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  • Pédale or not pédale ?

    Souvent je pisse avant de partir, afin de marquer en quelque sorte mon territoire. Afin de lui toucher la main après avoir touché mon sexe. Mon émission radiophonique après tout, en ouverture de laquelle je diffuse ses gargouillis pianistiques, témoigne aussi d'une grande vanité, et d'un amateurisme incontestables, malgré mon grand art de tourner les pires incidents techniques en rigolades. En ce sens, Benoît m'instruit : nous aurons offert, l'un et l'autre, ce que nous pouvions de mieux, nos plus beaux cadeaux à la société, or, nul ne peut prévoir la bonne réception de ses cadeaux. Exemple : le temps moyen des consultations sur mon blog avoisine une seconde... Cela m'a achevé, car un nouveau décompte m'avait révélé que 135 consultations journalières sur 140 provenaient de robots. Je m'astreins donc à tout diffuser de Benoît, d'apporter ma pierre à son édifice, « car tu es responsable à jamais de celui que tu as apprivoisé ». "Tu ne feindras pas l'amitié". Je l'ai feinte, mais j'ai tout le temps feint. Ou faim. Il me semble d'ailleurs que tout le monde sait, au fond de lui, qu'il est irrémédiablement seul, même si tous lui affirment le contraire et leur soutien.

     

    Terrain vague P.JPG

    RECONSTRUCTION PAR LA MUSIQUE

    Benoît possède une grande priorité, une grande énergie du solfège, car il fut reçu premier à 16 ans au concours du Conservatoire. et je me perds souvent dans le fourré des cadences plagales et autres septièmes de dominante ; il faut avoir assidûment défriché les bosquets du Conservatoire. Benoît maîtrise donc à perfection sa théorie. Il éprouve, à son stade, l'impérieuse nécessité de reconstituer, de récrire à son propre usage, mesure après mesure et pour soi-même, toute la musique romantique : de la 32e sonate de Beethoven à La cathédrale engloutie. Toutes les règles sont respectées, quand le romantisme dit-on les bouscule. Benoît traite la liberté comme un dogme, corsète les élans (chercher des synonymes…) (« corsète les caribous »?)

    De respecter les règles. De s'en étayer. Il se remémore sa Méthode Rose, enfant sage auprès de sa mère. Les meilleurs moments de sa vie. N'aime pas être comparé à Robert Schumann, qui a fini en hôpital psychiatrique : quand un merle frappait à sa vitre, il lui parlait, comme un enfant à un petit enfant.

     

    HOMOSEXUALITE LATENTE OU LA TANTE

    « C'est intolérable, il me prend pour un pédé » - confiait-il à Ma Femme. "Prendre pour" ? mais n'a-t-il pas montré une profonde émotion quand je lui ai révélé - par désœuvrement - que j'étais amoureux. Les précautionneuses vocalises qu'il a prises pour demander si c'était d'un homme ou d'une femme en révélèrent bien plus qu'il n'eût voulu. Bien sûr il était amoureux de moi. J'ai toujours trouvé très réconfortant d'être aimé par des hommes : à condition de pouvoir refuser. Une femme ne refuse pas. .. qu'on l'aime. Son refus s'inscrit toujours plus bas dans l'échelle : niveau cul.

    MA REPUGNANCE

    Benoît m'écrit un certain jour qu'il aimerait me dire quelque chose, mais qu'il n'ose pas. Chacun traduit sans difficulté. Une fois déjà il me proposait de se faire un bisou sur la joue. Ou de visionner, ensemble, des films pornographiques. L'idée que nous pourrions nous tripoter la bite côte à côte en se roulant es pelles me révulse jusqu'au fin fond du trou du cul. Trop gros, trop niais, trop con. De même le fils P., à dix ans : trop gras, trop gâté (il faut bien voir en soi ce que l'on peut trouver de plus répugnant ; car si tu veux trouver le pardon, si déplacé que puisse ici paraître le tutoiement, il te faut pardonner aussi leurs imperfections aux autres, ou bien que tu sois tout aussi pourri qu'eux-mêmes.)

