Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Le Singe Vert - Page 38

  • Cicéron, Sur les provinces consulaires

    CA NE VOUS FERAIT RIEN DE VISITER MON BLOG TAS DE NAZES

     

        Il vous faut perdre toute illusion sur la capacité que vous auriez un jour de vivre, de conclure et de mourir en état de réconciliation avec vous mêmes, et il ne suffit pas de prendre de l'âge pour accéder aux plus hautes plages de la pensée. Vous éprouvez ce matin le sentiment d'une honte profonde pour la conduite de votre vie, de toute vie. Et vous vous demandez si les lignes que vous allez tracer, comme une messe quotidienne imposée par vous-mêmes, doivent se soumettre aux caprices hormonaux de votre régie interne, ou bien si le lecteur ici doit prendre le pas sur l'homme sentant. C'est insoluble et vous mourrez ainsi. « Je ne veux pas rappeler que ceux qui les occupent présentement » (les provinces de Syrie et de Macédoine) « les ont obtenues dans des conditions telles qu'ils n'y ont pas abordé en fait avant d'avoir condamné le Sénat, éliminé votre autorité de la cité, fait subir à la confiance publique, à la sécurité permanente du peuple Romain, à ma personne et à tous mes biens les plus honteux et les plus atroces des outrages ? » Malgré la note 1 tout en latin que je ne débrouille pas, vous voici confrontés aux tortueux tournures d'un pro du blabla.
        Je hais Cicéron.  Plus encore que Sidoine. Cicéron est une véritable savonnette, à l'aise entre les mains humaines, où il glisse des unes aux autres avec dextérité. S'il dit qu'il ne parlera pas d'une chose, c'est en en parlant, les grammairiens vous ont appris que c'est de la « prétérition ».  Donc, de certains consuls, Gabinius et Pison, comme il est dit dans la notice, avaient prémédité, sur le bateau même, de renverser la République par leurs exactions exotiques : après son consulat, tout un chacun se retrouvait ruiné, se faisant ensuite attribuer le proconsulat dans certaines provinces, bien riches, afin de rétablir leur budget par quelques impôts soigneusement encadrés par la loi. Il semblerait même qu'avant d'embarquer, ces deux proconsulaires avaient bafoué l'autorité sénatoriale, mis en danger la sécurité du peuple, et tâché de démolir les maisons du pauvre Cicéron.
        Mais ce dernier n'en parlera pas : c'est comme si c'était fait. « Je ne veux pas rappeler leur conduite, dans nos murs et dans notre ville, une conduite si néfaste qu'Hannibal lui-même n'a jamais pu  souhaiter autant de mal à notre ville qu'ils en ont fait eux-même. » Le tout est de savoir ce qu'est la vérité : est-ce la vie, ou bien la mort ? Et ces Gabinius et Pison se sont-ils vraiment comportés de façon aussi scandaleuse ? Ils ne différaient pas, nous dit-on, de leurs contemporains dans cette époque corrompue : mais quelle époque ne l'est pas ? Quitte à s'exprimer par clichés, nos faits et gestes historiques ne sont-ils pas dépourvus de toute dimension à l'égal de ces tourbillons de mouches autour des bouses ?
        Il vous manque l'ordre et le jugement : cela fait beaucoup. Il vous en reste assez pour  soupçonner Cicéron d'amplifications accompagnées d'un beau jeu de manches. Après tout, ne devait-il pas se réconcilier avec ce beau monde ? Cicéron n'a—il pas tous les avis à la fois, merveilleusement humain, tout indifférencié ? « J'aborde seulement la question des provinces ». Voilà qui est habile ! Nom de Dieu, j'écrirai n'importe quoi et vous ne m'en empêcherez pas, ô chaînes. Un jour on m'aimera pour ce que je suis, un fou intempérant, un tout ce que l'on veut. Après avoir jeté le trouble chez les juges par tant d'antécédents délictueux, Cicéron feint de ne se rabougrir qu'à un point de détail : mais ce peu de chose, d'aspect purement documentaire et technique, pouêt pouêt tagada, s'est vu entaché de tout un arriéré de méfaits pendables.
        Passons donc à ces provinces, toute petite partie des griefs : « L'une d'elle, la Macédoine, que protégeaient auparavant non pas des fortifications militaires, mais les trophées de nombreux généraux », et ici, une virgule. Nous en aurons besoin, car c'est une période qui commence. La phrase sera longue et compliquée comme une insulte roumaine. Et pour faire bonen mesure, la note en bas de page – cauchemardesque ! - énumère ces noms de triomphateurs à la mords-moi-le-nœud : T. Flamininus (le même qui proclama l'indépendance de la Grèce?), L. Paullus, Q. Caecilius Metellus Macedonicus, et je passe le reste, « qui s'illustrèrent dans la guerre de Macédoine » : laquelle ?
        Il fallut régulièrement pacifier cette région, berceau d'Alexandre : autrement dit tuer. La fameuse Pax Romana ne viendra que bien plus tard. Bien des cadavres après. Mais  ne pleurons pas là-dessus : après tout, l'homme est fait pour ça. Et Cicéron reprend : [la Macédoine], « où, depuis longtemps, nombre de victoires et de triomphes avaient maintenu le calme » virgule, notre phrase prend son élan, la vague de houle se hausse et se recrête, attendons dans le suspense inhalateur, « est aujourd'hui persécutée par des barbares à qui leur cupidité a ravi la paix » : c'est à cela que l'orateur voulait en venir : nous avons de nouveaux Verrès, nous avons une autre Sicile.  Nous tenons un autre Clodius (plus tard, plus tard...).
       Le biberon des pieds.JPG     L'invective, l'insulte, mon Dieu empêche-moi de virer enrager, laisse aller ton corps, « si bien que les Thessaloniquiens, placés au cœur de notre empire, ont dû quitter leur ville et fortifier leur citadelle »  à son sommet, comme les Athéniens devant Sparte, ou les Romains devant Brennus. Ce qui expliquera plus tard l'appel en faveur de César, qui écarte définitivement tout danger de retour des Gaulois en bas de Rome. Quitte à dénoncer, beaucoup plus tard encore, les exactions de César. Bref, ces deux proconsuls à eux deux incarnent toute la décadence et l'illégalité.
        Ce qui devait n'être dans la phrase qu'un rebondissement permet de renquiller sur les pauvres gens de cette bonne ville, sur l'interruption des voies de communications, « et que notre belle route stratégique, [joignant] l'Hellespont à la Macédoine, est infestée par des incursions barbares et même coupée et déshonorée par des campements de Thraces. » On entre là-dedans, on en sort comme d'un moulin. Noter l'insistance du mot « barbare » : on ne leur avait pas appris que les autres civilisations n'étaient pas inférieures à eux. Mais au Diable l'immobilisme idéologique ! Il faut que l'histoire avance, que la Nature se perpétue, au prix d'une constante autophagie.
        Il ne sont pas beaux, les Thraces, ils ne sont pas comme nous. « Ainsi ces nations qui, pour jouir de la paix, avaient versé des sommes considérables à notre général » - grâce, grâce...

