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  • La jeune fille

       

    Les trois bras de la Vertu.JPG

    Cette illustration de Testimony, traduit par Une scandaleuse affaire, n'est pas un chef-d'oeuvre. L'illustration se voit barrée d'une tapageuse mention, en lettres blanches, de l'autrice Anita (et, plus gros) Shreve, en plein centre. Dessous, décalée ves la gauche, en jaune et en relief, le titre français particulièrement réducteur et maladroit. Il est précisé, encore en dessous, la mention "roman", et le B des éditions Belfond, précisant un B majuscule stylisé. Quant à l'illustration elle-même, il fallait bien en mettre une : un ancien escalier tout parsemé de feuilles mortes rousses, et sur la forte marche du bas, les pieds recroquevillés vers l'intérieur dans une paire de ballerines bleu gris, une jeune fille dont le profil se voit coupée par le rebord supérieur de la couverture au niveau du sommet de l'oreille, de la paupière droite et de la racine du nez.
        Ce jeune modèle, censé représenter la victime d'un viol, tient l'avant-bras sur ses genoux, dans un pull-over bleu terne cachant la main au bout de sa manche. L'autre bras, replié à la verticale, soutient le menton, l'extrémité de la manche montrant cette fois quatre doigts repliés sur la bouche. Le col, bleu aussi, s'échancre légèrement sur un sous-vêtement violet ; la chemise est rayée bleu foncé sur bleu clair. Le bleu est la couleur de l'équilibre, et de la protection. Tout le haut du corps exprime le repli, le cou dans l'ombre reçoit une mèche châtain clair, l'oreille finement ourlée porte une petite boucle d'oreille. Mâchoire, joue et pommette recueillent une lumière bistre clair, la bouche et l'extrémité d'un nez régulier sont soulignés par deux minces mèches négligées.
        L'oeil de profil se détourne de notre regard, le visage se dérobe, les bras et les mains barrent l'accès au corps, les vêtements sont là pour protéger, ce qui est leur fonction première. Fonctionnel, sobre et même terne, l'habillement tient à ne pas attirer l'attention, ni surtout le désir. La collégienne ainsi photographiée sur un vieux perron rongé de mousses veut préserver sous une apparente négligence ou indifférence l'aspect d'une jeune fille ordinaire, dans une tenue rappelant l'uniforme d'un établissement privé. Même laisser-aller dans les tons noirs cette fois pour la jupe froissée, les genoux cagneux dans des bas de fil gris noir et bien chauds, assortis au bleu vernis des escarpins que rehausses deux boucles en plastique striés de rouge éteint.
        Là où se perd le regard du voyeur, sous le rebord de la jupe, c'est le noir, et la même absence que dans ce demi-regard, qui n'aperçoit rien.

