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Textes publiés - Page 6

  • La broche en fer dans le bras

     

    Relations homosexuelles, culpabilisantes, pour “rattraper”. Je pliais exagérément, à 16 ans, sous mon père ; en réalité, j'aurais (peut-être ?) pu faire ce que j'avais voulu, car il n'avait pas d'autorité réelle.

    Voilà pourquoi j'ai passé sans cesse des examens, m'abstenant de toute aventure. Voilà d'où viendrait ma paralysie avec les filles.

    Je jouis mieux quand je me répète : “Tu fais ce que la société attend de toi.”

     

    Ce n'est pas la fille qui me fait peur ; c'est une main qui me retient de l'intérieur. Si je surmontais cette “crampe”, il me semble qu'une vague d'indifférence molle me submergerait ---> interdit surmonté ---> castration effective.

    Le lycée agricole dga.JPG

    Il faudrait qu'alors je pense “Merde papa”, et que j'avance le bras...

    Apprendre à l'autre la masturbation ou la voir pratiquer ---> désir de partager avec l'autre (sexe) la culpabilité de l'onanisme.

    Quand je la vois faire, je lui dis d'arrêter, par peur qu'elle devienne idiote - ! ? -

    Désir de manger l'autre (penser aux phantasmes où je me voyais mangé). Je me précipite avec la bouche (léger dégoût, style “faut y aller” - en diminution maintenant) pour éviter un contact avec le sexe.

    C'est une conjuration.

    Entrave posée au développement sexuel ordinaire.

    Régression à la sexualité infantile.

    Paralysie : je dois réellement me forcer. Véritable panique. Je sens, de plus, que cette panique, un accès de raison, me ferait dire : “Et puis non, n'y allons pas.”

    Avec E., je n'ai jamais eu cette paralysie, même au début.

  • Non sans mâle, et non sans femelle

    Manège de Marseille dga.JPG

    Ce pays musulman a recouvré son indépendance. Il n'est pas devenu salafiste, contrairement aux idées reçues. Il y demeure, en sursis de massacre, toute une communauté italophone : déduction, il s'agit de la Somali italienne. Déduction supplémentaire, les libérés ne sont pas rancuniers. Les Italiens n'ont accordé aucun droit aux populations, se contentant de les exploiter. Les Italiens vont se tirer vite fait, tira fuori di lí. On va leur mettre le pied au cul, laaday in dameerka, réflexion faite. '‘Les occupants nous forçaient à cultiver leurs exploitations’' - armons-nous. Enfin nous pourrons cultiver nos champs à nous, pour bouffer leurs productions. Qu'est-ce qu'on aurait fait de nos salaires, il n'y avait plus rien à manger !

    Les Italiens, dehors. Heureusement, les Français sont là. Ils ont avec eux une mission militaire et diplomatique. Inutile et gonflée d'importance comme il se doit pour des Français. Une femme est arrivée d'Égypte, elle est en fuite. Quelle idée d'être venue ici, à Mogadiscio ? La police du Caire est à sa recherche, elle volait dans les musées, les Égyptiens sont chatouilleux sur le sujet. Ne trouvant rien d'autre à foutre, la délégation française prend fait et cause pour la continuatrice involontaire de Bonaparte et de ses pillards. Un Égyptien de noble origine vient la réclamer, les Français maintiennent la Cairote à l'abri dans un appartement de l'ambassade. Finalement, après deux ou trois enculades entre diplomates, les relations s'adoucissent, l'Égyptienne tripatouilleuse bénéficiera momentanément d'un droit d'asile.

    Le délégué de la police reconnaît que son pays n'est pas très démocratique, non plus que le territoire somalien, d'ailleurs : ces régimes autoritaires (Osman Daar, Nasser) cherchent souvent à se faire valoir par leurs actions à l'emporte-pièce. (86-88, Juppé, donc, modifier les noms des chefs égyptien et somalien en conséquence ) - mais pour finir, les angles s'arrondissent. Je fais partie avec Juppé de la délégation française. Elle n'est pas très vive. La plupart de ses membres prétextent d'occupations extérieures à la capitale : chasse au kobs ou aux dikdik, que sais-je ? Moi je m'en fous : je reste à demeure, entre deux trous d'obus dans le mur, et sans savoir quoi, j'écris, j'écris...Je suis le seul à occuper ces ruines de l'ambassade, les autres se replient chaque soir dans des hôtels qu'ils croient sûrs, pied-à-terre hôtelier à tant par jour, à la merci comme moi du moindre afduubka ou coup de main.

  • Références perdues

     

    1. 34 :

    Djanem passagère se dérobe et m'ôte comme une robe, m'enduit d'amour et de salive. Narcissisme et foucade – où, l'égoïsme ?

    Je suis un instrument jouissant des circonstances.

