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Le Singe Vert - Page 18

  • La prindoure et le troubacesse

    Quoi de plus convenu que l'histoire d'un troubadour moderne amoureux de sa souveraine, et qui le lui rend avec fraîcheur sincère ? Et cependant quel tact, quel toucher pianistique, avec juste ce qu'il faut de distance, de vérité, de réalisme, de poésie, jusque dans les précisions érotiques traitées avec une distinction sans mièvrerie à faire rosir les pudeurs, sans mièvrerie ni brutalité d'expression. A quoi sert cependant un tel livre direz-vous. La chose est bien aisée : à rien. Il ne délivre aucun message, il se situe dans la lignée des ouvrages « champagne », j'aurais bien dit des Sollers si Monsieur Bastide ne m'avait guère paru éprouver de sympathie à son égard. Il est vrai que Sollers n'est venu là que par suite d'une évolution, du politique au futile profond.

    François-Régis Bastide fait ici un livre de luxe : un livre qui raconte une histoire, soit, d'amour – il aggrave son cas -, dans les hautes sphères – c'est irrécupérable. Tout dans l'élégance, le savoir-vivre, la sensualité : odeurs, couleurs, musique – le piano seul dans l'île ! ...et justesse des sentiments, des relations humaines : le sexagénaire et la reine de trente-cinq ans, dans un esprit de vraisemblance ahurissant. S'il fallait chercher des clés à ce roman, ne faudrait-il pas les chercher dans ce pesant avant-propos – mais tous les avant-propos sont pesants, démentant ainsi l'assertion selon laquelle nos éditeurs ne jugeraient que d'après les premières pages – avant-propos où il est question d'un mystérieux personnage peu recommandable, collant et compromettant, grâce auquel le héros obtient la nomination au poste d'ambassadeur en Villanovie, ce qui est à la fois une pénitence et une position aussi influente qu'apparemment occulte.

    A lire de préférence au premier degré, en se laissant emporter par ce plaisir désormais si rare: le plaisir de lire, de se laisser dériver au gré d'une lecture, agréable, moins futile qu'elle n'en donne l'apparence, puisqu'elle témoigne de l'humain – vous savez, cette petite chose si essentielle qui disparaît dans les ordinateurs et les discours de Juppé-le-Métallique... Lecture de la p. 47 : « Il s'était « tapé un sauna » en m'attendant. Il était luisant comme un éclair au café; il répétait « rissolé ». Tel est le croquis du personnage peu recommandable du début du roman : quelqu'un de sans-gêne, ignorant les règles du savoir-vivre, brutalement sensuel et tourmenté, à la façon du gros lard du Taxi Mauve de Michel Déon. Personnage que les raffinés comme François-Régis Bastide n'aiment pas à voir roder autour d'eux. Lecture de la p. 94 : « Van S. ne comprenait pas bien. On m'interrogea, pour que je dise si c'était bien cela, si l'argot de Sa Majesté traduisait bien le mot allemand interminable. J'opinai, évidemment, en souriant et en osant féliciter la reine.

    J'aimais bien cette expression, ajouta-t-Elle, quand j'étudiais à Paris. » Une femme donc qui mêle à sa majesté suffisamment de majesté déstabilisante pour devenir un beau morceau de charme... Lecture de la p. 141 : « Le jour où tous ces souverains, qui étaient tous frères, cousins, cousines, tiendraient le monde, l'ONU n'aurait qu'à fermer ses coûteuses et inutiles portes. Les souverains se téléphoneraient pour tout arranger. Tandis que l'ONU crevait d'un simulacre de démocratie, illustré par les votes imbéciles de diplomates castrés par leurs capitales. » Qui plus est pour terminer, vous en apprendrez beaucoup sur les subtilités du protocole diplomatique et les rouages de l'Europe, car un ambassadeur, ça travaille.

    Jeux de pentes dgA.JPG

    Et ça écrit. Bien. Le livre s'appelle L'homme au désir d'amour lointain. Il est de François-Régis Bastide. Ciao.

