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Le Singe Vert - Page 7

  • Repères 49 à 55

    R. 49 Elévation dga.JPG

    Je reviens sur ton lieu de travail. "Et si je t'aime prends garde à toi. Je suis devenu froid comme ces femmes désireuses sur demande. Un jour pénétrer sera juste violer. L'homme ne jouira plus qu'abstraitement. . Nous nous fixons les yeux dans les yeux. Impossible de regarder ainsi sans rire Première Epouse Arielle.

     

    R.50 Te-Anaa ne doit jamais croire que je l'aime. Je vois tout à plat. Per tenebras. Ses chemins sont trop escarpés. Ciguë sèche tendue vers le ciel. Mais les observations de Djanem sont toujours les bienvenues, contrairement à d'autres.

     

    1. 51

    Djanem. Ses différents âges. Me nettoie l'âme. Arielle feint de me croire. "Il restera toujours entre nous l'essentiel" - Te-Anaa pompant laidement - "tu n'as pas l'envergure" disait Fedora.

     

    1. 52

    Est-ce que par hasard les femmes souffriraient du sexe ? Les écrits de Lazarus. La consultation de Djanem : "Il te fera payer ceci, cela" – Môssieur Lazare découvre les charmes du truisme... "Il faut s'en donner les moyens..."

     

     

    1. 53

    Livré à mon désespoir énergique.

    Les poèmes de Djanem démolis par Lazarus. Elle écrit comme à 16 ans, comme le père Martin grave à 23. Mon serment sur la tombe d'Antoine Thounens.

    Je ne veux pas être son ami. Son rire au téléphone, de bonheur devant mon malaise

    "Même à l'intérieur de moi, tu as peur des femmes." Lazare : "Qu'est-ce que le moi?" - le moi sait mieux que quiconque ce qu'il perdrait si son masque venait à tomber.

     

    1. 54 :

    Je ne veux plus te revoir qu'à l'hôtel. Coulons dans le mensonge. Jamais une nuit ensemble. Ejaculation précoce et plateau-pic.

    Il n'y a pas d'un côté les cons qui font le ménage et les intello qui pensent. Le ménage est l'estime de soi ? pas pour moi. Le respect de l'autre n'est que le masque de l'inertie,

     

    1. 55

    la peur le masque de la flemme, la flemme le masque du manque de confiance et d'acceptation de soi : de quoi est-ce que je me punis ?

    Avoir confiance en soi au point que les autres vous prennent pour guide, sans avoir eu à les écraser.

    Lettre de reconnaissance à Djanem, "il y a eu avant toi et après toi".

     

    1. 55

    Paresse est le masque du manque de soi. C'était ma femme qui ronflait. Je ne la quitterai jamais. Merci pour tes bienfaits, je t'écrirai toujours en m'imaginant avec toi. Dépouiller le vieil homme. Je vis à présent en coulisses.

  • Les vadrouilles d'un amant timide

    Le bar sur le quaidga.JPG

    Terence pourrait passer par la cour de chez Joëlle S., mais sitôt que la télé s'arrête le chien se met à gueuler “Tant que mon père n'est pas sorti lui foutre un coup de latte, il arrête pas”. Joëlle s'en va. Terence au baby-foot passe pour un con auprès d'une bande de cons, ressort en titubant « Cinq rhums monsieur Elliott, pas quatre ». Le surlendemain avec Magdalena, revenue de Bordeaux, Terence visite à Paris (30 mn par le train) la Galerie JUST IMAGINE. C'est une amie de Rachel morte qui maintient, malgré son suicide, toute l'exposition : "Cyniquement parlant, c'est très vendeur". Elle ne semble pas spécialement affectée. Joëlle Sègue sort soudain de l'arrière-boutique, pétrifiée : "J'ai reconnu votre voix, monsieur Elliott. - Vous vous connaissez l'une et l'autre ? - Disons que Joëlle s'est trouvé chez moi un petit job pour l'été - Magdalena je te présente une ancienne élève.” La jeune fille fait bonne figure : "Avec Renée je m'occupe du secrétariat". Terence lui jette un œil égrillard, estompé d'une moue rapide.

