Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Le Singe Vert - Page 8

  • Veuvages et autres con scie des rations

    Mireille aussi, une autre veuve, avait des sanglots dans la voix. La liste des allongés s'allonge. Onze la même année. Pourtant sur cet autre mort je n'ai pas éprouvé le besoin d'écrire ; j'entends encore sa voix, son accent d'Aveyron, au fond de mon jardin, sur le seuil de la maisonnette où cet artiste entreposa son matériel de peintre bouffé par le temps.

    Un jour tous mes morts obtiendront ces rubriques. Il y aura des lignes pour ce frère qui meurt de sclérose, d'autres pour ce chien qui tombe. Beaucoup de victimes attendent. Gardons en mémoire le pastiche féroce de cet homme honoré qui sénilise dans les ruines de son art. J'aime Philippe Sollers. Il écrit mieux que sa bouille de baudruche. Kirk Douglas est devenu hagard et centenaire. Qui se fendra d'un article à ma mort ? Tous les poètes ont foi en la postérité. À juste titre. Aucun n'en a réchappé. « Tire-moi du bourbier, de la fange ! » Mais depuis sa barque, Dante ne pouvait rien, car les ombres fuyaient sous ses doigts, et le nocher pesait sur sa rame. Mur et feuillage dga.JPG

    Le jour où je ne pourrai plus écrire est proche comme il l'a toujours été. Quel auteur inventa cette bibliothèque des manuscrits refusés ? pourquoi diable avoir choisi d'en faire, pour un d'entre eux, un best seller ? Inexprimable gâchis d'un immense sujet ! Il eût fallu conserver son obscurité, en dépit de son excellence, car rien ne saura jamais expliquer la survie d'un nom, d'une œuvre. Hrabal en use bien autrement dans son Déchiqueteur de livres. J''ai conservé par devers moi tous les ouvrages de Costas Alexandropoulos, qui naguère m'alimentait de petits secrets, alors que la publication exige des athlètes, sinon de qualité, du moins de sociabilité, ce que ni l'un ni l'autre n'avons pu.

    Ni su, ni vraiment voulu, diront les indomptables spécialistes.

    J'ai conservé ses lettres. Elles sont toutes aussi légères que les miennes, s'il les a conservées ou pas dans un carton à La Ciotat. Les miennes négligées, abandonnées, détruites ? C''est pourtant au milieu de ces papillons de nuit qu'il nous faut vivre. Autant de jours me séparaient de lui que ceux qu'il me reste à présent à vivre, avec optimisme. Le temps se broie minute à minute, seconde à seconde. Les livres et lettres de Kosta couvrent à présent deux tiers d'étagère, ce qu'il faut à chaque urne sur son entablement. Classer. Suivre le fil ou le quitter. Se rendormir. Descendre ou remonter la pente. Recevoir des confidences, « ma femme et mes enfants n'ont jamais su ce que je te dis . » J'ai reçu avec retard les mots et le discours de son fils Serge, et de sa femme.

    Je n'aurai pas le temps. Mes cartons pleins attendent ma honte et mes soins. Ma honte de n'avoir pu si souvent lui parler qu'il le fallait, qu'il voulait. Rina m'affirme avoir lu tout mon livre-cadeau, quatre nouvelles de Schmidt. Les dates figuraient rarement en entier sur ses lettres. Un mélange d'émotions flemmardes dirait-il me fait palpiter le cœur, petites palpitations, petit malaise. Il me faut transformer ces petits plis, parfois écrits sur des feuillettes. Le rôle de la littérature est d'enjoliver. Les lettres sont un matériau ingrat, qui glisse des mains, dont les couches glissantes refusent les ressorts classificateurs. Je les pose près de moi sur le tapis. Me reste une grande boîte à grolles, vaste et rouge et dont le couvercle ferme mal.

    Elle contient aujourd'hui deux liasses instables. Un repère écrit de ma main : «Commencer ici, 11 septembre 63 ». Sous mes ordres, memet jubente.

  • Vieux versets

    06 06 2019

    Conception de la vie – Conception de la littérature

    Lutrin dga.JPGLa vie comme un don – La littérature comme un don.

    “Soyez parfaits comme votre père céleste est parfait”

    Le présent. Le présent éternel. Je suis le soleil qui réchauffe ses enfants.

    Le sage n'a pas besoin des autres. Il trouve en soi l'atma, le brahma, sa force.