  • Les belles histoires de Bernard Clavel

    Ces romans du courage et de la responsabilité, du risque gratifiant, si différents de ces enchantements de dentelles bourgeoises qu'on oublie sitôt dissipé leur parfum de romans-photos, ce sont eux qui nous ont introduits à la magie de la littérature, par le biais tout simple et toujours imprégnant de la belle histoire. Et celle-ci, dans Harricana – c'est le nom d'une rivière nordique, un nom d'ouragan – n'est pas une de ces histoires invraisemblables nourries de rebondissements puérils, car les enfants ne sont pas puérils. C'est une histoire documentée, pour de vrai : les deux tronçons du Transpacifique se rejoignant sur un pont, l'incendie qui ravage le tout nouveau village en bois, la ruée vers l'or dans le second tome – que je me suis fait offrir – ont eu lieu, séparément, ont été recueillies par une fièvre documentaire scrupuleuse, car Bernard Clavel n'a plus le temps ou le goût de lire ses contemporains : il se passionne pour l'exactitude, où s'insèrent des personnages qu'il fabrique et qu'il aime, ce qui tire définitivement ses écrits du côté de la fiction – mais une fiction où l'on peut vivre.
        Il y vit lui-même, au point de s'être présenté à son épouse sous un masque défait le jour où il termina, dit-il, son grand cycle du Royaume du Nord ; tant il avait vécu, aimé et souffert avec  toute cette famille si éprouvée. Puis il repartit vers de nouvelles aventures littéraires. Voyez-vous, ce que l'on reproche à la littérature populaire, c'est de se vendre, et de se lire. Je pense à ce mot dont l'auteur me reste pour l'instant inconnu, à savoir qu'il y avait la bonne littérature, qui ne se lisait pas, et la mauvaise, qui se :lisait. Bernard Clavel m'a mis une fois les larmes aux yeux dans son roman Harricana. Il m'a fait une fois rire d'allégresse, tout seul, et pousser un “ouaiaiais !” de concert live, tellement c'était entraînant : il s'agit de l'arrivée triomphale du premier train dans les solitudes du Grand Nord. J'ai marché, j'ai couru, j'ai lu à toute vitesse. Alors qu'il y a tant de livres dans ma bibliothèque, affligés d'un marque-page que je déplace péniblement de quatre ou cinq feuillets tous  les trois mois, “parce qu'il faut bien finir ce qui est commencé”. Et je vais même vous dire une chose : c'est moins pompier que Guy Des Cars, cet immondice – voire pas pompier du tout ; ce n'est pas faussement paysan, avec des “cré vain guiou” à toutes les pages ; c'est moins ronflant que Chateaubriand – tenez, c'est mieux écrit que Malraux.
        
        C'est sans manière, sans affèterie, sans lourdeur, avec juste ce qu'il faut d'effets de style pour souligner le récit – sans fioriture pour se faire plaisir. Bernard Clavel, vous le connaissez : il dit ce qu'il y a à dire
    Et quand un producteur lui propose de tourner Harricana en l'agrémentant d'un Indien aveugle qui guide l'expédition, d'une petite fille kidnappée pour faire bon poids, et d'une poursuite de train par la police montée canadienne pour faire bonne mesure, il dit, et je cite, je suis parti d'ailleurs d'un éclat de rire chevalin, “Votre scénario, vous pouvez vous le foutre au cul.” En toutes lettres. Voilà comme j'aime. Vous connaissez donc Bernard Clavel : qui n'a pas lu au moins un des ouvrages suivants : Le tonnerre de Dieu ; L'Espagnol ; Malataverne ; Le voyage du père; L'Hercule sur la place ; Le tambour du bief ; La grande patience. Et je ne parle pas des plus récents.
      

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     Il est plus que vraisemblable que la revue “Le Bord de l'Eau” n° 21, à paraître en octobre, consacrera quelques pages à l'interview que nous avons menée auprès de l'auteur en son   domaine  caché de l'Entre-Deux-Mers. Procurez-vous le, et si vous avez l'embarras du choix concernant l'œuvre de Bernard Clavel à lire en attendant, lisez Harricana, et la suite, L'or des dieux. Lisons :
        “Pan ! Tchic ! Tchic !
        “Donne du mou !”
        La petite voile carrée tendait vers le large son ventre brun tout rond de ce bon vent régulier. L'eau clapotait claire le long de la coque d'écorce.”
    ...
        “Ils discutèrent également des dimensions à donner à leur bâtisse et tombèrent d'accord que vingt-deux pieds sur vingt-six était une bonne mesure. Avant d'abattre, ils durent commencer par débroussailler. Ils s'y mirent tous les trois, menant un bon front qui visait à dégager en direction de belles épinettes que le taillis avait contraintes à filer droit pour chercher la lumière.”

        “L'air sonnait, tintait, crépitait, ferraillait ou crissait sous leurs efforts. Des appels, des coups de trompe ou de sifflait troublaient une existence sereine que seul avait marquée depuis des millénaires le rythme des saisons.
        “A mesure qu'avançait le double serpent de métal luisant, les matériaux arrivaient plus vite et le personnel avec eux.
    ...
        “Grâce à ce passage, une ville naissait. Partagée en deux par le fleuve, elle grandissait, tirant de l'eau et des vastes étendues boisées l'essentiel de ses ressources. On avait tendu des câbles et installé un bac dont le va-et-vient perpétuel permettait de traverser sans trop attendre et sans grimper sur le pont où la marche à pied était dangereuse.”