    Rachel, amie de la morte, couve sa jeune recrue. "Monsieur Elliott dit-elle, vous avez vu notre affiche , "Le Colporteur” ?" - Qui est cet homme ? - Vous ne reconnaissez pas cette musique ? Oh là là là, c'est magnifique ? de Cole Porter ! – et juste en entrant, une affiche originale de High Society, 1956, avec Grace Kelly, Louis Armstrong. - ...Sinatre et Bing Crosby, complète Magdalena. - Cole Porter n'est pas sur l'affiche, mais son nom y figure. Plus" - Renée est intarissable - "un agrandissement de sa pochette Its'De lovely, avec les gratte-ciel, à gauche" - Terence s'illumine : « Ah, Col Porteur, how funny !" Les femmes se paient gentiment sa tête. Très drôle, indeed - rien à boire ? - Non, pour éviter les renversements de verres..." L'assistance déambule, admire de bonne foi les photos, jusqu'à un tableau abstrait prêté par Facchetti pour le vernissage (Theodore Appleby, « Sans titre »).

    Joëlle se laisser frôler. Il la serre très fort aux épaules en bandant sur son dos. Magdalena signale vicieusement à Terence les meilleures litho (un saxophoniste soufflant des portées, Pierrot et Colombine - musique à présent de Franzetti, un peu anachronique, dit Terence - barbiers juifs à papillotes, quatre pasteurs en congrès. “En tant qu'adjoint au Maire du IIIe arrondissement...” - les discours viennent de commencer. Terence tente la tangente avec Joëlle. Magdalena n'écoute pas non plus, à l'arrêt devant un buste de cuir écarlate sans tête, et Terence a posé l'avant-bras sur la taille de Joëlle, élève d'antan. Il lui demande un peu ivre (pastis au goulot dans l'arrrière-cuisine – quel fouineur !) "si [elle couche] avec l'exposante, Pas question répond Joëlle, Renée pourrait être ma mère. »

  • Moi Je

    “Voyez ce que vous pouvez attendre en fonction de ce que vous pouvez donner”.

    “Une femme supporte un mari brutal.”. “Accepter sa destinée, car c'est toujours celle qui vous convenait le mieux” - au fond, je n'ai aucune idée de révolte. Mais je voudrais bien ne pas tourner à la passivité. Préjugé : quand on Est, on ne pense plus à rien. Or j'aime la diversité, le tumulte de mes pensées. Ce que je veux ? la Liberté, qu'on me foute la paix.

    Servir : ça c'est facile ; renoncer à mon moi, à mes tics...

    C'est normal au début. Quand quelqu'un meurt, je crie “Liberté !” même si ça n'a aucun rapport. Je veux ça, et aussi 1) laisser un nom 2) baiser 3) du fric. Comme tout le monde. Mais avant que je renonce, je voudrais un tout petit peu.

    Echec professionnel : impensable ; ma profession est de servir, justement.

    Mais autre obstacle :

    il faut parler à ces femmes avant de les toucher.

    Problème des relations humaines

    - de la conversation.

    Progrès fictivement constatés : - je sais marcher (plier le genou, mes pas moins grands)

    j'ai moins peur des élèves

    je sais répondre à n'importe qui sur n'importe quoi, reprendre sur le dernier sujet abordé.

    A faire : - parler le premier (et pas uniquement avec les yeux)

    - pousser la conversation jusque sur le terrain physique

    ne pas être frappé d'impuissance ou de brutalité au dernier moment.

    Et je peux très bien écrire pour servir.

    arrière-pensée : ainsi mon moi sera satisfait par la gloire.

    Il faudrait plutôt savoir : par quoi puis-je le mieux servir ?

    Ecrire n'est pas si mal.

    Vouloir baiser “pour servir” par exemple... Après laisser tomber, mais d'abord...

    Ecrire : expression du moi, ex-pression, ensuite, débarras. Ne pas avoir peur – toutes les tendances sadiques, etc : cela me libèrera – mais cela risque d'entraîner d'autres vers les mauvaises voies.

    Fric : peut-être ce dont je me passerais le plus aisément (rester du moins dans mes limites actuelles ; mais si je n'avais pas une femme...)