    DANS MA VIE, J'AI ESSENTIELLEMENT ÉCRIT DES CONNERIES

  • Le grillé du foyon

    Pied, touriste et guérite.JPG

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  • Grande galerie du château de Schönbrünn

    Les cheveux relevés.JPG


                Carte postale doublement difficile à décrire, car minuscule, faisant partie de

    ces innommables dépliants vendus sur place dans les lieux saints sans jamais se faire admirer plus

    tard. Une espèce d'abrégé miniaturisé. Sur un rectangle de 6cm sur 10, un vaste salon doré, baroque donc surchargé, la Grande Galerie du château de Schönbrunn, , vu jadis. Perspective furieusement raccourcie de plancher surfrotté, deux caisson et demi de plafond enstucké à mort, et sur les deux un stérile face-à-face de baies crémeuses et de miroirs à la Versailles supposons-nous. Entre deux fenêtres ou glaces de petits sièges blancs sans dossier, où personne ne va s'assoir, crainte de titiller le courroux des gardes. Un lustre décentré, dans l'angle droit du fond, que ferment deux portes blanches.   

        Une atmosphère d'abandon vicié, où ne rôdent même plus les amples robes et les jarrets serrés des seigneurs et dames, tant l'asepsie et le respect sont parvenus à momifier cet espace trop haut. Plus de musique. Des échos de pharaons, des pas précautionneux sur le bois « au point de Hongrie », plus brillant à droite qu'à gauche, reflétant aussi les impeccables vitres : « momifications de reflets ». Le caisson du milieu mériterait que nous nous y attardassions, n'était l'exiguïté du cadre

    et l'aplatissement perspectival, évoquant le procédé des anamorphoses. Le traverse de haut en bas le

    câble de sustentation du lustre, ancré sur la digue de stuc du plafond. Seule ligne droite et noire,

    contrastant avec l'incontinence pâtissière des courbes  ou plus précisément d'incurvations, toutes

    encombrées de ramifications plaquées or.
        
        Et que pouvait donc bien chauffer, au ras du parquet, cette mesquine cheminée garnie d'un

    pare-feu ? Tout ici écrase, la perspective trapue, le jeu des ivoires et des ors, vains éblouissements...

  • Personnages en quête de jalousie

    Arielle n'est plus jalouse, depuis que Te-Anaa quitta son pavillon de Martignac, où j'aurais pu (paraît-il !) m'introduire avec la clef disposée sous le store. Ce qui me fut proposé, mais que je n'ai jamais fait. J'avais mon paquet de préservatifs, intact, en poche. En revenant, je le jetais intact, très cher, dans un caniveau. Il faudrait un autre roman sur Te-Anaa, une autre histoire d'amour. Histoire d'un cabinet fantôme. Lazarus éprouve du dépit que je sois resté avec elle : “Tu n'as pas été le premier, ni le dernier” - si. Justement.

     

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    Je viens chercher Djanem à son travail ; une fois, nous nous sommes ratés, attendant chacun de notre côté. Lazarus m'a vu en voiture, assis sur un rebord alors qu'il se rend lui-même à un meeting de la LCR : piètres jouissances politiques. Je lui fais mes confidences. Il me conseille de tout plaquer au bout de trois mois. Sur sa maîtresse à lui, il exige le secret le plus absolu. Depuis, sa propre femme me l'a révélée. Il aurait même une seconde maîtresse. Lorsque je me confie à lui, j'ai l'impression de me trahir. De me salir. Quel rôle attend-il de moi ? je n'offre plus rien.

     

    X

    Je n'ai jamais montré la photo d'Ariel à Djanem. Djanem écrit sur son blog des textes poétiques - critiques éléphantesques de Lazarus, crise de Djanem. Preuve qu'elle est allée beaucoup plus loin avec lui qu'elle ne veut l'avouer. Elle n'écrit plus et c'est dommage. Cependant, le fait qu'elle se soit vantée de conserver la même écriture depuis quinze ans et demi a de quoi me laisser perplexe.

