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Le Singe Vert - Page 46

  • Retour confus

     

    • Rebonjour à tous

       
       

      Chers et adorables bambins et bines, copains et pines, citoyens et hyènes, oubliez dergrueneAffe, oubliez le singe vert, c'est à nouveau Collignon Bernard, alias Berlignon Connard, qui vous cause. Parce que pour récupérer les blogs antérieurs, je peux toujours m'astiquer. Voici un texte sur le Pro Milone de Cicéron, élitiste, car le latin ne sert à rien. La musique non plus, d'ailleurs. Prenez connaissance, et contactez-moi si vous voulez. singe
          Toujours le Pro Milone. Vieux compagnon de ma première agrég. Lu le passage des cortèges de femmes que je traduisais par troupeaux, au grand dam navré de l'examinateur. Cette histoire de cortèges qui se croisent et puis s'attaquent par la queue me plaisait bien. On la retrouve en particulier dans le film appelé Gandhi. Les roueries, les malonnêtetés de Cicéron aussi, qui tente de faire passer son client pour un ange. Sans trop y croire. Même chose pour Cælius. L'Antiquité me désarçonne toujours autant. Les raisonnements  y sont retors, jusqu'au vicieux (voir à ce sujet les excellentes Tablettes d'Albucius, par Quignard) : là se trouvent mises à mal nos façons de penser, de juger, de condamner, devenues si naturelles, si « allant de soi ».
          Chez Albucius, c'est toujours celui qui a le plus de torts, qui s'est montré le plus sombrement cruel, qui gagne ; et l'innocent, à notre sens contemporain, perd son procès. Les femmes ne votent pas, les esclaves non plus, et l'on prend les auspices, autrement dit l'on consulte le vol des oiseaux, avant les comices curiates. Tous les ans j'enfreignais les consignes inspectoriales, assénant des « cours de civilisation » à mes élèves, qui en redemandaient très bien. Vingt ou trente ans durant j'ai rabâché le Mallet-Isaac sur Rome. A présent cela s'estompe : comices centuriates, comices tributes – toujours est-il que la crise d'épilepsie, l'orage ou l'éternuement à gauche suspendaient les discussions, invalidaient les votes. Etranges réunions.  ...[A]vec des mains ensanglantées – la note 1 précise que les élections prenaient ainsi le caractère d'un acte religieux. Les Romains vivaient à même les dieux.
           Sur le plancher des dieux. Divinisant la politique. Sans cette sauce morale qui aujourd'hui pourrit tout. La morale, c'était de ne pas contrarier les dieux ; ce n'étaient pas les préjugés de l'opinion publique et des sondages. Cela tombait à mon avis beaucoup plus juste. ...étalant et avouant un crime et un forfait. Il y avait du moins du décalage, du jeu ; avec les pesants chrétiens, le ciel désormais coïncide avec l'imbécillité morale. Tout coincé. J'étouffe.

