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Le Singe Vert - Page 17

  • Modiano

    Dans le café de la jeunesse perdue, voilà bien un titre à la Modiano. Ils le sont tous, d'ailleurs, et tout a été dit, ce qu'il apprécierait par dessus tout : une interminable galerie de personnages brumeux et nocturnes, qui apparaissent, laissent leur adresse au Mexique ou à Majorque (certains ignorants s'obstinent à prononcer Mayorque), puis disparaissent dans le brouillard d'où ils sont sortis. On ne sait ni qui ils sont, ni à quelles activités ils se livrent, comme le marché noir en pleine guerre, ce qu'aurait fait le père du narrateur. Il faut évidemment très bien avoir connu Paris, l'île aux Cygnes, le carrefour de l'Odéon, et ce que dans ce roman Patrick Modiano appelle les « zones neutres », ou les « trous noirs », où tout finit par se faire absorber, même les rayons X.

    L'auteur pénètre dans un café, aujourd'hui disparu, décrit et rencontre ces personnages que nous avons tous connus dans nos jeunesses y compris provinciales : que sont devenus Sibylle, éternel étudiant de médecine, et Nouméa, de Nouvelle-Calédonie ? Ici, des auteurs, de Vere, Flamand mystique adepte de la Lumière verte et chantre de l'Éternel Retour chanté par Nietzsche dans l'épouvante, une femme, Jacqueline dite Louki, dieu du mensonge chez les scandinaves. Heureusement, l'auteur couche avec elle, car nous ne supporterions plus qu'une fille aussi évanescente n'arrive pas à faire l'amour, puisqu'elle n'attache d'importance à rien. Elle apparaît, la première fois dans ce fameux Café transformé en maroquinerie de luxe, en compagnie alors d'admirateurs très vagues.

    Personne là-bas ne connaît la véritable identité de personne, le narrateur se fait appeler Roland, qui sonne aussi bien comme nom de famille que prénom, et tout le monde est un personnage célèbre ou le deviendra, que sont devenus Gary, Carole Moreau et Trottereau prononcé « Trotro », qui dansait comme un pied ? Nous pensions tous que nous formions à nous tous une grande confrérie touchée par la grâce, à qui les dictionnaires et la destinée accorderaient un nom collectif, « École de Bordeaux » ou « Les fondus de St-Germain ». Puis nous sommes repartis dans nos limbes, cherchant des reflets à travers les vitres, ou tout tremblants d'apercevoir dans les reflets tel ou tel ogre qui nous aurait fait du mal ou nous en méditerait.

    Nous enquêtons, seuls ou avec Louki, la jeune mariée tout en noir que nous nous farcissons dans les hôtels riches ou semblables à des bouges, de l'Étoile à République ou Répubis, juste après le dernier métro. Le mari attendrait ou n'attendrait pas, perdu dans sa propre réception mondaine. « Modiano » ressemble à « mondain ». Il règne en sa personne vêtu d'un domino sombre une grande nostalgie, une persistance d'aristocratie vénitienne à retenir sur l'eau les îles fondantes, une curiosité pour tout ce qui coule au plus profond des annuaires déchirés. C'est la première fois que je lis l'existence d'une femme si collante, si confiante, avec laquelle marcher dans les rues sans se poser d'autres questions que des essais de reconstitutions : qu'ai-je fait de ma jeunesse, de mon temps perdu ? Nous en sommes là, toujours, ou par crises vaguement, délicieusement douloureuses. Peut-être est-ce un peu facile ? Peut-être nous perdons-nous tous entre les paragraphes de cette recette à mélancolies, mais la facilité, le laisser-aller, la pente molle, les sommets ou le Grand Bleu, cela se paye, très cher, la mélancolie n'est pas moins mortelle que l'enthousiasme, les regrets rejoignent l'espoir dans le grand catafalque de nos vies intenses, et nous n'étreignons que de l'eau.

