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Le nouveau Péguy sans images

Mes sources (Forschungsquellen) sont les textes mêmes de Péguy, aux vieilles éditions de la Pléiade. Et le “Lagarde et Michard” du XXe siècle, où Claudel et Péguy à eux seuls (édition 1962) font, occupent à eux seuls 79 (soixante dix-neuf) pages, respectivement 37 et 41).. Céline : une seule page (“un auteur bien noir”), Artaud, pas même un nom - Lagarde et Michard donc n'ont pourtant pas manqué de flair, eux qui citent en dernière page Beckett, Ionesco (théâtre) ; Bataille et Blanchot (“théoriciens”) ; Robbe-Grillet, Sarraute, Butor (pour le roman) - le dernier texte est tiré d' Un Balcon en forêt de Gracq : “Peut-être qu'il n'y a plus rien ?”)

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Péguy nous dit ce qu'obscurément nous attendions : que nul ne connaît les secrets de l'histoire, même littéraire ; que tous ceux qui ont cru déchiffrer ses obscurs panneaux se sont toujours lourdement trompés ; si grands que soient nos espoirs ou nos anathèmes, l'Histoire enfantera toujours plus d'imprévisibles mystères que nous n'aurions jamais su en imaginer. Il n'y a pas de sens de l'Histoire.

 

Péguy contre la prédestination

Péguy en effet se prononçait contre toute prédestination individuelle.

Ou bien tout repose sur le diviseur zéro, le diviseur absurde (car diviser par zéro n'est pas même zéro ; c'est proprement, mathématiquement, inconcevable). L'homme, en ce point d'intersection entre l'inexorable horizontale du plan temporel humain et la verticale, couperet de Dieu –– tire de sa substance et de sa rage l'acte et la parole : et chacun, à l'instar du Maharal de Prague, façonne son propre nocturne Golem.

- ou bien Dieu a tellement aimé l'homme qu'il l'a créé libre - et dans cet espace de liberté et d'amour laissé par Dieu (posons Dieu comme “x) : l'homme ne s'en jettera pas moins dans le pari fou de la vie et de la reproduction, sous le regard d'amour de la Lumière. Et d'un abîme à l'autre éternellement il balance. Libre dans son espace ainsi que la fourmi dna son itinéraire entre les graviers que la botte ne parvient pas à écraser. Péguy ne fera baptiser aucun de ses fils : "Il faut se méfier des curés. Ils n'ont pas la foi, ou si peu.”.

 

 

Généalogie, ou retour à l’obscur

Toute généalogie est nécessairement, avant tout, cosmologie. Notre famille est en effet condition nécessaire de notre venue au monde.

Le père de Péguy, Désiré, mourut quand il avait dix mois.

Toute cosmologie implique mythologie. Mais que tous ces morts (syndrome de Barrès) parleraient par notre bouche, exerceraient leurs droits sur nous, je n'y crois pas. Je ne saurais y croire. Je ne saurais descendre de toutes ces générations bornées, deux, puis quatre, puis seize, telles que les présente, exigeantes, tutélaires, Charles Péguy. Cadavre dans son placard : « le grand-père Jean-Louis, vigneron qui travaillait la terre (...) grand buveur, il roula sous un train à l’âge de quatre-vingt un ans, le 20 mai 1885, et son petit fils n’en parlait pas » (Simone Fraisse, Péguy, aux Ecrivains de toujours, éditions du Seuil).

Comme les peuples légendaires, certains sont descendus des dieux, de nulle part. Ex nihilo. Péguy, non.

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