      Ou bien le jésuitisme, l'accommodement avec le ciel, “en prendre et en laisser” : guère mieux. A Rome la politique était un jeu de vie et de mort. Cent ans de révolution. Imagine-t-on cela ?     Cent ans de trahisons et de mots d'ordre personnels, et pour seul idéal, restaurer un passé imaginaire, largement idéalisé, fantasmé, de “purs républicains”. La Révolution française établissait l'avenir. Tout en rétablissant, comme de juste, l'homme d'avant, le Bon Sauvage. L'ordre n'est pas mon fait. Rien ne vaut le nourricier foutoir. J'explique, j'explique  encore. A supposer qu'il existe un raisonnement juste, il est toujours le même, il n'y en a qu'un. Il démontrera toujours en dernière instance que nous ne sommes que poussière et qu'il ne vaut pas le coup de vivre. A moins qu'il ne démontre le contraire. Inutile de raisonner. Comme c'est peu croyable de sa part, mais comme c'est vraisemblable de la part de Clodius : ça m'étonnerait.
          Cicéron transforme le coupable en innocent. Avocats, sophistes. Bonnbe égalité matématique. Et l'on ne se décide, in fine, qu'en fonction d'un mélange de bon sens et de circulations de lymphes. Le mot humain n'est qu'un élément du verbiage universel : cours des ruisseaux, musiques, oraisons de Bossuet. Branle du monde. “...qui se flattait de régner en maître dès que Milon aurait été tué ! Mais rien alors déjà ne pouvait sauver la République romaine. Mystère de l'évolution des régimes humains. L'opinion qui “bascule à droite”. Finkielkraut désormais plus plausible que Todd. A gauche, le plan. A droite, l'instinct. Ce ne sont pas les opinions qui basculent à droite, mais les circonstances.
          A gauche on pense que tout s'arrangera... d'ici vingt ans. D'ici là, fleurissez, attentats ! ...Tant de statistiques et de raisonnements fumeux ! Enlevez-nos les attentats ; nous vous tiendrons quitte du reste. Et ceci encore, qui est le point capital : qui ne sait que le plus grand attrait du crime, c'est l'espoir de l'impunité ? Non, Cicéron : c'est désormais la gloire du martyre... (autre raisonnement de l'Antiquité : “Mais, chers jurés, mon client ne peut avoir tué sa fiancée : en effet, il l'aimait !” hahaha...) Or lequel des deux (Clodius ou Milon) a eu cet espoir ? (l'espoir de l'impunité) - réponse : les deux. Milon qui, aujourd'hui même, est accusé pour une action glorieuse ou du moins nécessaire ? C'est qu'il aurait eu bien fait de tuer pour un peu, le client de Cicéron !
          Légitime défense ! Ah mais ! ...ou Clodius qui avait un tel mépris pour les tribunaux et les sanctions judiciaires qu'il ne trouvait aucun plaisir à ce qui est permis par la nature ou autorisé par les lois ? Une telle affirmation outrancière ne susciterait plus de nos jours que des haussements d'épaules. Nous savons bien aujourd'hui que l'homme est complexe, et qu'il ne suffit pas de le démolir à l'aide d'une belle consécutive (“à ce point d'audace (de folie) que...”). Mais à quoi bon raisonner, à quoi bon discuter davantage ? poursuit Cicéron.  Assurément. L'avocat plaide. On l'appelle, en argot, “le baveux”. “A quoi bon parler ? Qu'est-ce qu'on veut que je dise ?
          Le plus étonnant, c'est qu'il reste encore tant de pages, tant de §§, et que Cicéron ait encore tant de choses à dire : C'est à toi, Quintus Petilius, que je m'adresse, comme à un citoyen vertueux, à un homme de cœur – c'est toi, M(arcus) Caton, que j'appelle en témoignage - vous qu'une providence divine m'a donnés pour juges – et de loin, les informations. J'abandonne. Ou bien je me construis dans mon cerveau des phrases afin de conserver la maîtrise des penséesi. Ou bien je me concentre,  détaillant mes gestes. Et je répète :”Ma vie fut très unie, très cohérente,  fidèle à moi-même”. Cicéron le fut. Sincère défenseur de la République et du Sénat.
          Sincèrement navré de la situation où Rome était tombée, avant la prise du pouvoir par Jules César. Nous parlons de violence ? Mais en - 52, tandis que César conquérait la Gaule et qu'un petit village de Gaulois etc., Rome était à feu et à sang, les bandes de Clodius ET les bandes de Milon se cassaient la gueule en pleine ville et à  la campagne, non pour des convictions politiques, mais pour des raisons claniques : il y avait d'un côté la bande à Clodius, avec ses mercenaires grassement payés, et la bande à Milon, avec ses mercenaires non moins grassement payés. On persuadait les mercenaires et ceux qui les suivaient, bêêêe, bêêêe, de quelques grands discours sur la justice, la liberté ou autres faridondaines, et tous de

      Nu pensif.JPG

       se foutre sur la gueule en incendiant maisons, palais et bâtiments publics.

      ce tableau, Nu pensif, est d'Anne Jalevski, incapable de se soumettre à l 'arrogance ignare des circuits dits artistiques.