  • Chandelier, château, Wihelm Reich

     

    Un chandelier sur la cheminée, que la poussière recouvre. Je passe un doigt sur la bobèche de vieux bronze. Microcosmes retenus dans les cannelures. L'exercice reste au ban de la connaissance. L'âme des objets m'indiffère : âme fière, à 7 branches, hautaine. La date de naissance est celle de l'achat, de l'entrée en famille. D'un côté du poussoir de la boîte d'allumettes, « Vauquier », un nom, de l'autre, un autre nom plat, couple qui s'ignore. Un jour la boîte se vide, se brise, morte à deux mois. Comme pour les femmes d'un harem, il faut alterner leur usage, établir un roulement d'assiettes et de bols : les frais lavés s'empilent au-dessus vers la surface d'utilisation. Ainsi des draps, chemises, serviettes.

    L'élégance joue peu, le confort plus souvent : s'il fait froid, ...mais l'ordre, la succession mécanique suppriment l'hésitation, par quoi sont introduits dans les rapports de l'homme à ses objets quelques éléments de tendresse. J'écris. La passion est parole. L'écriture engourdit : miroir calme. L'enregistrement, sur bande magnétique, glace.

     

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    Je ne sais quel bâtiment sur la mer dgA.JPG

     

     

    Si le château de Montaner présente la forme d'une bague « dont le donjon fait le chaton », il faudrait que les habitants du château s'y conduisissent conformément à la désignation des parties de l'original. On ne parlerait d'aile droite ou gauche que si le château est en forme d'aigle. Dire, par exemple : « Ma chambre est dans les serres. » On porterait un aigle, ou une bague, au doigt, au cœur, en écusson. Il faudrait se recueillir à heures fixes, sur le symbole figuré au sol. Le signe aurait valeur de totem. Chacun y conformerait son âme et ses actes. Comme les scouts.

     

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    Vivre se perdre afin de retrouver les hommes. Eluard.

    ...L'homme aux charmantes niaiseries. Question prégnante : Eluard n'est-il devenu célèbre que pour avoir été fils de banquier ? Quelle proportion de fils de banquier parfaitement crétins ? ...devenus garçons bouchers ? Pourquoi ne piédestalise-t-on que les Grands ? Qui atteignit jamais le fond de la pensée d'Eluard ? L'imitation de Jésus-Christ dort au fond de mon placard. Je propage la Vérité. Je distille, je tartine le lieu commun. Je vis, je me perds, je parle aux hommes : Beauvoir, Sartre, Wilhelm Reich. Mes 3e auront 40 ans vers l'an 2000. Ils riront bien.

  • Ulenspiegel de Flandres

    C'est simplement du français qu'il faut lire avec l'accent flamand, comme je m'y suis exercé pour les premiers chapitres.

    Je fus donc souvent enthousiaste, parfois réservé à la vue de quelques longueurs, lorsque l'auteur se sent obligé (de fait, il l'est) de respecter son cadre historique et de mener le récit jusqu'au bout. Mais l'intérêt l'emporte, et de loin, Belge ou pas. Explorons ce riche volume :

    " - Venez tous deux, dit le citoyen. Gros cierges dgA.JPG

    Ulenspiegel retourna chez le baes et lui dit :

    " - Je viens de voir le doyen, il se portera caution pour les aveugles. Pendant que vous veillerez sur eux, que la baesine vienne avec moi chez lui, il lui répètera ce que je viens de vous dire."

    Ma fois, je ne me souviens plus du détail de la duperie, mais nous avons affaire ici à un thème bien connu de la fable médiévale, qui est le bernage d'une troupe d'aveugles que l'on fait bâfrer, leur faisant croire à chacun que c'est l'autre qui possède l'argent du paiement. Il n'était pas cruel, en ce temps-là, de se moquer des aveugles. On trouve développées maintes farces de ce type

    dans le "Lazarillo", ouvrage picaresque anonyme de l'Espagne du XVIe siècle. C'est dans la première partie, conformément à la tradition, de l'ouvrage de De Coster. Mais nous verrons ensuite comment on en vient à la politique et à la lutte armée d'Ulenspiegel et de son peuple, peu enclins aux spéculations sur les régimes, pourvu qu'ils respectent l'argent et la vie d'autrui :

    "Il le fit, et l'hôte garda le chapeau.

