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Le Clézio, ron, ron...

Pine ivre.JPGNos deux filles, ennemies inséparables, arrivent au Kremlin-Bicêtre si cher à Fernand Raynaud, Maubeugeois d'honneur : "Malraux, Disney, au Kremlin-Bicêtre, c'était notre nouveau monde" (retour aux sources lecléziennes). Un endroit bizarre, à moitié accroché à un tertre, des immeubles alentour, des rues qui ont l'air d'aller nulle part" (on allait le dire), sauf l'autorouote avec son bruit de fleuve en crue, et le grand cimetière de l'autre côté. Au début Bibi et moi nous nous bouchions le nez quand nous passions par là, on faisait ça autrefois devant le cimetière sur la route de l'école à Takoradi" - qu'est-ce qu'ils sont primitifs ces gens-là, ils ne sont pas près de s'assimiler je vous le dis, "Attaque aux radis!" "Et puis tous ces gens, dans le métro, dans les bus, à pied dans les rues, ces gens qui ne s'arrêtaient jamais. Très vitre on a appris qu'il fallait effacer le passé. Pour moi c'était facile, parce que ça faisait longtemps que je n'avais plus de vie. Tout ça là-bas était frappé d'irréalité" - c'est vrai, Modiano nous fait ce coup-là aussi. "Mais pour Abigaïl (elle ne voulait plus que je l'appelle Bibi) c'était presque insurmontable. Quand elle revenait du collège du 14-Juillet" ( ce n'est pas l'école primaire de Troyes), "elle s'enfermait dans sa chambre avec ses poupée, ses photos, avec les magazines de mode que Chenaz" (le père) "ramenait du boulot, car la Madame Badou" (la mère) "avait trouvé à travailler comme secrétaire chez un dentiste de la rue Friant, qui était aussi son amant", car dans les livres, les vagins sont voraces. Monsieur Badou, lui" (le père), n'avait plus sa place parmi nous. Après un passage par Paris il était allé vivre en Belgique, il était devenu factotum dans un restaurant populaire" ( ou garde-barrière dans l'aviation sous-marine on n 'en a rien à foutre) "au bord de la mer du Nord. Il avait bien essayé de reprendre Bibi, mais Chenar" (la mère) "n'avait pas voulu, elle avait fait une croix sur leur histoire commune, elle avait même demandé le divorce. Tout ça pour moi n'avait pas beaucoup d'importance. C'étaient les trucs et les machins des adultes, qui ne se soucient que d'eux-mêmes." Bien vu Le Clézio pour se glisser dans les jeunes filles. "Mais celle qui m'attristait, c'était Bibi, parce que je voyais bien qu'elle ne s'en remettait pas. Je restais avec elle après l'école, je la regardais tourner les pages des magazines ou bien tresser les cheveux de ses poupées comme si elle avait encore dix ans. On parlait un peu, on faisait semblant d'être encore là-bas, dans la maison banche" (évidemment, pas noire), avec le jardin et la guenon Chuchi, la chienne Zaza" (amie intime de Simone de Beauvoir), le chien-loup et les oiseaux", l'un dans l'autre, et que ça devait durer toujours", et toujours en été. Un jour on se réveillerait, et tout serait comme avant", comme dans la jeunesse de Finkielkraut.

"Elle s'endormait dans mes bras, je caressais ses cheveux soyeux. Je lui chuchotais des histoires". Arrêtons, les larmes coulent, comme après quatre ou cinq bâillements. De deux choses l'une : ou bien la dimension littéraire n'a plus rien à nous apporter, ou bien le lecteur que nous sommes n'est plus capable de lire que des choses qui le concernent directement, comme les immigrés (ceux de maintenant, pas ceux des années 6o), Marine Le Pen ou la tronche à Hollande. Mais c'est très banal aussi. Enfin, vu d'ici, à Bordeaux-sur-Garonne. Que dire de plus ? Le titre, Tempête, par Jean-Marie-Gustave-Adolphe-Antonin Le Clézio de la Margelle-aux-Douilles et de l'Académie Française, chez Gallimard.

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