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    Djanem n'est pas mûre. Nous ne le serons jamais. Chez Djanem, le sceau du refus de l'étude, la Marque du prolétaire, demeure à jamais indélébile, indécrottable. Je parle aussi de moi en pleine connaissance de cause ; Arielle et moi déclassés, disqualifiés : caste autoproclamée supérieure, mais caste tout de même. Elle et moi connaissons le dessous des cartes. Nos effusions pourraient s'interrompre, comme une obscénité. L'ironie pourrait mal voiler le mépris, entre nous peut-être, ou de soi à soi ce qui est pire.Entre nous ce millefeuilles indéfiniment remâché : chaque jour, chaque mot, en engendre d'autres, ainsi de suite à l'infini. Arielle devient d'une maigreur et d'une flétrissure effrayantes. Si l'opération n'a pas provoqué chez elle un implacable dépérissement.

  • J'ai évité de vivre

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    Me souvenant de tout ce que je n'ose écrire, je fais un rapprochement avec tels ou tels brouillons de mon père, qu'il ne m'a jamais envoyés, mais qui me firent souffrir par leur dureté. Julia me lisant après ma mort, mais pas avant, ma lecture ne doit lui laisser nulle amertume. Certaines vérités détruisent, elle sent et pressent. Elle-même pense que d'autres choses me manquent : la main verte, etc. Elle s'évertue à me démontrer (par l'exemple et la simple affirmation) que tout se vaut, Mozart et les orchidées. Je me suis toujours insurgé là-contre, car les bons jardiniers se comptent par millions Dieu merci, mais n'y eut et n'y aura jamais qu'un Mozart.

    Cependant la notion du génie heurte ma démocratie. Je voudrais que les cons fussent tous mes égaux. De qui suis-je le con ? N'y a-t-il pas moyen de concilier supériorité avec fraternité, égalité ? c'est effrayant : à 36 ans déjà, les réflexions d'un gosse. J'ai juré sur le bord coupant d'une tombe de rester jeune, fou et con. Parole tenue, mais avec la vieillardise. Fin de la leçon. Laurent Naouri sait imiter Yves Montand. Mais il ne sait qui il est. Le mari de Nathalie Dessaye, voilà le secret.

    Ajaccio,Corse,SanguinairesIl était une fois. Se sauver au centre de tous les regards. Comme un professeur en sa chaire. Comme une vie à propulser, à postillonner sur tous à la fois. Monsieur de Chateaubriand logerait volontiers sur une île déserte, à condition que cette île fût en plein Paris. C'est d'une femme sur Chateaubriand. Les premières lueurs du couchant s'annoncent. Il ne reste plus d'or aux parois de mon crâne. Un vide bienfaisant. Toutes portes fermées sur le pot. Des mots fins ou autres, des anecdotes. Souvent le désert. Une aigreur épinglée par tous les critiques. Stalker nous a bien épinglés, nous autres.

    Ou bien le débagoulage des syllabes. Les noms propres égrenés jadis au moindre malaise, noms inventés, noms improbables. Élimination de nombreuses identités pour cause de malaise : ni celui-ci ni celui-là, mais en définitive moi. Une toile garnie de son frêle arthropode qui tisse au soleil, l'âme au milieu du ventre. « Il n'a rien appris, ni rien oublié » (au pluriel, de Talleyrand, sur les émigrés). Ma vie avec des pincettes. « J'ai évité de vivre ». Partout des références et partout des bouées. Quand je mourrai personne ne mourra. Dix-huit ans pour l'éternité. « C'est long, surtout vers la fin ».

    J'ai rabâché, j'ai donné, imposé. Ne pas oublier la vaisselle. Glachabron, Bourdienne, Sarmané. A la fin retomber sur soi. Ses papiers officiels. Il suffira de se mettre en bonnes dispositions, afin de mourir de bonne humeur. Il suffira de la chute, depuis un rebord de trottoir. Une roue passera sur toi. Sur le vélo de mon grand-père j'allais par les routes, à l'intérieur de mon périmètre. Mon nom et Bernard Collignon. Nous sommes 238 en France.