  • Col d'Osquich et langue grecque


        51 07 25, 61 10 27
        Le col d'Osquich est un tout petit seuil de montagne, juste avant de descendre sur St-Jean de Luz. Nous y avons dormi plusieurs fois, sans télévision, avec belle vue sur moutons dès l'ouverture matinale des volets. J'offre cette prose au peuple. Chambre calme, propice aux meilleurs rêves. Celui-ci se déroulait en Gascogne, à Andernos, plus haut, sur la côte du Bassin. Il faut connaître Andernos hors-saison, privilège dont nous avons souvent joui : la vie s'y déroule insouciante, pour ceux qui n'ont point de soucis. Parfois même, à marée haute, on s'y baigne encore. Nous étions une poignée d'intellectuels, comme on avait coutume de dire en ce temps-là, où le mot n'était pas encore une insulte. Le pont fleuri.JPG
        Entre nous régnait l'entente, et parfois l'entraide. Nous étions des camarades qui s'estimaient, indépendamment de toute abondance de diplômes. Le programme ce soir-là comporte l'écoute en public de Maurice Ravel, natif de Ciboure ; trois fois le même morceau, différemment interprété, soumis à nos suffrages ; la première version, anonyme comme il se doit, n'est pas très fameuse. Dans le studio radiophonique siègent évidemment l'équipe de critiques appréciés par nous autres, et nous les écoutons religieusement, ou bien nous insurgeons contre leurs injustices pointilleuses. Or ce jour-là, les auditeurs de France-Musique, depuis remplacée par le trop fameux Radio-Solfège, prirent connaissance d'une nouvelle catastrophique : avant même le second extrait, entra dans le studio un partenaire catastrophé : le disquaire, espèce en voix de disparition, venait de mourir. C'était lui qui prêtait ses disques, il portait des cheveux blancs bouclés, il n'avait pas 60 ans.  Aussitôt, à l'invitation des présentateurs (qui interrompent leur émission, la remplaçant par une bande magnétique), nous sortons de notre hôtel pour affluer à sa boutique, à deux pas d'ici : une liquidation aura lieu, car les disquaires n'ont plus de successeurs ; peut-être en reniflant plus ou moins pourrons-nous profiter de vinyles à bas prix, car ils n'avaient pas encore atteint ce regain de réputation ni cette augmentation de prix d'à présent : le vrai son atmosphérique, c'est sur les vinyles qu'on l'obtient.
        Plus au fond, le disquaire et sa femme vendaient également des livres, sur de vieilles étagères. J'étais allé sur la tombe de cette épouse, nommée Véra Frantz, squelettique, liquidée en trois jours par un atroce blocage de vessie ; elle avait écrit une œuvre extraordinaire sur le narcissisme féminin, y compris la masturbation dans ce qu'elle a de plus compulsif. Je ne sais plus s'il s'agissait vraiment de reins ou de poumons. Mais les cancers ont de ces sautes d'humeurs... des métastases, c'est bien cela ? Ravel souffrit d'un « ramollisement du cerveau », plus exactement de l' « atrophie de l'hémisphère gauche ». Oui, les meilleurs s'en vont : le disquaire, avant lui Véra Frantz, avant elle Ravel (1937).
        Nous sommes gonflés de rage et de larmes. Une dizaine de personnes se pressent à présent dans l'étroite boutique. L'ardeur acquisitrice fait vite place à l'émotion. Il nous faut de l'air, les groupes se recomposent, peut-être, sûrement même, les présentateurs de la radio se trouvent-ils là parmi nous. Nous sommes quelques-uns à nous diriger vers la jetée d'Andernos, hélas reconstruite. La mer a bien baissé, mais c'est très souvent basse mer en fond de bassin, et « haute boue »... Cela permet de consolider l'extrémité de la jetée, où subsiste toujours un peu d'eau. Des ouvriers sont là, qui consolident sa charpente, par-dessous. L'un de nous s'adresse à eux dans leur langue, la grecque démotique.
        En ce temps-là, savoir le grec, ancien ou moderne, n'était pas puni d'amende pour « élitisme dommageable aux principes républicains d'égalité » ; de même, les charpentiers connaissaient Ravel, et furent affligés de ce décès qu'on leur apprenait. Véra s'était éteinte à domicile, alors qu'on appelait justement l'ambulance ; peut-être meurt-on mieux chez soi. Elle était souriante sur son lit, et toute vêtue de bleu. Puis nous arpentons la plage. Mon meilleur ami extrait
    du sable un Magnum vide, de vin et de message ; et gratte nerveusement de l'ongle un reste d'étiquette étroitement collé ; désormais la cohérence de notre vie sera désorganisée sans remède et je fonds en larmes intérieure. Hommage à notre disquaire, Elie Chouraqui, homonyme du producteur français.
        Autour de l'embarcadère, les ouvriers à présent renflouent une vieille embarcation de bois, au dernier stade de la vétusté, dont on pourra juste sauver, au mieux, trois ou quatre voliges