    Le saint et le macaron dga.JPG

     

    1. 35

    Je brode mes amours sur l'absence. Djanem entrée en moi. Juste serrer à mort ma mère et m'en repaître, comme elle m'a broyé pour naître.

    Je boite au bord de l'abîme. Chacun soumis à sa loi. Notre amour est soumission, et contemplation alternées. Vois combien déjà nous avons vécu. Elles bâillent, nos idoles, veulent vivre comme nous, jouir comme nous, si tant est que nous jouissions - chacun, jadis chacun s'aimait sans se toucher. J'aurais voulu borner mes actes à mes agitations de croupe, sans autres projets d'existence ! voyez l'inconsistance...

     

    1. 36 : J'appelle « Djanem » toutes mes angoisses : de même pour Dieu ; agenouillez-vous, et vous croirez. .

     

    1. 37 :

     

    Premiers cours ; le volet contre la vigne, la naissance de l'amour. Corneille = « histoires de mecs ». Arielle dans le sourire sur son lit. J'accepte de Djanem les doux reproches.

     

    1. 38 : la psychiatre passe dans mon dos, puis dénonce mon « horreur du sexe ». Si j'étais ainsi abordé par des femmes, à mon tour je multiplierais les objections. « Mettre une femme dans son lit en 20mn. » - injection – injonction redoutables.

     

    1. 39 : La sagesse vient toujours trop tard. "Ceux qui ne veutlent pas comprendre". J'ai revu ma psychiatre sur un passage clouté. Leçon particulière en présence du mari de Djanem. Je voulais une infirmière. Ils se parlent l'un de l'autre, donc ils s'aiment. Et moi je crois qu'il ne partira pas.

     

    1. 40 :

    Arielle et moi parlons peu. Ne creusons jamais trop loin.

    Nils épie sa femme comme un Bartolo.

    . Je m'indigne, tout enfant, de trouver de l'amour dans les chansons, ne reconnais pas l'amour dans un récit de forêt canadienne. .

     

    1. 41 :

    Il n'y a que Djanem qui souffre. Emotion sexuelle vaut acte sexuel. Les très imparfaites poires à jus du bas de nos ventres. Un jour les scientifiques trouveront un meilleur moyen de jouir à coup sûr. Plus tu m'insultes et plus tu m'aimes : trop fort.

  • Baise, et suite

    Terence pourrait passer par la cour de chez Joëlle S., mais sitôt que la télé s'arrête le chien se met à gueuler “Tant que mon père n'est pas sorti lui foutre un coup de latte, il arrête pas”. Joëlle s'en va. Terence au baby-foot passe pour un con auprès d'une bandCroixdga.JPGe de cons, ressort en titubant « Cinq rhums monsieur Elliott, pas quatre ». Le surlendemain avec Magdalena, revenue de Bordeaux, Terence visite à Paris (30 mn par le train) la Galerie JUST IMAGINE. C'est une amie de Rachel morte qui maintient, malgré son suicide, toute l'exposition : "Cyniquement parlant, c'est très vendeur". Elle ne semble pas spécialement affectée. Joëlle Sègue sort soudain de l'arrière-boutique, pétrifiée : "J'ai reconnu votre voix, monsieur Elliott. - Vous vous connaissez l'une et l'autre ? - Disons que Joëlle s'est trouvé chez moi un petit job pour l'été - Magdalena je te présente une ancienne élève.” La jeune fille fait bonne figure : "Avec Renée je m'occupe du secrétariat". Terence lui jette un œil égrillard, estompé d'une moue rapide.

    Rachel, amie de la morte, couve sa jeune recrue. "Monsieur Elliott dit-elle, vous avez vu notre affiche , "Le Colporteur” ?" - Qui est cet homme ? - Vous ne reconnaissez pas cette musique ? Oh là là là, c'est magnifique ? de Cole Porter ! – et juste en entrant, une affiche originale de High Society, 1956, avec Grace Kelly, Louis Armstrong. - ...Sinatre et Bing Crosby, complète Magdalena. - Cole Porter n'est pas sur l'affiche, mais son nom y figure. Plus" - Renée est intarissable - "un agrandissement de sa pochette Its'De lovely, avec les gratte-ciel, à gauche" - Terence s'illumine : « Ah, Col Porteur, how funny !" Les femmes se paient gentiment sa tête. Très drôle, indeed - rien à boire ? - Non, pour éviter les renversements de verres..." L'assistance déambule, admire de bonne foi les photos, jusqu'à un tableau abstrait prêté par Facchetti pour le vernissage (Theodore Appleby, « Sans titre »).

