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Textes publiés - Page 13

  • Avec un peu d'avance

    TIRE DU PETIT LIVRE DES FETES RELIGIEUSES AUX EDITIONS DU BORD DE L'EAU

     

     

     

    ROCH HACHANA

    Le Nouvel an juif

    La tête de l'année”

    Chana”, “l'année”, est apparenté au verbe “chana”, changer.

     

     

     

    DATE

    Sur la chaise.JPG

    Le Jour de l'an se fête les 1er et 2 tishri (septembre-octobre), soit le premier jour du septième mois – comme si nous nous souhaitions la bonne année le premier juillet ; on ne fête plus le 1er du premier mois, celui du printemps (“aviv”) à l'exception des caraïtes, qui ne respectent pas en l'occurrence les prescriptions rabbiniques ; nissan se réfère à la date de la sortie d'Egypte (jour de la Pâque, de Pessah).

    En terre d'exil (en galout), depuis la fin du Moyen Âge, Roch Hachana, seule de toutes les fêtes, se célèbre sur deux journées entières en raison de l'impossibilité de faire coïncider les dates en toutes les parties du monde ; y compris en Israël... C'est même en ce jour que le monde fut créé - à la plus antique religion devait revenir l'idée de commémorer la date même de la création de l'univers - “le jour de l'accouchement du monde”. Le calendrier se serait donc déjà trouvé en vigueur avant la création du monde - certains l'affirment également de la Torah. Bien d'autres anniversaires se célèbrent aussi ce jour-là : celui du jugement et du pardon de notre ancêtre Adam, et pour certains celui de la création même d'Adam et Eve ; le premier jour de la création serait alors le 25 éloul.

    Des femmes stériles ont conçu ce jour-là un enfant, particulièrement Sarah (qui engendra Isaac) et Rachel (Joseph le Patriarche ; ce dernier fut libéré ce jour-là de prison pour devenir vice-pharaon d'Egypte) – de même, le travail forcé des Hébreux a pris fin ce jour-là en Egypte (sept mois avant la Pâque ?) et la rédemption aura lieu également à Roch Hachana. Roch Hachana concentre donc tous les commencements et toutes les fins du monde, dans une perspective eschatologique globale, point de départ et aboutissement du big bang divin !

    Ajoutons à cela le sacrifice d'Abraham, dont le fils Isaac fut remplacé par un bélier : c'est à cette occasion que retentit pour la première fois le son du chofar ; à la suite de cette preuve d'obéissance intervint l'alliance de Yahweh et de son peuple. Abraham fondait ainsi, le jour même de l'anniversaire de la création du monde, la religion unique par excellence, la religion juive. Il fondait du même coup, par un élargissement ultérieur de la même alliance sacrée, la religion chrétienne : d'une part, en refusant le sacrifice d'Isaac, Dieu enseigne à sacrifier son animalité intérieure et non à tuer l'homme, et d'autre part, ce sera le sacrifice du Christ qui mettra un terme aux abattages d'animaux ; le fils non plus du patriarche, mais de Dieu le Père lui-même...

    DATES

    En 2010, Roch Hachana se célèbrera les 9 et 10 septembre (5771)

    2011 (5772) : 29 et 30 octobre

    2012 (5773) : 17 et 18 septembre

    On rappellera que la fête de Roch Hachana n'est pas observée par les caraïtes, qui observent strictement la Torah, rejetant la tradition rabbinique.

    RITES, LITURGIE

    En souvenir justement du bélier que l'ancêtre Abraham sacrifia en lieu et place de son fils, la sonnerie du chofar (corne de bélier) (qui retentit pour la première fois ce jour-là) revêt une importance primordiale. Cette sonnerie est aussi caractéristique de la religion juive que celle des cloches pour le chrétien, ou l'appel du muezzin pour le musulman. Mais plus encore, dans la religion juive, elle représente l'apogée du sentiment originel d'union à Dieu.