    Vert et bistre DGa.JPG

    Il est bon de lire un Modiano tous les cinq ans, « une page chaque soir avant de s'endormir », par périodes, « en continu » (streaming en français, en arabe au prochain numéro) ; les romans de cet homme sont de ces bandes insécables de pansements, sont de ces fragments bout à bout à l'infini, tu me chatouilles, que sont devenues Sylviane et Martine, en Modiano c'est tout l'infini qui gît, tu apparais, tu disparais, ne reste que l'éclat de tes paillettes, c'est la disparition, le vide de Blanchot, mais avec quelque chose dedans, le pédantisme en moins, Cioran, le ricanement en moins. C'est l'Enfer de Dante et Virgile, supplices en moins, plutôt cette prairie d'asphodèles autour du palais de Pluton-Hadès dieu des morts, où errent indéfiniment toutes les âmes non enterrées, sans couche de terre ou libations, avant de monter dans la barque de Charon, que les analphabètes prononcent de plus en plus Sharon alors que le premier arshéologue venu vous donnerait la prononciation exacte, qui ne sert à rien et dont tout le monde se fout (ne rigolez pas, c'est l'argument très exact des connards).

    Mais avant de nous égarer dans le marais parisien et de nos conneries, reprenons l'atmosphère brumeuses des dernières pages : toujours le même imperceptible courant du canal, inépuisable train de péniches à souvenirs au long du bastingage tous les personnages agitent les bras vers nous : «À bientôt… À jamais… À bientôt… À jamais... » Prenons les dernières pages, ce qui forme l'explicit, et non pas l'excipit, qui signifie l'extrait, bande de sous-latinistes avariés du cul :

    le narrateur, un Modiano, nous parle de sa compagne du Paris nocturne, elle-même en recherche d'un garage où vivait un amant de sa mère à elle :

    « Je l'ai vue sortir par la petite porte du garage. Elle m'a fait un signe du bras, exactement le même que celui de l'autre fois, quand je les attendais, elle et Jeannette Gaul, l'été, sur les quais. Elle marche vers moi de ce même pas nonchalant, et l'on dirait qu'elle ralentit son allure, comme si le temps ne comptait plus. Elle me prend le bras et nous nous promenons dans le quartier. C'est là que nous habiterons un jour. » Modiano, c'est du Proust dégraissé (l'apparition fantomatique des jeunes filles en fleur sur la plage de Cabourg, le goût de la madeleine toujours sur le point d'aboutir, un interminable défilé de diapositives en négatif), au fond duquel, comme un marc de café dans une tasse, passé ou présent se mélangent, avec ce fameux et si poignant futur que nous avons bercé dans ces temps-là, tous disparus avec leur propre avenir.

    « D'ailleurs, nous y avons toujours habité. Nous suivons de petites rues, nous traversons un rond-point désert. Le village d'Auteuil se détache doucement de Paris. Ces immeubles de couleur ocre ou beige pourraient être sur la Côte d'Azur, et ces murs, on se demande s'ils cachent un jardin ou la lisière d'une forêt. Nous sommes arrivés sur la place de l'Église, devant la station de métro. » Quel amour. Quelle ciselure. « Le village d'Auteuil se détache doucement de Paris ». Juste admirer le velouté des dentales. Le mélange avec la plus distante province. Bordeaux la nuit, même atmosphère diluante mais plus acérée cependant.

  • Silbermann de Lacretelle

    Silbermann de Lacretelle est un ouvrage que l'on donnait volontiers à étudier dans les écoles vers 1960, pour lutter contre l'antisémitisme. Et puis les programmateurs se sont ravisés : cet ouvrage était finalement plus ambigu que réellement efficace. En effet Silbermann est un jeune homme de troisième, si mes souvenirs sont exacts, un être sombre, torturé, extrêmement douén charmeur, bref, tout ce qu'il faut pour qu'on éprouve à son égard une passion d'amitié exaltée commem il s'en trouvait dans les collèges unisexes de ces temps-là. Celui qui tombe sous son charme, c'est un jeune homme de bonne famille parisienne, vaguement noble, bourgeoise, un “de Lacretelle” par exemple : élément autobiographique assez probable.

    Jusqu'ici, ce jeune Parisien chrétien fréquentait un autre jeune homme de son millieu, très versé en chasse à courre et en automobiles décapotables. Or Silbermann attire l'inimitié de tous ceux de sa classe. Non seulement parce qu'il est nouveau, mais aussi parce qu'il se révèle de loin le meilleur élève, ce que nos jeunes potaches distingués ne peuvent tolérer. Enfin, tous se mettent contre lui, d'autant plus qu'il est juif, comme on n'a pas tardé à le découvrir. Et l'histoire se passe au moment de la réhabilitation du capitaine Dreyfus. Figurez-vous en effet que cette réhabilitation a entraîné dans une certaine opinion publique un regain irrationnel d'antisémitisme, mais qu'avions-nous besoin d'ajouter “irrationnel”. Silbermann se fait insulter, rouer de coups, et notre narrateur de le prendre sous sa protection, s'attirant les sarcasmes de ses condisciples, et la désaffection de son ancien camarade, qui se voit supplanter par un grand escogriffe basané, voire franchement verdâtre. Rassurez-vous braves antisémites, le directeur ne tardera pas à mettre à la porte celui par qui le scandale arrive, c'est la victime qui sème la pagaïe le refrain est bien connu. Jacques de Lacretelle a donc voulu bien faire.