    Joëlle se laisser frôler. Il la serre très fort aux épaules en bandant sur son dos. Magdalena signale vicieusement à Terence les meilleures litho (un saxophoniste soufflant des portées, Pierrot et Colombine - musique à présent de Franzetti, un peu anachronique, dit Terence - barbiers juifs à papillotes, quatre pasteurs en congrès. “En tant qu'adjoint au Maire du IIIe arrondissement...” - les discours viennent de commencer. Terence tente la tangente avec Joëlle. Magdalena n'écoute pas non plus, à l'arrêt devant un buste de cuir écarlate sans tête, et Terence a posé l'avant-bras sur la taille de Joëlle, élève d'antan. Il lui demande un peu ivre (pastis au goulot dans l'arrrière-cuisine – quel fouineur !) "si [elle couche] avec l'exposante, Pas question répond Joëlle, Renée pourrait être ma mère. » Huit jours plus tard Terence x à ses fins sexuelles : un grand salon qui tient tout le premier étage, le chien en vadrouille.

  • Un château, et hop ! Stockholm

    Habiter un château n'est pas une sinécure ; il y faut beaucoup d'argent, consolider les murs, toujours vivre en travaux. Les tuiles scellées frémissent : qu'à cela ne tienne ! je marcherai dessus, le manuscrit sous le bras, j'escalade les pierres d'attente, gagne un rang de faîtières, passe de toit en toit - plutôt risquer ma vie, par intempestive glissade, que d'affronter ces gens que je ne vois pas, qui m'intimident d'autant plus. Lorsque je reviendrai de ma lecture, ayant récolté de l'estime, je pourrai les affronter tête haute, et me voici enfin dans la mansarde convenue : la fenêtre en était ouverte. Alors, d'un petit transistor que je portais en collier, je fais sortir une petite musique, bien que je ferais mieux de ne pas me rendre vulnérable.

    C'est en effet de la folie. Eteignons cela. Une pièce déserte. Une autre. Une autre encore. Un couple de domestiques me croise, apeurés : je leur murmure de ne pas me révéler. Ils entrent dans une autre pièce, en ressortent, toujours accrochés l'un à l'autre, avec la même expression d'acquiescement craintif. Dès qu'ils ont de nouveau quitté la pièce, je 'aperçois que leurs yeux m'ont, à la lettre, dénudé. Ce n'est pas une tenue pour présenter un manuscrit : rien d'étonnant s'il est perdu ! c'est être trop vulnérable, en vérité. Cette pièce où je suis, aussi nue elle aussi que les autres, donne à droite sur une pente boisée, ardue jusqu'à son sommet.

    rêves,voyages,SuèdeLa pente s'affaiblirait, deviendrait un plateau, que je parcourrais, revenant sur mes pas, délimitant tout mon espace plat où je règnerais, vêtu de branchages, beau et seul. Ce serait en Lozère, au mois d'août.

     

    51 11 02

    Lobström s'imagine voyager Ses déplacements observent une échelle assez réduite, bien que la France offre une grande variété. Il roule à vélo, car il est jeune, aux environs de Reims, en forêt. Les villages se succèdent, pour la plus grande joie des touristes américains, car la France et sa campagne ont été crées pour les regards américains. Et notre cycliste français a faim : voici un restaurant rustique à point nommé. C'est un Périgourdin qui s'est installé là, en contresens complet avec cette région rémoise. Il sert de la soupe agrémentée de vin, que 'on appelle "chabrol" ; et dans cette contrée de champagne, il se permet d'écouler une mauvaise vinasse.

    Alors, devant une assemblée de goinfres rougeauds et sans goût ni manières, le cycliste reverse son écuelle dans un énorme récipient commun, sous le nez d'un gros porc pétrocorien plus rubicond peut-être que les autres, qui se ressert dans ses restes mêmes et avale, à peine étonné. "Excusez-moi" lui dit Lobström, "de vous avoir en quelque sorte forcé la main". Le Pétrocorien, ou exilé de Périgueux, hoche la tête mais ne peut s'exprimer la bouche pleine. Le cycliste est calé ; il ne veut rien de plus. Sauf son vélo, qu'il retrouve à la rue suivante : un emprunt, passons. Deux kilomètres encore, et c'est une vraie grande ville, splendide, inondée, aux trottoirs étroits.

    L'eau parvient à tiers de roue, il se trempe, mais il pédale - un obstacle : pied à terre - mais une femme vient vers lui par une porte de bureau : "Laissez !" - se baisse et tire de l'eu sale une vieille imprimante, inutilisable à présent. "Après le coin, ça se gâte !" - en effet : la rue donne, en tournant, sur le quai lui-même inondé bien sûr : le fleuve est à un mètre à peine. Deux chaises de jardin, en plastique blanc résistent au courant, qui trace à leurs pieds huit petit sillages. Quand l'eau sera redescendue, restera le cadre architectural, magnifique, très "XVIIIe s." Il reste quelques étapes à parcourir. Lobström à présent habite la Suède ; mais il se souvient de ces régions françaises, où habitait son père, du temps qu'il négociait le vin de Champagne.

    Plus que cinq jours, et hop, Stockholm.