  • Matin sombre



        Ce que je vois. Ce que je sens. Un matin sombre, où l'écran plus que la fenêtre m'éclaire, blafard dedans, sombre au dehors. C'est une pluie de ciel bouché, avec un bruit de gouttière qui s'écoule en gerbe au bout du chéneau. A l'intérieur, des masses se détachent : un gros livre sur le bureau, dont j'ai recouvert la couverture par un minutier : c'est, pour moi, une feuille pliée en quatre où figurent, plus où moins encadrées, les activités que j'ai faites, avec leur début et leur fin exprimés en minutes. C'est le moyen le plus adapté que j'aie trouvé pour obtenir ma liberté dans mon propre cadre. Ce livre presse le coin d'un mouchoir douteux, plié en quatre lui aussi, mais dont un angle se redresse, frippé, contre un téléphone que l'on devine.
      Les sarcophages verticaux.JPG  Dans le coin formé par le livre et le mouchoir, où je ne me mouche plus jamais, reluit un étrange scarabée en forme de gélule, noir et lisse, dont le reflet de la fenêtre au-dessus lisère de blanc. C'est la forme la plus sensuelle de mon bureau. Ce téléphone portable fut conçu par un designer de chez Samsung pour tenir bien dans la main, sans tenir compte du fait que je le laisserais souvent tomber, comme une savonnette justement. Poursuivons, de la gauche vers la droite. Mentionner seulement le grand écran, plat, sur fond bleu gris, où s'inscrivent mes caractères dans un rectangle déroulant. Une bande en haut, barre de ceci, barre de cela, une bande en bas, sept icônes sur fond gris, puis sur fond vert.
        A travers tout le bureau, à losange crooisés, ce petit fil souple et nor qui me relie à ces mécanismes tout simples : grâce à lui, mon clavier fonctionne. Se reporter aux descriptions antérieures. Croyez-vous qu'il y ait tant de secrets sur un plan de travail d'où je chasse régulièrement tout le superflu ? Sauf ce demi petit chat gris en plâtre, gisant tête en bas vers moi, à plat sur le bras. Gardien de la poussière qui au-delà du cul le borde. Vous connaissez aussi cette kaaba Thrustmaster, avec son pantalon à pont, sa rangée de boutons noirs en bas, qui règlent qui les basses qui les aiguës qui le velouté ou Dieu sait quoi. Accessoire indispensable à la réception auditive, alors que déjà deux autres haut-parleurs dissimulés derrière l'écran seraient bien suffisnts à nous assourdir.
        A droite de mon coude droit, tout se complexifié : un autre fil qui luit oar dessus, une imprimante aussi noire que le reste, "SAMSUNG" évidemment, qui marche à sa fantaisie. Il faut beaucoup de ruse pour maîtriser ces engins, une sorte de raisonnemebnt qui confine à la ruse, une autre partie du cerveau à exploiter. Je vois qussi des feuilles blanches, piées en quatre, à l'envers, qui ont bougé : cette vision s'opère aussi dans le temps, cette page possède ses interruptions, seules sont restées en place, dans ce secteur, les deux feuilles concaves glissées dans la bouche d'impression, cette prise multiple si décriée mais utile, ces lueurs qui ont changé de place sur l'imprimante noire.
        
        Nous espérons un jour ou l'autre retrouver ces autres garanties d'existence, le chéquier, le mince portefeuille abritant chéquier, carte bleue, tous ces acessoires que d'autres, en 2200, auront depuis longtemps remplacées. Nous n'aurons plus de stylos peut-être, de ces horreurs longues, jaune ou bleue, nous n'aurons plus de sourir, avec leur oeil bleu , leur chrome automobilistique et leur mollette clitoridienne. Un papier déchiré porte à son verso "la médamer", "je ne comprends pas" dans une langue caucasienne ou indienne - vérifiation faite, ce n'est pas le bon fragment. Le bon morceau de billet, je l'ai jeté. Tout en dessous, mon bulletin de paye, aux rubriques non pas rouges... mais bleues.

  • Comprenne qui peut

    COLLIGNON  :

    Du Cantal.JPG

    DU PECHE DE CHAIR DANS LA CONNAISSANCE DE DIEU

     

    Terra incognita

    L'expression roman mort (« plus du tout de fiction, mais - de l'information ! ») prête à rire Nous autres romanciers, enflés de pustules comme un Balzac de tragédies, ne trouvant plus preneurs, crevons d'abcès. Voici

    Du péché de chair dans la connaissance de Dieu.