    Vas-y Pépé, on m'a parlé de toit. dgA.JPGMais il semble qu'il ait manié le pavé de l'ours. Je ne sais jusqu'à quel point il aurait repris à son compte les discours de Silbermann, mais il est assez fâcheux que ce jeune juif ne trouve pour motif de ses persécutions que la jalousie : les élèves de cet excellent établissement, comme leurs bourgeois de pères, ne peuvent supporter la concurrence, dans les résultats scolaires comme dans les opérations commerciales. En fait les juifs seraient plus intelligents, plus vifs, plus dynamiques, ils mériteraient les postes-clés qu'ils occuperaient, et les belles demeures du seizième qu'ils ont fait construire. Ils sont le ferment de la nation française en l'occurrence, ils sont le sel de la terre, et possèderont un jour un pays qui leur appartiendra, et où personne ne les persécutera.

    L'ennui, dès qu'on veut défendre une communauté, ne parlons pas de race (Silbermann en parle, mais il faut dire, et j'aurais peut-dû préciser dès le début que “Silbermann” est antérieur à la Seconde Guerre mondiale donc à Auschwitz), c'est que l'on débouche sur la maladresse meurtrière. Les Juifs, les Arabes, les Belges, les blonds et ceux dont le nom commence par D ou F ne sont ni pires ni meilleurs que les autres, ni surtout meilleurs. Insister sur les prétendues qualités spécifiques du peuple juif ou de tout autre peuple, c'est donner des armes aux racistes et xénophobes de tout poil, aux égalitaristes qui ne peuvent supporter le moindre relent de supériorité.

    Il est “pour le moins fâcheux” de voir un jeune homme, Silbermann, reprendre les arguments des antisémites, et en faire des leviers de réhabilitation. Il fallait attaquer le problème à la base, c'est-à-dire nier toute différenciation. Un double danger guette les peuples : l'assimilation excessive qui fait perdre l'identité, et la ghettoïsation, pour employer un mot horrible, engendrant le rejet. C'est devenu un lieu commmun, mais ce ne l'était pas à l'époque. Toujours est-il que Silbermann, le livre et le personnage, nous présentent un cas particulier : celui d'une époque, celui d'un milieu social grand bourgeois, celui d'un jeune homme névrosé, trop intelligent pour ses camarades, tourmenté, déjà adulte, insolent, gaffeur car conscient de sa supériorité et ne se gênant pas pour la faire subir – même non juif, même goy, il avait tout ce qu'il faut pour être persécuté.

    Le cas se présente aussi dans l'ouvrage de Schwarz-Bart, où le héros se montre veule, souffreteux et masochiste – voilà : le juif, le type juif, le juif de démonstration, n'existe pas. Ce n'est pas parce qu'un auteur nous présente tel juif, individualisé selon les besoins du roman, qu'il vaudra pour tous les juifs. On ne peut pas généraliser, même en littérature, et toujours il se trouvera que le cas particulier de tel héros ne saurait représenter l'ensemble des juifs, ce qui ruine toute démonstration par le biais romanesque. Le juif, l'homme, n'est pas un produit de laboratoire, on ne peut faire d'expériences, même littéraires, sur lui, le roman ne peut rien démontrer. Et l'on peut toujours dire, après avoir lu le livre de Lacretelle : “Tu vois, tous les juifs sont comme celui-là, orgueilleux et fuyant à la fois”, ou bien “L'ouvrage ne prouve rien, ils ne sont pas tous comme ça”, et chacun d'y aller de sa définition du juif.

  • Des merdes éditoriales

    « Le shit ne devrait pas être légalisé, mais obligatoire. » Nous pensons au pinard obligatoire que préconisait Mgr Coluche évêque de clownerie. Il serait mieux de ne pas être lobotomisés pour pouvoir conserver sa nature humaine. Dans le négatif de mes réactions, j'entrevois ce qu'aurait pu être une véritable critique sereine, qui aurait parlé d'humour léger parsemé de pointes de provocations. L'auteur aura voulu taquiner, exaspérer les vieux bourgeois cons. Peut-être. Les narguer, avec le léger fumet de la jeunesse frivole.

