dare sur Orhan Pamuk dans son roman Neige, publié en 2002, Kar, en turc, traduction Jean-François Pérouse chez Gallimard en 2005, Prix Médicis étranger. Le roman se présente sous forme de récit et de fresque. Le narrateur est Ka, qui se prononce comme chez Kafka, et la ville de l'action est Kars, à la frontière de l'Arménie. Depuis Atatürk et Inönü son successeur, la Turquie n'a jamais cessé de fermenter sous l'effet du levain aigre-doux de l'islamisme. Tantôt les militaires, laïcs, prennent le pouvoir, ce qui ne va pas sans brutalité envers les Kurdes ou les "communistes" entre guillemets, tantôt l'islamisme reprend le dessus.
        Pour la démocratie, vous repasserez plus ou moins. Le poète Ka, dont on a retrouvé ce long manuscrit dit l'auteur, enquête dans cette ville de Kars couverte de kar, sur l'épidémie de suicides chez les jeunes filles, que l'on empêche de porter le voile. Survient alors un coup d'Etat militaire, quatre jours d'émeutes et de fusillades pendant lesquels chacun fait mieux de rester chez soi. Sauf ceux qui croient en des idées, bien décidés à défendre leurs convictions et leur honneur. Le roman est touffu, les personnages, tous typiques, brossés et caractérisés en quelques traits, foisonnent. Je ne me souviens guère que d'un directeur d'école normale contacté par un islamiste qui lui parle de façon doucereuse, et tente de le raisonner, puis qui le menace de mort  sur un ton mielleux, parce que n'est-ce pas, il en est sincèrement désolé, il ne peut pas faire autrement. Oui, il sera tué. Mais ce qui attache le lecteur à cette longue intrigue, c'est le cadre : hivernal, polaire, semblable à celui de Tabriz en Iran tel que le décrit Nicolas Bouvier. Le délabrement des immeubles et des âmes qui les peuples. L'oppression éaux mille visages" comme on dit, qui se montre partout,  la censure nécessairement tâtillonne, les hommes jaloux et possessifs, les femmes victimes ou très fortes, le poète paumé, qui intercale ses poèmes à même le texte, en effet parent du Josef K. de Kafka, par son effarement perpétuel, et le labyrinthe qu'il doit parcourir afin de déjouer les tracasseries administratives et policières.
      

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     Pamuk montre une Turquie torturée comme un bonzaï dans son pot, méfiante, repliée, passionnelle, traversée sous sa crasseuse surface de courants empoisonnés, toujours au bord de la crise de nerfs. Il est utile au lecteur français d'avoir quelques notions d'histoire turque depuis 1900, afin de comprendre les allusions et les réactions de chacun. Le poète journaliste, envoyé par un journal allemand, retrouve aussi son ex-femme, Ipek, et dans les relents de nostalgie hivernale, aimerait la reconquérir. Peut-être baisouille-t-il avec sa soeur Kadife pour perdre la main, que ceux qui ont des oreilles entendent. Le coup d'Etat commence par une bonne farce : une troupe vient jouer une pièce à la gloire de la modernité, mais les balles tirées pour jouer, sur la scène, ont été remplacées par de vraies balles, d'où un petit massacre d'islamistes qui venaient siffler l'auteur.
        C'était notre chapitre sur l'influence de la scène en politique. Le Bataclan en fut un autre, bien réel celui-là.