  • André Maurois "Terre promise"

        Nous avons lu cela cent fois : pour mémoire, Anna Karénine, chef-d'œuvre, La fontaine Médicis de Kessel, pas trop mal, Mort, où est ta victoire de l'ineffable catholique Daniel-Rops, et pour sombrer dans le ridicule de feuilleton « Bonnes Soirées », Les murmures de Satan par Michel de St-Pierre, et j'en passe, j'en passe. L'histoire, la biographie, carrément, d'une jeune fille bourgeoise et romantique (Madame Bovary, Une vie de Maupassant pour nous hausser à nouveau), qui s'amourache du premier homme velu venu, le trouve épouvantablement terne dans l'existence, et adroit comme une trompe d'éléphant au lit, mais je fais injure à nos amis pachyderme. Il faudrait mentionner aussi en bonne place Tess d'Urberville de Thomas Hardy, laquelle assassine son mari qui lui a demandé une fois de trop « Alors, toujours malheureuse » ? - quand on est gaffeur, on est gaffeur.
      Le petit seuil coquet.JPG  On est un homme, quoi : vous savez, comme disait Bretecher, comme une femme, mais avec pas de seins, et une petite tripe qui pendouille. Bref, c'est fou ce qu'on nous aime dans les romans pour femmes, et Terre promise d'André Maurois, de l'Académie française, ne fait pas exception à la règle : c'est la guerre des sexes, du moins dans la grande bourgeoisie croyante, où les femmes n'ont rien d'autre à faire que de passer derrière leurs boniches pour leur reprocher de n'avoir pas su mettre la table ou repasser le linge. Il y a des variantes, mais il est bien entendu que les femmes sont victimes de la muflerie masculine, qu'elles vivent sur terre un enfer de banalité, jusqu'à ce qu'elles rencontrent « le bon », qui se trouve comme par hasard déjà maqué, ou inaccessible, ou mort.
        Ces dames n'ont pas tort, car nous sommes largement aussi chiants qu'elles, et n'avons qu'une idée en tête au niveau de la braguette : celle d'introduire dans la charmante corolle féminine « cette horrible chose que vous avez là », comme disait je crois la comtesse de Chimay, gouine et belge (une cumularde). Et, selon Marlène Dietrich, « c'est toujours l'histoire d'un homme qui veut mettre son machin dans une femme, qui ne veut pas ». Ce qu'il faut, vu le besoin immense que les hommes ont des femmes, incapables qu'ils sont de réfréner leurs instincts (c'est ce que dit sa mère à sa fille Claire dans le roman de Maurois), il faut leur tenir la dragée haute, et « qui donne ses lèvres est perdue », je cite encore.   
        Claire est la fille du général Forgeaud, qui mourra en 14-18, et possède son banc d'œuvre à St-Machin-sur-Chose (Larbaud), avec son nom dans le cuivre sur le prie-Dieu. La petite fille avec laquelle nous faisons connaissance, plus tard, sera affublée d'une gouvernante anglaise qui considère les hommes comme des créatures répugnantes, je cite, et l'acte d'amour comme une chose
    COLLIGNON        LECTURES  « LUMIERES, LUMIERES »
    MAUROIS        « Terre promise »    (60 02 05)  61 04 28             98