    Entreprise « qui n'eut jamais d'exemple » où nous avons pétri des pantins incapables (sans transition) il est deux façons de rejoindre Dieu. :

    1° l'orgueil mathématique - science exacte, où quelques initiés, en fins d'asymptotes, entrevoient Dieu sait quelle image de Dieu (au bout des probabilités de francs-maçons).

    2° l'humilité d'extase a) qui ne mange ni ne chie

    b) ou bien s'en va contemplant, du haut de soi jusqu'en bas, puis énumère chaque partie de son corps et pour finir « rendant grâce » : « Seule et unique prière ! » - est-ce bien raisonnable ? ce prêtre exagérait.

    Toute prêtrise est exagération.

    Nous n'emprunterons pas cette voie, ni les autres.

    MAIS

    - soit une danseuse ou même strip-teaseuse ; à qui ressemblera-t-elle ?

    - et deux hommes. Grand A MATZ, de son prénom Pascal, né le 23 août 1967, juste après la dévaluation du franc malien ; son nom signifie, en germain, « le nigaud », « le niais ». Son âge restera fixé à 42 ans. Précisément le vôtre. De même il a votre taille. Lieu de naissance et signes particuliers : les vôtres encore. Nationalité  française. Etudes de médecine, externe 4 ans puis 3 ans d'internat. Thèse : « Soins primaires et Outils de veille », reçu mention passable.

    	
    
    
    
    Pour la FEMME faisons léger. Sous forme de mots croisés par exemple. 
    	1  2   3  4   5   6   7   8  9  10
    1          P  U   T  A    S   S   E   R  I  E  
    2	R  _   _  C    U    R   E  _     N
    3	O  N   A  N _C    O  _    A  C
    4	S   A   L  O  P  E   S   _ N  U   
    5	T   _  _   N   O  R   _  C  U  L
    6           I  C   H  _   _  _    L    I  S  E
    7	T   R  O  N   C  H  E   R  _ R
    8	U  R   S  U   L   E   _   A  R A
    9	E  _   T  _     E   _  O   G  N I
    10         _  C  O  N    A   S  S   E  _ S
    
    HORIZONTALEMENT
    	1. Etat naturel de femme 2. Etat non naturel d'homme 3. Patron des deux sexes, honoré de maintes libations. Kéza. Noblesse gasconne 4. Paradoxalement, à celles qui ne veulent rien savoir. Comme un cul. 5. Nord sans d. Préoccupation essentielle 6. Avant "liebe dich". Demoiselle de Bécaud  7. Activité fine 8. Qui rit quand on l'encule. Qui rit. 9. Soit qui mal y pense. 10.  Réduction de la femme. 
    VERTICALEMENT
    	1. Rare au masculin. 2. Demi-pute de Zola. Casimir, Raymond, Roger (dans l'ordre) 3. Aluminium. Soigne la chtouille. 4. Ce qu'elles disent toutes. A poil. 5. S'enculotte.  Ne pas tourner autour. M. et Mme Pipe ont une fille. 6. Le comble de l'horreur. (...) - suie-moi le cul. 7. Prétexte à chasteté. Largeur. Mobile chez Henri IV 8. Parfois du cul. Sur la bite du bizuth. 9. Pas Dei. Consonnes cartésiennes 10. Eventuelle sodomie.
    