     

    Editions : sans arrêt

     

    Je lis Arnaud Desjardins.

    Renoncer me fait frémir. J'ai besoin que ce soit très progressif.

    Balancer mon carnet vert ? Peut-être un jour, en emménageant, facile.

     

    A Elias Fels ? en cours de réintégration dans un vaste cycle.

    Je souhaite : liberté – extension indéfinie de l'ego. Pour cela, détruire l'ego afin de s'en faire un nouveau.

    Réussir d'abord, renoncer ensuite.

    Pourquoi est-ce que je veux écrire ? Réaction de défense contre l'engourdissement qui me gagne. Servir. Prendre la résolution de brûler ces papiers.

  • Repères XXVI à XXXIV, pas trop tôt

    1. XXVI :

    Sont allées au Brésil. Mon arrivée à Montpellier, le trimballage de la valise à roulettes. Fédora me raccompagne à l'hôtel et baise avec moi. « Maman, quand est-ce que je pourrai coucher avec un mec ? » Fédora est « humiliée » par notre saleté chez nous - moi aussi, par la haine qu'elle déverse sur sa petite-fille. Peut-être suis-je resté trop indifférent à la formation de ma fille.

    Les croix de Tulle dga.JPG

     

    1. XXVII :

    Fédora n'a pas la moindre notion du massacre qu'elle perpètre. J'éclate hors de propos. J'espère en une résilience de Lybie, je suppose un droit de visite d'Olegario. « Arielle n'est pas une vraie amie, elle interrompt toujours les coups de téléphone ». Je nepense pas que Lybie se précipite au-devant des caméras comme les Noirs sous l'apartheid.

     

    1. XXVIII :

    Plage de Palavas. Le cri de l'espèce. Maillot de Fedora mordu par-dessous. « C'est de ce vestibule que nous sortons tous ». Photo de moi rougeaud contre Léna écœurée. Fuyez quiconque prétendra vous connaître mieux que vous-même. Lybie toujours privée de toute attache, même animale.

     

    1. XXIX

    Repas sur les tonneaux, Lybie trempée, puis dans sa voiture, ne faisant même pas attention à nous. Les kayaks, les canards nourris au bord de l'Hérault, la coupe du monde et sa Marseillaise.

     

    1. XXX :

    La guinguette, le match écouté sur la route. La Princesse marocaine sur son assise, j'ai vécu tant d'évènements insignifiants. L'atroce monument aux morts de Lodève.

     

    1. XXXI :

    Plage de Palavas, dessous de Fedora frôlé de près, je nage sous l'eau, photo grelottante avec Léa, Lydia et ses femmes retourne s'isoler, loin de tous amis, de tous animaux.

    1. XXXII :

    La grotte des Demoiselles, Arielle enfermée, achat de la petite chauve-souris. Le banc face aux poubelles où j'apprends l'indonésien.

     

    1. XXXIII

    Si seulement Fédora déménageait à Apt... Promenade au Bois des Cèdres. Mon énorme gueulante. Les pauvres pilafs de Léna. J'ai oublié mes Sertralines : ça marche.

     

    1. XXXIV

    Grande conversation. Je voudrais voir Olegario. DVD Into the Wild. Véra me demande de raccrocher, d'envoyer plutôt des courriels. Borine se fait frapper par son fils. Berlusconi reçoit la cathédrale de Milan sur la gueule. Rappel d'aspects d'Apt.

  • De Silbermann à Du Bellay

    Cette approche pudique de l'amitié entre jeunes gens, fondée aussi bien sur le charme réciproque, n'est pas absente non plus de cet ouvrage de Jacques de Lacretelle, Silbermann, dont je vous recommande les charmes précis2ment faisandés. Les garçons vont donc pouvoir s'aimer d'amour tendre, sans aucune sensualité, ou du moins, de bon ton. Il est bien connu chez les hideux polémistes de la fin du XIXe siècle que “les juifs sont une race sensuelle”, ah que pouah bien entendu. Il faudra donc que vous fassiez toutes les corrections nécessaires, dont je vous ai indiqué quelques-unes. À la semaine prochaine.