    « Pour que le monde se remette à tourner rond, chacun devrait s'astreindre à fumer cinq pétards par jour !

    Un petit chat dgA.JPG

    « Je refuse la course.

    «  Revendique le droit à la lenteur.

    «  Gagner…

    La ville

    J'entrais dans le grand chemin, une fleur à l'oreille. »

     

    Après tout, cette profession de foi n'est-elle pas légitime ? Ne suis-je pas heureux ne ne plus jamais avoir quoi que ce soit à foutre ? N'aurais-je pas voulu me libérer de toute contrainte ? Au lieu de me tuer dans un métier, n'importe lequel ? Toujours courir, toujours craindre ?

     

    « Clipotis…

     

    « La vitesse supérieure ?

    L'escalade ?

    Les autres drogues ?

    Non, merci.

    «  - Je vais plus loin, dit Ben, s'ils légalisent : j'arrête de fumer.

    Ne retrouvons-nous pas en ces propos l'idéal d'abandon illustré par Into the wild, de Jon Krakauer ? N'y a-t-il pas chez tous ces apparents écervelés un désir de fuir toute autorité, un suicide social ? Il ne s'agit plus pour le critique d'aligner les pointes assassines, mais de faire le tour de ses portes fermées, pour les ouvrir sur des prairies paradisiaques. Avec risque d'évaporation du cerveau, de dissolution de tout lien étatique, social, psychologique ?

     

    « Les œufs dans le panier…

    Badaboum !

    Qu'il est bon le pétard du soir, chante le petit charbonnier…

    Je crois que je suis fait et bien fait.

    J'y vois plus clair. »

    Et si c'était de la poésie ? Minimaliste ? La recherche d'un néant, d'une expérimentation du Ciel ?

     

    « Tire une taffe… éteins le réverbère…

     

    2.

     

    Organise une petite fête à la maison

    Pour étrenner un arrivage de pollen.

    Tout le monde est dans le salon.

    Excepté Arnaud.

    Ne va pas tarder. »

    L'idéal est évidemment d'avoir un frère banquier, qui prétend ne pas fumer. L'hypocrite. Connaissant toutes les combines de fric. À chacun sa bonne fée. Le tout est de la faire agir. En se battant les flancs, tirer d'un livre apparemment nul et rébarbatif une petite leçon en forme de chef-d'œuvre. Ici je souffre.

    « Ben hume le shit et se frotte les mains.

    «  - Toi, Solly, tu nous attaques un deux feuilles. Pour la mise en bouche. Rien qu'à l'odeur, je sens que c'est du sérieux. Qu'est-ce que je vous sers ? »

    Le goût, taam, l'odeur, ce sont des sens méprisés. Il paraît qu'il faut s'ouvrir à tout ce que l'on vous a inculqué. « Touche pas ça, c'est sale. Obéis à l'État. Trouve un travail, cours et ne jouis pas. Enfin très peu, à peine le samedi soir. Oui, il y en a qui disent ça. D'autres qui l'appliquent. Et deviennent aussi fous que les drogués, mais dans l'autre sens.

    « The Mounth Bang, la Lanterne magique, le Poumon troué, le Hollandais volant, le Tube démoniaque, la Tulipe ? Non. Avec un pollen pareil, on va se la jouer cool. Gentil. Je vais vous faire King Kong. » Invention de cocktails magiques et mortels, éblouissement de Peter Pan. Que de détours, et quels itinéraires…

  • L'histoire ancienne ça se't à 'ien

    27 III 493-511

    Tulle dgA.JPG

    Médée. Ricimer surpasse les héros. Il donne le signal des applaudissements de ses deux battoirs à viande. Ceux qui charrient les vaisseaux à travers les montagnes.

     

    28 II 514-524

    Guyon, poète sarthois. A 11 ans j'insultais les modernes avant leur cours d'anglais. Titthon époux de l'Aurore, transformé en cigale. Enfin Anthémius accordé à Rome comme un pion à une classe turbulente. L'Antiquité de l'Antiquité.

     

    29 II 525-548

    Cinq siècles de dictature pour trois de démocratie. Cincinnatus riche proprio. Fin du poème, Sidoine pas encore vomitif. Les Romains reçoivent le soufflet de l'affranchissement. Royaume vandale à conquérir, pourtant bien calme.