    "Bientôt il sortit de l'auberge, alla chez le paysan, monta sur son âne et courut le grand pas sur la route qui mène à Embden. Les smaledyke broeders, ne le voyant pas revenir, s'entredisaient :

    "Est-il parti ?"

    Encore une fois donc, il est question de régler la dépense d'un festin, car les légendiers ne répugnent pas, et De Coster s'y conforme, à lire deux ou trois versions différentes d'une même ruse. Dès l'instant que l'on roule l'aubergiste, et les religieux, comme ici ! D'abord se nourrir, et la prime au plus malin : telle est la morale de cette première partie et de l'ensemble de la légende d'origine.

    Un autre appétit doit aussi se satisfaire :

    "Je n'ai, dit-elle, faim ni soif que de toi.

    "Le roi cria encore sept fois terriblement. Et il y eut un grand fracas de tonnerre et d'éclairs, et derrière lui se forma un dais de soleils et d'étoiles."

    Surprise ! Notre héros, qui jusqu'alors ne pensait qu'à satisfaire sa soif de boissons et de femmes, se voit investi par une longue vision d'une mission de délivrance. Une espèce d'apocalypse se révèle à lui, en un long rêve allégorique, et le voilà chargé de délivrer la terre de ses pères. Il devra "chercher les Sept" ; la solution de cette énigme importe peu : l'essentiel est qu'elle soit posée, fournissant le fil rouge d'une quête qui occupera désormais le corps du récit.

    Ulenspiegel rencontre son premier "contact", comme on dit en matière de résistance : Simon.

    "Ulenspiegel dormit au grenier, près des chats ; le lit de Simon était en bas, près de la cave.

    "Ulenspiegel, continuant sa feintise ivrognale, monta trébuchant l'escalier, feignant de manquer de tomber et se tenant à la corde. Simon l'y aida avec de tendres soins, comme un frère."

    Sans doute s'agit-il de mettre à l'épreuve la véritable fidélité de Simon à la bonne cause. Ruse de guerre, encore une fois grâce à la boisson et à la mangeaille, lors de noces figurées : les trois appétits du monde au service de la libération :

    "Et ceux qui étaient dans les chariots donnèrent tout leur vin aux soudards.

    "Et ils furent par eux bien applaudis et fêtés.

    "Le vin manquant dans les chariots, les paysans et paysannes se remirent en route au son des tambourins, fifres et cornemuses, sans être inquiétés."

    Et c'est ainsi que les faux paysans purent pénétrer dans Maestricht assiégée, ayant traversé généreusement les lignes ennemies.

    Autre ruse, dans la taverne où pullulent les traîtres et les traîtresses, comme nous l'avions vu tout à l'heure :

    "Un sou par jour, crocodile, dit Ulenspiegel, car tu seras serve de ces quatre belles filles, tu laveras leurs cottes, draps et chemises.

    " - Moi, seigneur Dieu ! dit-elle.

    " - Tu les as longtemps gouvernées, vivant du profit de leurs corps et les laissant pauvres et affamées."

    Et c'est ainsi qu'Ulenspiegel punit la mère maquerelle, toujours prête à livrer les révoltés aux autorités, tout en sauvant de ses griffes les braves filles publiques qu'elle emploie. Ce sont en effet à peu près les seules femmes qu'aujourd'hui encore je puisse supporter. Mais ceci est une autre histoire. Le Christ n'a-t-il pas dit après toout aux filles de Jérusalem (et le curé de nous faire croire qu'il s'agissait des jeunes filles pauvres et déshéritées ! brave curé...) "...vous serez toutes avec moi à la droite du Père" ?