     

     

    Sur le coude 25 01 14 dga.JPG

    Voici bien longtemps que nous n'étions pas retournés à nos anciennes amours : Du Bellay, depuis 2042 exactement. Nous avions parlé alors des Antiquités de Rome. Cette fois-ci, j'ai sous les yeux un recueil de poésies, ainsi intitulé, Poésies, contenant outre Les antiquités les Regrets et la Défense et illustration de la langue française. Livre de poche n° 2229, au temps où cette collection ne se contentait pas de publier n'importe quoi qui eût dépassé les 30 000 exemplaires. Du Bellay donc, premières amours, expliquons-nous : chacun de ceux qui ont poussé tant soit peu leurs études ont rencontré tôt ou tard au détour de leur itinéraire les poésies de Du Bellay, surtout les Regrets.

    Ils ont ânonné Heureux qui comme Ulysse..., au moins, même en cinquième des professeurs zélés ne reculent pas devant ce poème obligatoire. Notre professeur de seconde s'appelait Capoulade. Il dictait ses cours, et se trouvait universellement détesté. Il prononçait “Joachein”, il paraît qu'ainsi prononçait-on dans le temps. Mais je fus sans rancune : je me retrouvai toujours avec plaisir dans ce grand frère, Du Bellay, mort avant 40 ans un premier janvier à sa table de travail d'une crise cardiaque. Tant il avait subi d'avanies, tant il avait vécu intensément, non pas dans l'agitation externe, encore qu'il fût secrétaire à Rome, mais dans sa tête en feu. Il croyait passionément en la poésie : très tôt il avait composé L'Olive, où maints exégètes ont cru retrouver telle ou telle femme, alors qu'il s'agit vraisemblablement d'exercices de rhétorique amoureuse adressés à une Muse, à une femme idéale.

    Puis il est parti dans les bagages de son illustre parent, le cardinal Du Bellay, afin de remplir au Vatican les fonctions de secrétaire d'ambassade, grâce à sa bonne connaissance de l'italien et du latin. Or il détestait cela : les manières de cour, les hypocrisies, les devises du genre de Machiavel : “Hais comme devant un jour aimer, aime comme devant un jour haïr”. Tout cela répugnait à sa nature droite, ainsi que les comptes à tenir, les largesses à distribuer au nom de son maître afin de corrompre, les soucis d'intendance à endosser : le poète souffait mille martyres. Et surtout, il endurait les peines de l'exil. Doré ou non, il ne lui apportait que soupirs et lamentations. Il préférait son “petit Liré”, qui est un village à l'est de Nantes, au “Mont Palatin”.

    Et pendant son absence, des cousins procéduriers tentaient de lui arracher par des procès son petit domaine. Les Regrets exposent donc cette douloureuse situation, mais aussi décrivent avec une bonne verve satirique les mœurs de ces Monsignori, plus préoccupés de richesses, d'intrigues et de femmes légères que de religion.

  • La broche en fer dans le bras

     

    Relations homosexuelles, culpabilisantes, pour “rattraper”. Je pliais exagérément, à 16 ans, sous mon père ; en réalité, j'aurais (peut-être ?) pu faire ce que j'avais voulu, car il n'avait pas d'autorité réelle.

    Voilà pourquoi j'ai passé sans cesse des examens, m'abstenant de toute aventure. Voilà d'où viendrait ma paralysie avec les filles.

    Je jouis mieux quand je me répète : “Tu fais ce que la société attend de toi.”

     

    Ce n'est pas la fille qui me fait peur ; c'est une main qui me retient de l'intérieur. Si je surmontais cette “crampe”, il me semble qu'une vague d'indifférence molle me submergerait ---> interdit surmonté ---> castration effective.

    Le lycée agricole dga.JPG

    Il faudrait qu'alors je pense “Merde papa”, et que j'avance le bras...

    Apprendre à l'autre la masturbation ou la voir pratiquer ---> désir de partager avec l'autre (sexe) la culpabilité de l'onanisme.

    Quand je la vois faire, je lui dis d'arrêter, par peur qu'elle devienne idiote - ! ? -

    Désir de manger l'autre (penser aux phantasmes où je me voyais mangé). Je me précipite avec la bouche (léger dégoût, style “faut y aller” - en diminution maintenant) pour éviter un contact avec le sexe.

    C'est une conjuration.

    Entrave posée au développement sexuel ordinaire.

    Régression à la sexualité infantile.

    Paralysie : je dois réellement me forcer. Véritable panique. Je sens, de plus, que cette panique, un accès de raison, me ferait dire : “Et puis non, n'y allons pas.”

    Avec E., je n'ai jamais eu cette paralysie, même au début.