    FIN DU CHANT II

     

     

    30 III, 1-10

    Genséric aurait voulu épouser Eudoxie. Il pille Rome (douze ans plus tôt), mais les Vandales n'étaient pas plus vandales que les autres. Ainsi s'achève le plus creux discours jamais composé par Sidoine Carmen Tertium, "envole-toi, libellum, parviens à tes destinataires..." - Pétrus "je cours sous son astre" – "joua un rôle important dans le rétablissement de relations normales entre la cour et les Gallo-Romains vaincus

     

    31

    Nostalgie sentant le renfermé. Sidoine joue l'Horace fugitif, plaçant Majorien plus haut qu'Auguste... Hugo l'a chanté. Un extrait de ce dernier. Mais l'empereur fut empoisonné. Et qu'aurait-il pu faire après la prise de Rome par Alaric en 410 ?

     

    32

    Léon et Majorien consuls ! mais les gestes sont morts. A partir de quand est-il trop tard ? Hésitation des deux, l'un hésitant, l'autre jaloux. Déboule la prosopopée de Roma bellatrix en carton-pâte.

     

    33

    La robe, les putti, le Tibre, la lance...

    34

    Les provinces déposent leurs produits, l'Afrique dépose ses plaintes, veut virer les Vandales...

    35

    V, 61-62, 65-66, 69-80, 88-89

    Les Vandales prennent Rome, mais il n'y a plus de sauveur comme autrefois ! Plus de Scaevola, plus de Coclès ! Défaite précaire des Vandales en Corse.

    36 aucun vers commenté

    Couronnement d'Avitus, père de Papianilla ? Rapports maritaux ? Mystère.

    37 aucun vers commenté

    Avitus, putassier, se fait dégommer. Sidoine entonne les louanges du successeur, empoisonné par Ricimer, louange aussi Anthémius, trouve refuge dans les ordres.

     

    38

    Plus de noblesse ? soit, l"Eglise. Sidoine rejoint son évêché. Les grands auteurs réduits à l'anecdote, à la devinette. Ne pas oublier que la préciosité est en germe dans le principe de la poésie latine, à la métrique importée de Grèce. Rome survient per aethra, c'est en vérité trop de pathos. Plus tard, dégoulinades sacristaines.

  • L'hiver à Prague

    La montée d'escalier dgA.JPG

    Je me suis peu apitoyé sur moi-même au sujet d'un séjour à Prague, Toussaint 28. Cela s'appelle « tenir son journal » (de voyage), ou bien « produire de la philo à deux balles ». La vue de Prague ici proposée occupe la couverture d'un album de cartes postales, sous le titre (en tchèque) « Prague l'hiver », « Praha v zimĕ ». Photo verticale où domine le bleu (Moldau, ciel un peu cirreux) et le blanc de la neige, lui-même voilé de bleu. Le point de jonction des lignes se trouve au pied d'un arbre dépouillé, branches levées liserées de neige : convergent là une palissade en planches brunes couronnées de neige, un parapet crénelé de même, et à l'horizontale, au troisième plan, ce fameux pont couvert d'évêques tout contorsionnés.

    Le pont présente à ses piles des plans inclinés pour diviser le courant. Puis une grande barre indistincte de bâtiments, que dominent, vaguement, mais pas au point de donner leurs noms à la carte elle-même, les inévitables constructions du Hradschin Avossouè. Sans oublier l'horizontale nuée des cirrus d'hiver. Tout cela se rejoint au pied de l'arbre, hivernal, optimiste, accueillant. Y mène aussi, au pied de la palissade austère et soviétique (2028 nouveau style), un conglomérat de neige en boules, qui « bouloche » dirait-on, intacte de la main ou du pied de l'homme. Au pied de l'arbre à droite, juste indiqués, prennent départ deux autres sentes que tronquent le cadre. Ainsi s'effectue, à 40 % de la hauteur, une harmonie artistement décalée de la symétrie stricte.

    Entre la palissade bien rustique et le parapet s'allonge un talus de neige , scindé dans sa longueur par l'ombre modulée des créneaux, rétrécie en s'éloignant de nous, butant sur d'autres planches assemblées, ou sur un mur de terrasse, ou s'effilant en pointe. Ici les yeux, la loupe, ne permettent pas d'en décider. Il serait difficile aussi d'identifier les pierres, les contreforts qui mènent leurs obscurs striages sous les créneaux chapeautés de neige. Tout ce que je peux dire, c'est qu'on se les gèle.