    Le chofar doit retentir cent fois (signe de bénédiction totale) pendant les cérémonies de Roch Hachana, différemment réparties selon les communautés (les juifs comme les musulmans n'ont pas d'autorité unique à l'instar du pape, chaque groupe suivant donc sa coutume).

    Prières, chants et poèmes liturgiques ou “piyyoutim” se succèdent ainsi durant les deux jours de la célébration de Roch Hachana. Nous n'allons pas énumérer tous les détails des cérémonies, nos lecteurs n'ayant pas tous vocation à exercer des fonctions liturgiques à la synagogue. Retenons simplement que, le premier jour, on lit le récit des naissances d'Isaac et de Samuel. Le lendemain, celui du sacrifice d'Isaac, et les rares versets de Jérémie où il est question d'espérance : “Poussez des cris de joie sur Jacob; éclatez d'allégresse à la tête des nations !”

     

    BENEDICTIONS PRODIGUEES LE JOUR DE ROCH HACHANA

    Baroukh ata Adonay elohénou Malekh Aolam chéhéhiyanou vékiémanou véhiguiyanou lazémane hazé : Béni sois-Tu notre Dieu Roi de l'Univers qui nous a fait vivre, subsister et parvenir à ce moment-là.

    Lé chana tova tikatevou – Soyez inscrits pour une bonne année (Chana Tova !)

  • Languedoc en juin, très chaud

    Plus tard j'ai droit au discours antiaméricain (« c'est eux qui polluent toute la planète ») (pas nous peut-être ?), au discours palestinien : « Salauds d'Israéliens avec leur génocide » - génocide ?! « Si nous revenions aux frontières de 1967, en une demi-journée, tout l'Etat israélien disparaîtrait » - ajoutez que ce serait bien fait pour leur gueule, n'est-ce pas,  ils l'auraient cherché, comme les juifs, exactement comme les juifs...

    X

     

    La Filature : un portail plein cintre, aux planches vertes verticales à gros nœuds dans le bois. Ca ne paye pas de mine. Sur son flanc droit, à l'extérieur, le bâtiment se fait longer par une allée de gravillons crissants où cuisent les automobiles. Le soleil peu à peu les ronge, dans son avancée féroce à travers les vitres, dès midi pile. Tout au fond de cette allée, passé la haie, plus en arrière, se tient le concurrent : Restaurant des Cavernes, vert de haine, qui contestent le droit de se garer sur [leur] accès. Le cadastre les a déboutés. Nous passons donc à main gauche une voûte plate au sol pavé de galets bien serrés sur tranche et polis par les bêtes.

    Au restaurant Ouvrard.JPG

    A se tordre les chevilles ; au-dessus, le plafond carré vibre sourdement sous les pieds des occupants : l'escalier qui s'ouvre à gauche, dans l'épaisseur de l'embrasure, mène aux chambres de la mezzanine intérieure, et face à lui, une logette à hautes vitres prend le jour entre de fins montants de fer. C'est là que siège Vrouw Debelges à son bureau devant ses registres. La cour est en gravier crissant. Le moindre pas d'intrus s'y répercute. À gauche un puits grillagé, l'espalier au centre sous l'escalier de façade en balafre vers le logis de maître et la galerie de l'aile droite, ancien atelier aménagé en chambres. Nos hôtes, Monsieur Gar et Madame, petit Languedocien et grande Bruxelloise. Deux chambres à touristes en fond de cour, la plus petite sans fenêtre (hublot d'arrière donnant sous appentis, comme un œil terne (darne) dans le noir ; on devine un vélo dans l'obscurité). La plus grande pièce sur cour, fenêtrée, lumineuse, plus chère, avec du lierre, donne sur la potence à puits d'en face : un vrai puits frais où trempent les bouteilles («le rosé ça se boit trétréfré, trétréfré – sinon c'est dégueulasse ») ; le père jeune encore en short les remonte rangées dans le casier en tournant la chaîne sur le tambour en bois. Nous logeons dans la mauvaise chambre, l'obscure ; la lumière, la vraie, celle du jour, entre par la porte, à l'ancienne, dans la grande cuisine verte. Nos hôtes nous offrent la première année un certain petit jus macéré de pommes acides du Vigan, sans alcool et rafraîchissant après notre nuit blanche à Mazamet : nous avons porté plainte par écrit sur injonction de l'hôtelier pour tapage nocturne, occasionné par des maghrebs avec leur raï de merde.

