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Textes publiés - Page 5

  • Moi Je

    “Voyez ce que vous pouvez attendre en fonction de ce que vous pouvez donner”.

    “Une femme supporte un mari brutal.”. “Accepter sa destinée, car c'est toujours celle qui vous convenait le mieux” - au fond, je n'ai aucune idée de révolte. Mais je voudrais bien ne pas tourner à la passivité. Préjugé : quand on Est, on ne pense plus à rien. Or j'aime la diversité, le tumulte de mes pensées. Ce que je veux ? la Liberté, qu'on me foute la paix.

    Servir : ça c'est facile ; renoncer à mon moi, à mes tics...

    C'est normal au début. Quand quelqu'un meurt, je crie “Liberté !” même si ça n'a aucun rapport. Je veux ça, et aussi 1) laisser un nom 2) baiser 3) du fric. Comme tout le monde. Mais avant que je renonce, je voudrais un tout petit peu.

    Echec professionnel : impensable ; ma profession est de servir, justement.

    Mais autre obstacle :

    il faut parler à ces femmes avant de les toucher.

    Problème des relations humaines

    - de la conversation.

    Progrès fictivement constatés : - je sais marcher (plier le genou, mes pas moins grands)

    j'ai moins peur des élèves

    je sais répondre à n'importe qui sur n'importe quoi, reprendre sur le dernier sujet abordé.

    A faire : - parler le premier (et pas uniquement avec les yeux)

    - pousser la conversation jusque sur le terrain physique

    ne pas être frappé d'impuissance ou de brutalité au dernier moment.

    Et je peux très bien écrire pour servir.

    arrière-pensée : ainsi mon moi sera satisfait par la gloire.

    Il faudrait plutôt savoir : par quoi puis-je le mieux servir ?

    Ecrire n'est pas si mal.

    Vouloir baiser “pour servir” par exemple... Après laisser tomber, mais d'abord...

    Ecrire : expression du moi, ex-pression, ensuite, débarras. Ne pas avoir peur – toutes les tendances sadiques, etc : cela me libèrera – mais cela risque d'entraîner d'autres vers les mauvaises voies.

    Fric : peut-être ce dont je me passerais le plus aisément (rester du moins dans mes limites actuelles ; mais si je n'avais pas une femme...)

    Ma femme est à sa manière l'instrument de la volonté de Dieu. Tout se brouille un peu.

     

    Il faut un maître... encore un psychiatre ?

    Le problème le plus intéressant pour moi (j'y reviens toujours) : la création littéraire. Chambre d'Ajaccio dga.JPG

    Avant baiser. Car c'est ma justification. Mon ego en a besoin.

    Il doit s'en purifier, au moins.

  • Nous sommes des millions à écrire

    Je manipule ces reliques archivées, propriété des morts et de leurs héritiers. Mes lettres ne figureront pas en face des siennes : futiles, surjouées. Ma sincérité ne saurait se manifester sans projecteurs ni plateau. Mes gambades raides compromettraient, corrompraient tout. C'est sa rudesse, sa modération, qui méritent la surface, et d'imaginer ce que je n'écris pas fera paraître ma prose absente plus profonde et plus méritante.

    La première lettre est de juin 2055, nous sommes encore à nous vouvoyer. Kosta oublie autant que moi ce qui nous a fait connaître. Mes envois du Singe Vert se font au hasard d'un ordre plus ou moins alphabétique. Il se demandait ce que j'en ferais, plaisanteries de bon ou mauvais ton. Une liasse en est à classer une autre déjà classée. Il faut intercaler la première dans la deuxième. L'une d'elles a longtemps nagé dans un de ces classeurs munis jadis d'une pince à bascule, inadaptée aux formats « enveloppe ». En 2012, 2059 nouveau style, Kosta m'envoyait une page tirée de mon site d'édition en ligne : «Mais comment fais-tu pour être aussi célèbre ? » En effet, l'édition en ligne, quand elle fonctionne ! permet de donner l'illusion d'une mort illustre.