    	Reste à placer :  vulve, clite, con, poil. 
  • Texte de Jeanne

    Isa les yeux clos.JPG

    "Le Georges ramène vraiment n'importe qui ; à 54 balais dans les bars, en train de s'afficher, pour attirer chez moi les louftingues des quatre sexes, papoti, grignota, calembours à deux balles pour amuser la vioque - on n'est pas plus élégant. Chiche qu'il se met au clavier – gagné - Goose Rag, c'est tout ce qu'il a su pondre depuis ses 17 ans - regardez-moi comme il s'excite il va bientôt jouer avec sa queue Maître, ô Maître - c'est qu'il salue, ce con - le grand barbu se gave du revers de col jusqu'aux rouflaquettes. Sans oublier l'autre pingouin qui suce ses huîtres avec les gouines - plus un qui se lèche les doigts comme un macaque - la ménagerie...
        "Je suis sous le lampadaire on va me voir toute la gueule mais oui ma chère les éclairs sont délicieux tu peux te les - non je ne suis pas fatiguée toujours pas crevée le petit macaque se met le bout du cul sur la bergère et se tire la mèche sous le nez en posant ses mots comme des pattes de mouche mon père disait, mon papa m'a dit c'est élevé dans les bonnes traditions ça, et modeste et gnangnan Oui madame Non madame tiens prends donc tes langues de chat comment vous appelez-vous – Bernard - la langue entre les dents – S'il connaît Olivier  ? – C'est mon meilleur ami – son meilleur ami... - un chic type – c'est trop.
        "Excellente idée Georges, tes diapos, la pénombre, ma main sur la petite épaule du petit con Va donc vérifier la lampe Geo plus haut non plus bas plus à droite (la cloche!) baisse un peu l'appareil - pas tant - tu as fini de revenir après chaque photo Tu as le soin de l'appareil restes-y c'est qu'il a parfaitement compris ce pauvre type ; il y va quand même. Sur l'écran la poste de Papéété, caserne Bruat, le cou duveteux du puceau-macaque doucement dans l'ombre une fois une fois encore vider la moëlle des petits enfants Ma main sur son épaule, doigts tout secs tous boulés d'arthrose Je vais me le garder pour moi – mais - qu'est-ce que je sens ? il prend ma main la serre – petit vicelard – ça se croit un homme – je ne t'ai pas attendu pour avoir mon compte de bites – VA CHIER

  • Ermite de la musique

    Je reviens seul, pour accomplir un voeu, ou pire une promesse, car les hommes sont plus exigeants que Dieu. Partout, sur les murs, l'encaustique des meubles, l'épinette et le piano, règne une surabondance de christs et de madones de tous les goûts, y compris l'image de la Vierge reçue par la poste et fixée sur mon propre mur de bureau : la sainte Eglise, à intervalles réguliers, m'envoie des notices pieuses, des souscriptions pour les chrétiens d'Irak. Je ne réponds jamais : donner une fois, c'est donner toujours, et l'on finit par rembourser leurs propres envois de paperasses. Ils m'ont envoyé de la propagande contre l'avortement. J'y ai répondu vertement.
        Mais nous avons conservé Notre Dame de Fatima, visage cireux qui versa des larmes l'an 72 de notre siècle, photographie grasse de poussière, chair imputrescible. En vérité je voudrais  savoir si je peux la prier, sans pour autant croire en Dieu. Qui autrement recevrait mes prières? je les dis en latin aussi bien qu'en français. J'ignore le sens de ma conduite. Dans l'antre de Jean-Benoît, je n'éprouve pas d'impressions inconnues ; je me retrouve au contraire en ces vieux appartements de chanoine évoqués par Joris Huysmans, dans l'épaisseur des murs de Saint-Sulpice. (il n'y manque que l'encens ; peut-être les souvenirs de lectures, tels qu'ils se sont stratifiés, manquent-ils d'exactitude).

                        X


        Jean-Benoît, au prénom de Pape, est entretenu par sa mère, qui n'est pas l'Eglise, mais fait pluys prosaïquement les emplettes et couve son garçon de 50 ans, à 80 ans passés. Dès la mort de sa mère, tout est devenu crasseux :  les publicités jonchent le sol en attendant d'être triés, ce qu"ils ne sauraient être. Pascale de la Tour lui en faisant l'observation discrète, il manqua se froisser ; il n'en fut plus question. Nous pensions aux vieux chiens mal lavés, de ceux qu'on ne sort plus, déféquant et pissant à même des jonchées de vieux journaux sur le pavé. A présent le voici déménagé en ville, chez son père à son tour évacué en maison de retraite ; aux temps dont je parle, il habitait encore impasse Madeleine-Marie Alacoque.

    Chat flou.JPG


        La sonorité de ce long boyau plat est infecte. Les voisins se sont plaints, en douce comme toujours, auprès du promoteur : il jouait du piano la nuit. La démarche traînante et l'allure de mon ami est chaloupée, ursine, et corpulente en fonction des saisons - suspecte. Lorsqu'il s'assoit au clavier, la musique descend sur ses traits, qui palpitent. Mais son orgue, en bout de couloir, demeurait muet en ma présence. Témoin sans doute d'élans plus intimes. Son épinette, parfois touchée, se faisait rare. Seul restait le plus souvent le piano droit, juste à gauche en entrant, contre la paroi qu'il perçait la nuit