  • Le Singe Vert, le Barbet de Ronsard et le train de Sète

    JE REPETE : MON BLOG EST EXCELLENT, VISITEZ-LE OU VOUS SEREZ PUNIS.

     

    L E     S   I   N   G   E      V   E   R   T            N° /  N r         8 9
    tibétain         piou (le singe) - djangkou
    SONGHAI            yargey (vert)  foono
    soninké         mollojima      founé
    Chute de reins.JPGsuédois             gröne apa
    swahili            kijani tumbili
    tagalog            luntian    unggoy
    tadjik             sabz maïmoun
    ISSN 1638 2825
    rédaction, impression, édition, diffusion : HARDT KOHN-LILIOM            29
    dit "COLLIGNON" pour simplifier
    4 avenue Victoria 33700 MERIGNAC    
    courriel : colber1@free.fr
    blogs : kohnlili.blogs.sudouest.fr
                dergruneaffe.hautetfort.com
        singevert.free.fr
        singevert.blogspot.com
    L E     S   I   N   G   E      V   E   R   T            N° /  N r         8 9
    CITATION  N°  1 1 4 5  - un barbet est un petit chien
    Petit barbet, que tu es bienheureux,
    Si ton bonheur tu savais bien entendre,
    D'ainsi ton corps entre ses bras etendre,
    Et de dormir en son sein amoureux !
    Ou moi je vis chetif et langoureux,
    Pour savoir trop ma fortune colmprendre.
    Las ! Pour vouloir en ma jeunesse apprendre
    Trop de raisons, je me fis malheureux.
    Je voudrais etre un pitaut de village,
    Sot, sans raison et sans entendement,
    Ou fagoteur qui travaille au bocage :
    Je n'aurais point en amour sentiment.
    Le trop d'eesprit me cause mon dommage,
    Et mon mal vient de trop de jugement - RONSARD


    L E     S   I   N   G   E      V   E   R   T            N° /  N r         8 9
    HORS – D' ŒUVRE :
     DANS LE TRAIN – ENVIRONS DE SETE

        Des millions d'humains prennent sur leur carnet des notes, sur ce qui s'est passé. En des millions d'exemplaires, j'écris. En des millions d'exemplaires, je téléphone, imitant ceux qui m'entourent. Un malheureux a péri sur les voies. Ça pétarada sec. Ça ne signifia rien. Nos gaz se seront échappés. Le temps ne sera pas organisé. L'odeur est insoutenable et nous  n'avons pas de radio. Reste-t-il du papier cul ? Le musicien compose une symphonie. La rame a-t-elle bougé ? Nous restons calmes. Au nom de tout ce qu'ils ont vécu, pissé, mangé. Les chiens humains fluorescents se relaient pour interrompre tout urineur au long des voies ferrées. Daniel-Rops est pompant. Klaxon. Pas encore d'annonces, mais des contacts électroniques s'établissent, des pressions se rétablissent. Redémarrage à 16h 45. Près de Sète, 24 mars 2061.