    Et toute justice se trouve accomplie à la fin, et même si littérairement le procédé est discutable, de quel soulagement ne sommes-nous pas possédés, nous autres lecteurs enfantins et sans malice, ayant retrouvé notre âme de jeunesse donc, et bien contents que tant de cruautés soient enfin punies – trop tard hélas :

    "Katheline, regardant Joos Damman, dit bien amoureusement :

    " - C'est l'heure de l'orfraie. J'ai la main d'Hilbert, Hans, mon aimé. Ils disent que tu me rendras les sept cents carolus."

    Justice sera enfin rendue à cette pauvre femme rendue folle par la trahison amoureuse et par la torture...

    C'est donc une œuvre pleine de bons sentiments que je vous propose de lire cette semaine, et qui vous prouve que la bonté peut fort bien se conjuguer avec la littérature, n'en déplaise "à certains esprits chagrins". C'est un grand livre belge et universel, cela s'appelle "La légende et les aventures d'Ulenspiegel et de Lamme Goedzak", ce fut édité en 1867, et c'est en vente dès que vous le commandez. Bonne lecture.

  • Le docteur bigot

    Première vision d'Uzerche dgA.JPG

    Le docteur Pascal Maatz habite chez lui tout clos. Grand
    et chauve, couronne bouclée grisonnante et fêtard,
    nombre de partenaires sexuels imposant, du moins
    pour un homme. Fut également marié, puis divorcé,
    à ses torts : Ludovika née Hirschheimer avait accouché
    la quantité, considérable en Occident, de trois
    enfants – ce matériau fera l'objet d'une autre
    narration. En ayant donc par-dessus le crâne, rendue fébrile
    et vindicative par tant de passades extranuptiales
    (rien de tout cela ne semble présenter la moindre
    vraisemblance : je ne vois que désert sexuel tout
    autour de moi...), Ludovika obtint la garde exclusive
    des trois garçons. Certains pensent qu'elle épousa
    son avocat, grand amateur d'enfants. Ils seraient tous partis dans le Cantal : au bout
    du monde. Le Dr Maatz connaît la route ;
    en remontant vers le nord-est par Fumel et Rouget,
    on gagne vite Aurillac, voire St-Flour. Mais
    à quoi bon. Confiscation donc de descendants âgés
    aujourd'hui de 8 à 14 ans, qui oublient leur père
    corps et bien. Rien dont l'homme se détache aussi
    aisément que des liens de paternité (Pascal Maatz
    ne dispose pas d'une sensibilité exceptionnelle :
    comment supporter, sinon, d'entrer ainsi,
    professionnellement, et par effraction, dans
    le corps des gens ? - exception faite cependant de ses
    émotions pieuses dans son oratoire, trop chaud l'été,
    trop froid l'hiver, juste sous les tuiles du toit, où
    nul ne doit avoir accès). Il en change lui-même les fleurs. S'y livre à
    des ostentations secrètes de piété : acteur et public.
    Enfant déjà il installait, sous ses combles, une chapelle
    à Marie, nourrie de représentations
    saint-sulpiciennes : fades crucifix, chromos
    de madones – sur le sol un Antoine au discret cochon.
    Adulte à présent, Pascal célèbre son culte sur
    un prie-Dieu rapetassé, face à quelques objets larcinés
    sur les tombes (depuis, saisi de contrition,
    il demande pardon aux morts), sans oublier la grande
    Vierge tout en bleu et Thérèse Gobe-Glaires
    (de Lisieux). Il se recueille ainsi entre deux
    consultants, leur faisant croire à des urgences.
    Fâcheux pourtant qu'on le voie redescendre de sa
    soupente en remontant, à la dérobée, sa braguette.
    Il fréquente Bordeaux, 18 rue H., une habitude,
    selon Mauriac in Genitrix : Magda, de la génération
    du baby-boom (45/69) : propre, rangée,
    en gris, pas trop physique, la cinquantaine honnête
    avec un sac à main cabas  ; un peu popote, une
    fois par quinzaine, pour l'hygiène. Le docteur ne veut pas savoir qui passe avant,
    qui passe après - « quatre ou cinq fois par jour
    lui dit-elle, on n'est pas des vaches tout de même » .
    Un jeudi sur deux. Il pourrait aussi bien
    séduire n'importe quelle femme dans un délai
    raisonnable – mais pas que ça à foutre [sic]
  • On se la joue Calasso