    Ma femme est à sa manière l'instrument de la volonté de Dieu. Tout se brouille un peu.

     

    Il faut un maître... encore un psychiatre ?

    Le problème le plus intéressant pour moi (j'y reviens toujours) : la création littéraire. Chambre d'Ajaccio dga.JPG

    Avant baiser. Car c'est ma justification. Mon ego en a besoin.

    Il doit s'en purifier, au moins.

  • L'or de la terre, de Clavel

    Chers lecteurs, nous vous avions entretenus naguère de Harricana par Bernard Clavel, premier volet d'une saga intitulée "Le Royaume du Nord". Après le premier vient le deuxième, pas de surprise, il s'agit de "L'Or de la terre", excellent titre laissant entrevoir des visions de puissance.

    Cimetière marin d'Ajaccio P.JPG

    Nous n'y retrouvons que très incidemment les héros du premier volume, installés dans un bourg qu'ils ont fondé, qui s'est agrandi. Non : dès le début est mis en scène un couple d'hommes, de qualités différentes, le mûr, plein d'expérience, et le cadet, apeuré mais désireux d'apprendre.

    Or, c'est le cas de le dire, ces deux explorateurs sont à la quête du métal précieux. Ils prospectent dans une île au milieu d'un lac, loin de tout, et détectent le minerai sans prix. La même histoire, en somme, recommence : la construction d'un pays, grâce aux volontés de risque-tout.

    Après les agriculteurs reconvertis au commerce, voici les chercheurs de la fameuse ruée vers l'or, référencés à Jack London que je lus fort longtemps auparavant, à Charlie Chaplin qui traita ce sujet avec sa bouffonnerie grave inimitable, à Curwood et à maints autres. Sujet bateau donc, mais toujours nouveau pour nous autres Européens pantouflards, je parle pour moi.

    L'astuce pour un découvreur de mine est de résister à tous ceux qui veulent lui acheter sa concession à vil prix pour en tirer ensuite des bénéfices juteux qui passent sous le nez du précédent propriétaire comme un vulgaire immeuble de rapport de la rue David-Johnston.

    Il y faut de la volonté, de l'huile de coude, de la brutalité ; de la finesse face aux accapareurs, du discernement dans le choix de ses équipes, du doigté dans le maniement de ces hommes, de l'autorité assise sur la chance donc du flair. Il y faut aussi l'art de la bonne entente face aux dissensions toujours présentes. L'auteur sait toujours mêler avec une surprise sans égale concernant son art de composer les chapitres instructifs et les chapitres narratifs. Il fait revivre chaque personnage au sein d'une structure historique exactement documentée, brosse de grands tableaux de foule et de comportements collectifs, sait aiguiser les antagonisme et varier les dénouements de crises partielles. Puis tout s'ordonne autour d'une idée morale : quand il y a trop de personnes dan sun certain endroit, trop de chercheurs et de creuseurs aux seuils de moralité diversement élevés, des frictions se produisent. Le "placer" - entendez le gisement - de nos héros est situé sur une île au milieu d'un lac, et sur la rive s'est créé un bourg attiré par la richesse comme un tas de mouches humaines par le miel bien doré. Mais survient un homme orchestre diabolique de bonne humeur, qui ouvre un bordel, qui vend des boissons, bref, qui se fait sa petite place sur le grouillement fasciné. Bagarres, crises d'autoritarismes face aux révoltes, couvaison très habilement menée de quelque gros malheur à venir.

    Pourquoi ne pas le dire, il faudra que le découvreur, promu grand patron bien riche, force ses hommes à creuser encore et toujours et fort maladroitement, pour que la catastrophe minière se produise. L'habileté de l'écrivain consiste alors à doser le sentiment de montée des périls et d'inéluctabilité avec une espèce de suspens vain, puisque tout a été mis en place pour éclater : le lecteur serait déçu que cet orgasme cataclysmique ait été si minutieusement préparé pour ne pas éclater.

