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Languedoc en juin, très chaud

Plus tard j'ai droit au discours antiaméricain (« c'est eux qui polluent toute la planète ») (pas nous peut-être ?), au discours palestinien : « Salauds d'Israéliens avec leur génocide » - génocide ?! « Si nous revenions aux frontières de 1967, en une demi-journée, tout l'Etat israélien disparaîtrait » - ajoutez que ce serait bien fait pour leur gueule, n'est-ce pas,  ils l'auraient cherché, comme les juifs, exactement comme les juifs...

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La Filature : un portail plein cintre, aux planches vertes verticales à gros nœuds dans le bois. Ca ne paye pas de mine. Sur son flanc droit, à l'extérieur, le bâtiment se fait longer par une allée de gravillons crissants où cuisent les automobiles. Le soleil peu à peu les ronge, dans son avancée féroce à travers les vitres, dès midi pile. Tout au fond de cette allée, passé la haie, plus en arrière, se tient le concurrent : Restaurant des Cavernes, vert de haine, qui contestent le droit de se garer sur [leur] accès. Le cadastre les a déboutés. Nous passons donc à main gauche une voûte plate au sol pavé de galets bien serrés sur tranche et polis par les bêtes.

Au restaurant Ouvrard.JPG

A se tordre les chevilles ; au-dessus, le plafond carré vibre sourdement sous les pieds des occupants : l'escalier qui s'ouvre à gauche, dans l'épaisseur de l'embrasure, mène aux chambres de la mezzanine intérieure, et face à lui, une logette à hautes vitres prend le jour entre de fins montants de fer. C'est là que siège Vrouw Debelges à son bureau devant ses registres. La cour est en gravier crissant. Le moindre pas d'intrus s'y répercute. À gauche un puits grillagé, l'espalier au centre sous l'escalier de façade en balafre vers le logis de maître et la galerie de l'aile droite, ancien atelier aménagé en chambres. Nos hôtes, Monsieur Gar et Madame, petit Languedocien et grande Bruxelloise. Deux chambres à touristes en fond de cour, la plus petite sans fenêtre (hublot d'arrière donnant sous appentis, comme un œil terne (darne) dans le noir ; on devine un vélo dans l'obscurité). La plus grande pièce sur cour, fenêtrée, lumineuse, plus chère, avec du lierre, donne sur la potence à puits d'en face : un vrai puits frais où trempent les bouteilles («le rosé ça se boit trétréfré, trétréfré – sinon c'est dégueulasse ») ; le père jeune encore en short les remonte rangées dans le casier en tournant la chaîne sur le tambour en bois. Nous logeons dans la mauvaise chambre, l'obscure ; la lumière, la vraie, celle du jour, entre par la porte, à l'ancienne, dans la grande cuisine verte. Nos hôtes nous offrent la première année un certain petit jus macéré de pommes acides du Vigan, sans alcool et rafraîchissant après notre nuit blanche à Mazamet : nous avons porté plainte par écrit sur injonction de l'hôtelier pour tapage nocturne, occasionné par des maghrebs avec leur raï de merde.

La première année donc à Ste-Pulles une bouteille entière ; la deuxième un seul verre, et la troisième rien, tant pis. Nos chambres à nous s'ouvrent au fond à gauche, passé le gravier criard et le puits : baie de plain-pied d'abord sur la cuisine, autres anciens ateliers profonds, pièce fraîche, résonnante et verte, plafond de trois voûtes accolées aux arêtes de fer, un seul pilier de fonte sur la gauche dans un angle : notre gîte est dans ce recoin, porte de droite. Nos lits superposés, sans fenêtre sauf sous l'auvent d'arrière : un oculus ovale sur la pénombre, où l'on distingue un vieux vélo, des outils, un tarare. Nous marinons dans les reflets d'aquarium sale du hublot sur préau. Nous lisons à la lampe en plein jour ; ou bien nous l'éteignons et somnolons ; dormons, dormons longtemps.

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