    S'il est ma foi bien vrai que la flotte brûle, de même que l'Empire, et que Majorien, nouvel empereur, sauvera (nul n'en doute) l'empire menacé, était-ce bien le moment de rappeler la perfidie d'Ulysse ? ...laquelle pouvait s'entendre comme la fourberie de Ricimer, chef bien réel du même empire ? Mais Sidoine n'a pas vu aussi loin, ni aucun de ceux qui l'écoutaient déclamer ; simplement, il était de bon ton, il était obligatoire, il était impensable de séparer la notion d'Ulysse de celle de perfidie, comme on disait "Achille-au-pied-léger", ce qui se dit – horresco referens – "Levi pede", ou bien "L'Aurore-aux-doigts-de-rose" et autres fariboles automatiques. La préciosité, ou peut-être Sidoine tout seul, est tenaillée par le désir de tout dire, le démon de l'exhaustivité.

    L'hippopotame vert dga collé.JPG

    Elle manque de confiance en soi, doute de son expressivité, tente de remédier à sa fadeur par l'abondance, à la qualité défaillante par la luxuriance de la totalité : ainsi se trouve-t-elle en prise directe avec l'énonciation du monde entier, par l'exubérance, le débordement de matrice, de l'Univers excréteur. Prise, coincée, entre l'Universel et le Microscopique, brassée dans le Grand Tout. Nous respecterions cette extase, si elle ne se manifestait de préférence sous les espèces de l'intempérance verbale et de l'avalanche fanée : "Veux-tu connaître sa maîtrise dans le lancer du javelot ? Métabus tremblant pour Camille, cher fardeau attaché à son trait, trepidans pro fasce Camillae, le lança plus mollement" : ce passage est un embrouillamini de la plus belle espèce.

    Il renvoie au chant onze de L'Enéide, que l'on n'étudie plus, car il est bien connu que Virgile a moins bien réussi ses passages guerriers que l'auteur de L'Iliade. Virgile sert de référence mythologique au même titre que les récits traditionnels. Sidoine, à la suite de Virgile, se verrait bien aussi promu au rang de héros fondateur. Mais il n'a créé personne... V, 190, 60 09 12. "L'orne sifflant du Péléide traversa Troïlus". Fascination pour le meurtre et la chair, les organes énumérés dans l'Iliade et chez Turoldus, dissection infinie des hommes, on s'entretue pour chercher dans les tissus déchirés, au microscope, de quoi nous sommes faits, de quel agrégat d'atomes notre corps mortel est constitué.

    En vérité le meurtre, spécialement le meurtre guerrier, se pose en premier pas de la science investigatrice, qui de la cellule à l'étoile tente de pénétrer le secret de la matière, de l'atome qui jusqu'ici recèle encore l'insondable mystère de la vie, voire plus encore de la Pensée. Quelle est la pensée de tout cela, et se peut-il que l'univers entier en soit dépourvu ? Tout cela à propos d'un charcutage ? Oui : "c'est avec moins de force que l'Athénien fils d'Egée" (Thésée) "perça de sa lance marathonienne Créon qui refusait aux Héros la sépulture" (busta, le bûcher, tout sauf un ensevelissement). C'est bien de Créon, l'oncle même de Polynice "et de ses compagnons", qu'il est question (car Etéocle fut respecté). Au moins n'avait-on point de honte en ce temps-là, si même on n'en tirait pas gloire, à mêler le virtuel avec le réel : ces prétendues découvertes de nos contemporains ne font que refléter la double vie de l'Homme – à demi sur terre, à demi dans le mythe des Cieux.