  • Geisha, de Golden

    œ

    Lire la suite

  • Annie Versaire

    J'aime pas les anniversaires j'aime pas les gens j'aime pas mes amis j'aime pas ma femme je m'aime pas j'aime pas le suicide. Alors je couche avec ma femme je reçois mes amis je fréquente des gens je souhaite des anniversaires, et quand je me regarde dans la glace je me tutoie. Quand même. Et toujours pas de suicide, tiens, là, ça ne marche pas. Et à force de se faire enculer, on y prend goût, on se met à aimer la vie (car la vie n'est qu'un grand boyau anal), et l'un dans l'autre on se démerde, oui, bon, c'est c'lààà ouiiii, et si je me tais ça ne dérange personne, ILS continuent à discuter sans moi, et même, de choses intéressantes, qui ne sont pas moi, ce monde me surprendra toujours. Ajaccio.JPG

  • Le médecin pieux et son frère

    	Confiscation donc d'enfants, âgés à présent de 18 à 24 ans. Ils l'ont oublié corps et bien.
    Rien dont l'homme se détache aussi facilement que des liens de paternité. (Pascal de plus, médecin,
    ne dispose pas d'une sensibilité exceptionnelle : comment supporter, sinon, d'entrer ainsi
    par effraction dans le corps des gens ?) - à l'exception cependant de son Oratoire, privé,
    où nul ne doit avoir accès. Il en change lui-même les fleurs, trop chaud l'été, trop froid l'hiver.
    Il s'y livre à des ostentations secrètes de piété : acteur et public, mysticisme de planches !
    enfant déjà il installait sous ses combles une chapelle à Marie, nourrie de représentations
    saint-sulpiciennes : madones bleu tendre, crucifix fades, Thérèse de Cavallier (Prix du jury 86).
    Pascal, adulte, prie sur un prie-Dieu rapetassé, face à quelques objets pieux tirés des cimetières
    (depuis, saisi de remords, il demande pardon au Christ et à tous les saints, surtout aux morts dévalisés),
    sans compter la Vierge tout en bleue et Thérèse Gobe-Glaires de Lisieux.
    Il se recueille ainsi entre deux consultants, leur faisant croire à tous qu'il opère en urgence.
    Fâcheux toutefois qu'on le voie redescendre de sa soupente en remontant sa braguette à la dérobée.
    Pour être complet sachons qu'il va au bordel, à Bordeaux, 18 rue Huguerie - ("une habitude », dit-il
    comme Mauriac
    (Genitrix). Karine (c'est elle), génération du baby-boom (45/69) :
    propre, rangée, en gris, pas trop physique, l
    a cinquantaine honnête avec un sac à main cabas  ;
    un peu popote, arrosable une fois par quinzaine, pour l'hygiène. Le docteur ne veut pas savoir
    qui passait avant, qui passe après - « quatre ou cinq fois par jour,
    on n'est pas des vaches tout de même .
    Un jeudi sur deux, en alternance levrette/missionnaire.
    Il pourrait aussi bien séduire n'importe qui dans un délai raisonnable appréciable
    – mais paresse, fatalisme –
    pas que ça à foutre non plus. X Ajaccio, petit matin.JPG

















    Grand B Frank Nau, d'un autre père, cadet et chaussurier. Rigolo à qui échoit la fantaisie
    de transformer sa maîtresse Annema
    ri-e (à l'allemande : - e final bien détaché)
    en véritable pécheresse, ne parvenant quant à lui qu'aux voluptés de l'abstinence,
    au nom d'un Dieu négatif à se flinguer, sans cependant s'y résoudre entièrement.
    - ayant cherché la névrose de grande classe, sans parvenir à défoncer les portes
    merveilleuses de la folie. Frank n'a pas brillé par ses études.
    Ce n'est pas que Frank Nau se soit particulièrement signalé par la cancrerie :
    simplement, rien de ce qu'on appelle
    choses de l'esprit ne l'a passionné.
    La médecine est-elle une vue de l'esprit? Le choix de ses chaussures, l'hygiène de ses pieds,
    bonnes ou petites manières, gestes pour se déchausser ne révèlent-ils pas
    l'homme et l'âme aussi justement que ses furoncles ou ses rythmes cardiaques ?
    Ainsi Frank Nau, passé d'apprenti vendeur après un stage à Fougères, s'est-il porté
    acquéreur d'un atelier en Dordogne. Il tourne sur les marchés, négocie ses ventes,
    ce qui lui rapporte de quoi rembourser l'essence et l'usure mécanique.
    La camionnette s'ouvre par un auvent latéral, exhibant les chaussures en boîtes
    munies de leurs sous-marques : Varamion, Lady-Shop, Princesse Anne – il faut bien vivre.
    Et, pour l'orgueil, les prix et délais des chaussures sur mesure, « couture trépointe ».
    Au sein de ces féeries lui reviennent parfois certaines réflexions hors-saison
    sur la minceur de ses performances scolaires, et sur l'argent qu'il devrait à son frère médecin,
    s'il prenait envie à ce dernier de se laisser rembourser.