    Oeuvres d'art d'une grande beauté dga.JPGIl écrivait aussi, heurté au mystérieux plafond de verre. Il me saluait «bien humblement », se payant nos deux têtes à la fois. C'était un jeu. Difficile à dater. « Le 18 ou 19 août 2 mille et quelques années après la naissance de notre Sauveur incompétent ». Au recto, une femme rondes à l'encre de Chine. Peut-être que souvent nous n'avions rien à dire. Tout sera-t-il brûlé ? Qu'attendre d'un héritier qui parcourant du regard mes étagères n'a rien trouvé de mieux à dire que « ça en fera du papier, tout ça... » J'ai effleuré la vie, j'ai remué bien du papier. Kosta m'envoyait de piètres poésies de province ou d'Outre-Mer. J'étais supérieur à eux, papier, papier. Alexakis par exemple donne en prose l'impression de mâcher du papier au point de m'en laisse le goût dans la bouche. Nous sommes des millions à composer, décollant du sol nos petites chansons. Courant 2061, à deux ans de sa mort, mon héros vêtu de gris (élégance suprême) m'écrivait encore, avec un timbre  qui représentait des poireaux. Il me dirait de moins écrire, « pour [lui] laisser le temps de [se] retourner ». De nombreuses jeunes filles écrivent ainsi, entre deux caresses énergiques, de ces consternants romans peuplés d'homosexuels aphones, ayant déjà délivrer par l'anus leur dernier messages. Ils tournent leurs verres entre les doigts comme chez Françoise Sagan.

  • Veuvages et autres con scie des rations

    Mireille aussi, une autre veuve, avait des sanglots dans la voix. La liste des allongés s'allonge. Onze la même année. Pourtant sur cet autre mort je n'ai pas éprouvé le besoin d'écrire ; j'entends encore sa voix, son accent d'Aveyron, au fond de mon jardin, sur le seuil de la maisonnette où cet artiste entreposa son matériel de peintre bouffé par le temps.

    Un jour tous mes morts obtiendront ces rubriques. Il y aura des lignes pour ce frère qui meurt de sclérose, d'autres pour ce chien qui tombe. Beaucoup de victimes attendent. Gardons en mémoire le pastiche féroce de cet homme honoré qui sénilise dans les ruines de son art. J'aime Philippe Sollers. Il écrit mieux que sa bouille de baudruche. Kirk Douglas est devenu hagard et centenaire. Qui se fendra d'un article à ma mort ? Tous les poètes ont foi en la postérité. À juste titre. Aucun n'en a réchappé. « Tire-moi du bourbier, de la fange ! » Mais depuis sa barque, Dante ne pouvait rien, car les ombres fuyaient sous ses doigts, et le nocher pesait sur sa rame. Mur et feuillage dga.JPG

    Le jour où je ne pourrai plus écrire est proche comme il l'a toujours été. Quel auteur inventa cette bibliothèque des manuscrits refusés ? pourquoi diable avoir choisi d'en faire, pour un d'entre eux, un best seller ? Inexprimable gâchis d'un immense sujet ! Il eût fallu conserver son obscurité, en dépit de son excellence, car rien ne saura jamais expliquer la survie d'un nom, d'une œuvre. Hrabal en use bien autrement dans son Déchiqueteur de livres. J''ai conservé par devers moi tous les ouvrages de Costas Alexandropoulos, qui naguère m'alimentait de petits secrets, alors que la publication exige des athlètes, sinon de qualité, du moins de sociabilité, ce que ni l'un ni l'autre n'avons pu.

    Ni su, ni vraiment voulu, diront les indomptables spécialistes.

    J'ai conservé ses lettres. Elles sont toutes aussi légères que les miennes, s'il les a conservées ou pas dans un carton à La Ciotat. Les miennes négligées, abandonnées, détruites ? C''est pourtant au milieu de ces papillons de nuit qu'il nous faut vivre. Autant de jours me séparaient de lui que ceux qu'il me reste à présent à vivre, avec optimisme. Le temps se broie minute à minute, seconde à seconde. Les livres et lettres de Kosta couvrent à présent deux tiers d'étagère, ce qu'il faut à chaque urne sur son entablement. Classer. Suivre le fil ou le quitter. Se rendormir. Descendre ou remonter la pente. Recevoir des confidences, « ma femme et mes enfants n'ont jamais su ce que je te dis . » J'ai reçu avec retard les mots et le discours de son fils Serge, et de sa femme.