    La première année donc à Ste-Pulles une bouteille entière ; la deuxième un seul verre, et la troisième rien, tant pis. Nos chambres à nous s'ouvrent au fond à gauche, passé le gravier criard et le puits : baie de plain-pied d'abord sur la cuisine, autres anciens ateliers profonds, pièce fraîche, résonnante et verte, plafond de trois voûtes accolées aux arêtes de fer, un seul pilier de fonte sur la gauche dans un angle : notre gîte est dans ce recoin, porte de droite. Nos lits superposés, sans fenêtre sauf sous l'auvent d'arrière : un oculus ovale sur la pénombre, où l'on distingue un vieux vélo, des outils, un tarare. Nous marinons dans les reflets d'aquarium sale du hublot sur préau. Nous lisons à la lampe en plein jour ; ou bien nous l'éteignons et somnolons ; dormons, dormons longtemps.

  • Le nouveau Péguy sans images

    Mes sources (Forschungsquellen) sont les textes mêmes de Péguy, aux vieilles éditions de la Pléiade. Et le “Lagarde et Michard” du XXe siècle, où Claudel et Péguy à eux seuls (édition 1962) font, occupent à eux seuls 79 (soixante dix-neuf) pages, respectivement 37 et 41).. Céline : une seule page (“un auteur bien noir”), Artaud, pas même un nom - Lagarde et Michard donc n'ont pourtant pas manqué de flair, eux qui citent en dernière page Beckett, Ionesco (théâtre) ; Bataille et Blanchot (“théoriciens”) ; Robbe-Grillet, Sarraute, Butor (pour le roman) - le dernier texte est tiré d' Un Balcon en forêt de Gracq : “Peut-être qu'il n'y a plus rien ?”)

    Recoin.JPG

    Péguy nous dit ce qu'obscurément nous attendions : que nul ne connaît les secrets de l'histoire, même littéraire ; que tous ceux qui ont cru déchiffrer ses obscurs panneaux se sont toujours lourdement trompés ; si grands que soient nos espoirs ou nos anathèmes, l'Histoire enfantera toujours plus d'imprévisibles mystères que nous n'aurions jamais su en imaginer. Il n'y a pas de sens de l'Histoire.

     

    Péguy contre la prédestination

    Péguy en effet se prononçait contre toute prédestination individuelle.

    Ou bien tout repose sur le diviseur zéro, le diviseur absurde (car diviser par zéro n'est pas même zéro ; c'est proprement, mathématiquement, inconcevable). L'homme, en ce point d'intersection entre l'inexorable horizontale du plan temporel humain et la verticale, couperet de Dieu –– tire de sa substance et de sa rage l'acte et la parole : et chacun, à l'instar du Maharal de Prague, façonne son propre nocturne Golem.

    - ou bien Dieu a tellement aimé l'homme qu'il l'a créé libre - et dans cet espace de liberté et d'amour laissé par Dieu (posons Dieu comme “x) : l'homme ne s'en jettera pas moins dans le pari fou de la vie et de la reproduction, sous le regard d'amour de la Lumière. Et d'un abîme à l'autre éternellement il balance. Libre dans son espace ainsi que la fourmi dna son itinéraire entre les graviers que la botte ne parvient pas à écraser. Péguy ne fera baptiser aucun de ses fils : "Il faut se méfier des curés. Ils n'ont pas la foi, ou si peu.”.

     

     

    Généalogie, ou retour à l’obscur

    Toute généalogie est nécessairement, avant tout, cosmologie. Notre famille est en effet condition nécessaire de notre venue au monde.

    Le père de Péguy, Désiré, mourut quand il avait dix mois.

