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Kar, Neige. Coton, Pamuk.

    Avant de traiter du roman de M. Coton, "Pamuk" en turc, complétons les informations sur Débile Duflot, pour que l'auditeur sache mieux à qui il a à faire : elle s'oppose à la déchéance de nationalité, d'accord, mais avec des arguments singuliers : elle compare le gouvernement de Hollande à celui de Pétain, en disant que ce dernier avait rendu apatrides bien des juifs. C'est vrai. Ainsi d'aucuns, Zemmour pour ne pas le nommer, ont-ils pu prétendre qu'il avait livr éles juifs étranger pour ne pas livrer les français. Admirable entourloupe du raisonnement ! Mme Duflot rajoute à la connerie en comarant ces juifs qui n'avaient fait de mal à personne à des islamistes qui en ont fait beaucoup.
    Les terroristes seront d'ailleurs profondément horrifiés à l'idée de perdre la nationalité française, houlàlà ! Ce qui nous permet de revenir dare-dare sur Orhan Pamuk dans son roman Neige, publié en 2002, Kar, en turc, traduction Jean-François Pérouse chez Gallimard en 2005, Prix Médicis étranger. Le roman se présente sous forme de récit et de fresque. Le narrateur est Ka, qui se prononce comme chez Kafka, et la ville de l'action est Kars, à la frontière de l'Arménie. Depuis Atatürk et Inönü son successeur, la Turquie n'a jamais cessé de fermenter sous l'effet du levain aigre-doux de l'islamisme. Tantôt les militaires, laïcs, prennent le pouvoir, ce qui ne va pas sans brutalité envers les Kurdes ou les "communistes" entre guillemets, tantôt l'islamisme reprend le dessus.
    Pour la démocratie, vous repasserez plus ou moins. Le poète Ka, dont on a retrouvé ce long manuscrit dit l'auteur, enquête dans cette ville de Kars couverte de kar, sur l'épidémie de suicides chez les jeunes filles, que l'on empêche de porter le voile. Survient alors un coup d'Etat militaire, quatre jours d'émeutes et de fusillades pendant lesquels chacun fait mieux de rester chez soi. Sauf ceux qui croient en des idées, bien décidés à défendre leurs convictions et leur honneur. Le roman est touffu, les personnages, tous typiques, brossés et caractérisés en quelques traits, foisonnent. Je ne me souviens guère que d'un directeur d'école normale contacté par un islamiste qui lui parle de façon doucereuse, et tente de le raisonner, puis qui le menace de mort  sur un ton mielleux, parce que n'est-ce pas, il en est sincèrement désolé, il ne peut pas faire autrement. Oui, il sera tué. Mais ce qui attache le lecteur à cette longue intrigue, c'est le cadre : hivernal, polaire, semblable à celui de Tabriz en Iran tel que le décrit Nicolas Bouvier. Le délabrement des immeubles et des âmes qui les peuples. L'oppression éaux mille visages" comme on dit, qui se montre partout,  la censure nécessairement tâtillonne, les hommes jaloux et possessifs, les femmes victimes ou très fortes, le poète paumé, qui intercale ses poèmes à même le texte, en effet parent du Josef K. de Kafka, par son effarement perpétuel, et le labyrinthe qu'il doit parcourir afin de déjouer les tracasseries administratives et policières.
  

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 Pamuk montre une Turquie torturée comme un bonzaï dans son pot, méfiante, repliée, passionnelle, traversée sous sa crasseuse surface de courants empoisonnés, toujours au bord de la crise de nerfs. Il est utile au lecteur français d'avoir quelques notions d'histoire turque depuis 1900, afin de comprendre les allusions et les réactions de chacun. Le poète journaliste, envoyé par un journal allemand, retrouve aussi son ex-femme, Ipek, et dans les relents de nostalgie hivernale, aimerait la reconquérir. Peut-être baisouille-t-il avec sa soeur Kadife pour perdre la main, que ceux qui ont des oreilles entendent. Le coup d'Etat commence par une bonne farce : une troupe vient jouer une pièce à la gloire de la modernité, mais les balles tirées pour jouer, sur la scène, ont été remplacées par de vraies balles, d'où un petit massacre d'islamistes qui venaient siffler l'auteur.
    C'était notre chapitre sur l'influence de la scène en politique. Le Bataclan en fut un autre, bien réel celui-là.

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