    Je n'aurai pas le temps. Mes cartons pleins attendent ma honte et mes soins. Ma honte de n'avoir pu si souvent lui parler qu'il le fallait, qu'il voulait. Rina m'affirme avoir lu tout mon livre-cadeau, quatre nouvelles de Schmidt. Les dates figuraient rarement en entier sur ses lettres. Un mélange d'émotions flemmardes dirait-il me fait palpiter le cœur, petites palpitations, petit malaise. Il me faut transformer ces petits plis, parfois écrits sur des feuillettes. Le rôle de la littérature est d'enjoliver. Les lettres sont un matériau ingrat, qui glisse des mains, dont les couches glissantes refusent les ressorts classificateurs. Je les pose près de moi sur le tapis. Me reste une grande boîte à grolles, vaste et rouge et dont le couvercle ferme mal.

    Elle contient aujourd'hui deux liasses instables. Un repère écrit de ma main : «Commencer ici, 11 septembre 63 ». Sous mes ordres, memet jubente.

  • Vieux versets

    06 06 2019

    Conception de la vie – Conception de la littérature

    Lutrin dga.JPGLa vie comme un don – La littérature comme un don.

    “Soyez parfaits comme votre père céleste est parfait”

    Le présent. Le présent éternel. Je suis le soleil qui réchauffe ses enfants.

    Le sage n'a pas besoin des autres. Il trouve en soi l'atma, le brahma, sa force.

     

    Editions : sans arrêt

     

    Je lis Arnaud Desjardins.

    Renoncer me fait frémir. J'ai besoin que ce soit très progressif.

    Balancer mon carnet vert ? Peut-être un jour, en emménageant, facile.

     

    A Elias Fels ? en cours de réintégration dans un vaste cycle.

    Je souhaite : liberté – extension indéfinie de l'ego. Pour cela, détruire l'ego afin de s'en faire un nouveau.

    Réussir d'abord, renoncer ensuite.

    Pourquoi est-ce que je veux écrire ? Réaction de défense contre l'engourdissement qui me gagne. Servir. Prendre la résolution de brûler ces papiers.

  • Repères XXVI à XXXIV, pas trop tôt

    1. XXVI :

    Sont allées au Brésil. Mon arrivée à Montpellier, le trimballage de la valise à roulettes. Fédora me raccompagne à l'hôtel et baise avec moi. « Maman, quand est-ce que je pourrai coucher avec un mec ? » Fédora est « humiliée » par notre saleté chez nous - moi aussi, par la haine qu'elle déverse sur sa petite-fille. Peut-être suis-je resté trop indifférent à la formation de ma fille.

    Les croix de Tulle dga.JPG

     

    1. XXVII :

    Fédora n'a pas la moindre notion du massacre qu'elle perpètre. J'éclate hors de propos. J'espère en une résilience de Lybie, je suppose un droit de visite d'Olegario. « Arielle n'est pas une vraie amie, elle interrompt toujours les coups de téléphone ». Je nepense pas que Lybie se précipite au-devant des caméras comme les Noirs sous l'apartheid.

     

    1. XXVIII :

    Plage de Palavas. Le cri de l'espèce. Maillot de Fedora mordu par-dessous. « C'est de ce vestibule que nous sortons tous ». Photo de moi rougeaud contre Léna écœurée. Fuyez quiconque prétendra vous connaître mieux que vous-même. Lybie toujours privée de toute attache, même animale.

     

    1. XXIX

    Repas sur les tonneaux, Lybie trempée, puis dans sa voiture, ne faisant même pas attention à nous. Les kayaks, les canards nourris au bord de l'Hérault, la coupe du monde et sa Marseillaise.

     

    1. XXX :

    La guinguette, le match écouté sur la route. La Princesse marocaine sur son assise, j'ai vécu tant d'évènements insignifiants. L'atroce monument aux morts de Lodève.

     

    1. XXXI :

    Plage de Palavas, dessous de Fedora frôlé de près, je nage sous l'eau, photo grelottante avec Léa, Lydia et ses femmes retourne s'isoler, loin de tous amis, de tous animaux.

    1. XXXII :

    La grotte des Demoiselles, Arielle enfermée, achat de la petite chauve-souris. Le banc face aux poubelles où j'apprends l'indonésien.

     

    1. XXXIII

    Si seulement Fédora déménageait à Apt... Promenade au Bois des Cèdres. Mon énorme gueulante. Les pauvres pilafs de Léna. J'ai oublié mes Sertralines : ça marche.

     

    1. XXXIV

    Grande conversation. Je voudrais voir Olegario. DVD Into the Wild. Véra me demande de raccrocher, d'envoyer plutôt des courriels. Borine se fait frapper par son fils. Berlusconi reçoit la cathédrale de Milan sur la gueule. Rappel d'aspects d'Apt.