    Toute cosmologie implique mythologie. Mais que tous ces morts (syndrome de Barrès) parleraient par notre bouche, exerceraient leurs droits sur nous, je n'y crois pas. Je ne saurais y croire. Je ne saurais descendre de toutes ces générations bornées, deux, puis quatre, puis seize, telles que les présente, exigeantes, tutélaires, Charles Péguy. Cadavre dans son placard : « le grand-père Jean-Louis, vigneron qui travaillait la terre (...) grand buveur, il roula sous un train à l’âge de quatre-vingt un ans, le 20 mai 1885, et son petit fils n’en parlait pas » (Simone Fraisse, Péguy, aux Ecrivains de toujours, éditions du Seuil).

    Comme les peuples légendaires, certains sont descendus des dieux, de nulle part. Ex nihilo. Péguy, non.

  • Sous la musique












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    Les hortensias bleus, clin d'oeil à Monjtesquiou.JPG







    Bien que la fille Bost, prostituée r
    angée, participe aux orgies modérées de Châteauneuf-en-Bousse
    (quand le
    Docteur à jeun s'y rend en vacances), il lui reste son « ouverture sur le Bassin ; là-bas,
    son alliée reste la propre épouse de
    Fat Ben Zaf. Autant ce dernier, directeur de son stage, rouge
    et
    haletant (combien de temps encore ?), autant sa compagne se borne, discrète, attentionnée, à
    l'office du bar. C'est un
    jazz bien commode pour elles deux, que ces swings tonitruants - deux
    proches ainsi se constituent, par-dessous
    la chute des cuivres, un de ces tunnels de fréquences
    béni
    es des sourds et audibles d'eux seuls. Mais que survienne un fils - ou un neveu – qu'est-ce
    que tu peux bien entendre avec le son si bas -
    qui force le volume et tout se brouille. Le sourd se lève et s'en va. « BCBG » est le surnom donné par Fat Ben Zaf à sa femme.
    Femme aux longs cheveux blonds serrés en queue de cheval, meilleure et seule alliée d'
    Héléna,
    dont elle n'ignore pas la profession.

  • Le gros Zimprézario

    Le biberon des pieds.JPGIl paie bien. L'homme aussi trouve son compte aux relations qu'on appelle "machistes" : la femme
    protège l'homme.
    De l'autre côté de la table à café grouillent le gros Arabe et son bourbon : "Je
    m'appelle Ben Zaf, "Fils du Vent" - « Fils de Plus » rectifie le médecin. Abdel lui jette un
    œil noir :
    « 
    Je prends 20%. Vous exposerez ici dans mon bar, quels espaces désirez-vous occuper ? lit de gravier,
    rigole de galets ?"
    Le bar est immense. Une structure en bois sur pilotis, face au port de La Teste
    envasé 14h/24. Pinasses sur le flanc. La salle en contient une, fine, briquée au brou de noix, suspendue
    niveau mezzanine, laquelle prend trois murs sur quatre. Sous la quille, le bar en
    spina (ce long mur de
    séparation des cirques romains) où se perchent spectateurs téméraires et serveurs. Et de partout,
    Gironde, Rhône, Aveyron, viennent des peintres et des sculpteurs pour profiter de l'air du Bassin
    et du brai de calfatage. Ben Zaf halète, boit peu, tend à bout de bras des contrats que chacun signe
    et signe. Les exposants occupent de grands pans de murs près du bar, ou de hautes surfaces boisées
    tenant les deux étages, quoi qu'il soit impossible d'accéder à bord même de la pinasse, qui
    tomberait et fracasserait tout.
    Ben Zaf se vante d'une excellente idée : ajouter un swing à fendre les tympans, avec un grand
    piano au fond et son
    big band de quinquagénaires ou plus, hilares sur la photo, "pour le vernissage".
    Pour l'instant, les oreilles de Maatz et de sa grue se font déchiqueter par une salsa sauvage à peu
    près aussi mélodieuse que du verre pilé au fond d'une lessiveuse. Mais 20 % de réduction poussent
    à l'indulgence, et crier pour s'entendre rend jovial. Pour l'instant les buts du Dr Pascal sont encore
    obscurs.