    Ici deux points de référence encore, puisque Bernard Clavel oeuvre dans le connu- inconnu : suffisamment de points de repère pour ne pas effaroucher le lecteur ( un ouvrage sur les bobines de fil en Colombie risque de trouver un public des plus restreints), mais suffisamment d'inconnu aussi (le genre de sujet sur lequel on croit savoir déjà quelque chose, mais sur lequel il reste encore beaucoup à apprendre) - pour éviter toute impression de déjà vu.

    Quant à la catastrophe minière, elle ressortit aux scénarios de gros malheurs qui totalisent de confortables audiences. Et dans ce cas précis, l'on peut se rapporter à Zola, dans Germinal, dont nous sommes relativement éloignés vu le caractère non pas anecdotique à proprement parler de la revendication ouvrière mais particulier - Bernard Clavel traitant plus de l'affrontement de personnalités que de conflits véritablement traités sous l'angle socialisant globalisateur , mais aussi et surtout à un roman social devenu pour enfants, Sans famille.

    Et là, Bernard Clavel, le mythe en moins, réussit à capter le filon de la littérature populaire - je dis le mythe en moins car nous ne lisons plus aussi religieusement qu'autrefois, et les enfants ne lisent plus du tout.

    Cependant ceux que leurs parents sont parvenus à faire lire ( c'est d'ailleurs plus une question de destinée, y compris celle de notre civilisation, que d'éducation) lisent du Bernard Clavel. L'adulte sera passionné.

  • Nous sommes des millions à écrire

    Je manipule ces reliques archivées, propriété des morts et de leurs héritiers. Mes lettres ne figureront pas en face des siennes : futiles, surjouées. Ma sincérité ne saurait se manifester sans projecteurs ni plateau. Mes gambades raides compromettraient, corrompraient tout. C'est sa rudesse, sa modération, qui méritent la surface, et d'imaginer ce que je n'écris pas fera paraître ma prose absente plus profonde et plus méritante.

    La première lettre est de juin 2055, nous sommes encore à nous vouvoyer. Kosta oublie autant que moi ce qui nous a fait connaître. Mes envois du Singe Vert se font au hasard d'un ordre plus ou moins alphabétique. Il se demandait ce que j'en ferais, plaisanteries de bon ou mauvais ton. Une liasse en est à classer une autre déjà classée. Il faut intercaler la première dans la deuxième. L'une d'elles a longtemps nagé dans un de ces classeurs munis jadis d'une pince à bascule, inadaptée aux formats « enveloppe ». En 2012, 2059 nouveau style, Kosta m'envoyait une page tirée de mon site d'édition en ligne : «Mais comment fais-tu pour être aussi célèbre ? » En effet, l'édition en ligne, quand elle fonctionne ! permet de donner l'illusion d'une mort illustre.

    Oeuvres d'art d'une grande beauté dga.JPGIl écrivait aussi, heurté au mystérieux plafond de verre. Il me saluait «bien humblement », se payant nos deux têtes à la fois. C'était un jeu. Difficile à dater. « Le 18 ou 19 août 2 mille et quelques années après la naissance de notre Sauveur incompétent ». Au recto, une femme rondes à l'encre de Chine. Peut-être que souvent nous n'avions rien à dire. Tout sera-t-il brûlé ? Qu'attendre d'un héritier qui parcourant du regard mes étagères n'a rien trouvé de mieux à dire que « ça en fera du papier, tout ça... » J'ai effleuré la vie, j'ai remué bien du papier. Kosta m'envoyait de piètres poésies de province ou d'Outre-Mer. J'étais supérieur à eux, papier, papier. Alexakis par exemple donne en prose l'impression de mâcher du papier au point de m'en laisse le goût dans la bouche. Nous sommes des millions à composer, décollant du sol nos petites chansons. Courant 2061, à deux ans de sa mort, mon héros vêtu de gris (élégance suprême) m'écrivait encore, avec un timbre  qui représentait des poireaux. Il me dirait de moins écrire, « pour [lui] laisser le temps de [se] retourner ». De nombreuses jeunes filles écrivent ainsi, entre deux caresses énergiques, de ces consternants romans peuplés d'homosexuels aphones, ayant déjà délivrer par l'anus leur dernier messages. Ils tournent leurs verres entre les doigts comme chez Françoise Sagan.