    absolutely disgusting.  La question est de savoir si je ne vais pas finir par confondre toutes ces histoires. Terre promise, j'en ignorais encore tout voici dix-huit mois. La composition en remonte à 1945. Une petite fille de 6 ans récite ses prières, mais on ne consent pas à lui expliquer « le fruit de vos entrailles », « qui ne regarde pas les petites filles ». En revanche, la nourrice lui chante le roi Renaud, qui revient de guerre « avec ses tripes dans ses mains » d'où le verbe « se tripoter toutes tripes ôtées ». La fillette imagine des choses sales et sanglantes, elle n'a pas tort. Ce gâchis éducatif  s'opérait encore entre les deux guerres, ou avant la première.
        Je crois bien qu'il se perpètre encore de nos jours. Observons deux facilité dont les Maurois n'avaient pas conscience : d'une part, la surreprésentation du milieu très bourgeois, où l'on se vouvoyait de parents à enfants et réciproquement. Cette surreprésentation régnait déjà au XIXe siècle, farci de faux barons et de marquises d'opérette, sans omettre princes ni princesses, encombrant aussi tous nos classiques. Nous pourrions de nos jours les remplacer par des profs et des journalistes, voire des écrivains, fortement concurrencés tous par les pégreleux, vagabonds et toxicos de tous ordres. Le second cliché, dont hélas personne encore ne s'avise, consiste à conférer aux enfants ou ados des rôles essentiels, comme s'il n'y avait que la formation indélébile du futur adulte qui méritât qu'on s'y attardât.
        De fait, les écrivains, les cinéastes ont raison : il faut  un personnage déchargé de tout travail mécanique ou aliénant, comme un rentier, ou une adolescente en proie aux tourments, nourrie par ses parents. La concurrence vient, ces derniers temps, des hommes mûrs et des vieillards. Mais chez Maurois, nous aurons, très traditionnellement (nous sortons de la dernière guerre) une fillette de six ans disions-nous, qui ne sera ni martyrisée ni attouchée, ce qui tient du miracle par rapport aux obsessions du XXIe siècle. « Le dimanche, Claire était réveillée par les cloches dont le bruit joyeux montait du village ». Vie douce et teinte d'ecclésiastisme, où les forces spirituelles faisaient encore douce autorité.
        Vie aristocratique ou grande bourgeoise, dominant le village de sa gentilhommière. Existence traditionnelle, où pourront s'épanouir les méandres archiusés des amours douloureuses. Pour l'instant, l'enfant se réjouit de la bonne lumière, des attentions de la bonne et du devoir de la messe. Puis viendra le curé. « En ouvrant les yeux elle voyait sur une chaise, près de son lit, sa robe de velours [à elle] qu'avait préparée Léontine. » Très prévisible, très féminin ; la bonne porte un prénom de bonne, qui figurait déjà dans mon premier livre de lecture.


     « Sous les fenêtres, sur le gravier de l'allée, on entendait piétiner les chevaux qu'attelait le vieux Larnaudie, jardinier la semaine, cocher le dimanche. » Milieu riche, mais modeste... Nous avons droit une fois de plus, one more time, aux voluptés de l'âge tendre, supposé perméable à toutes les sensations, voir Enfance de Sarraute. Lointain écho de plus du narrateur de Proust, lorsqu'il s'éveille au-dessus des flots de Cabourg. Confirmation du rang social élevé : la possession de chevaux qui ne soient pas de labour, mais nécessitent une fonction de cocher. Personnel stylé, respectueux. Il porte des identités de peuple, Léontine, qui coiffait une petite fille dans mon premier livre de lecture, et Larnaudie, qui fleure bon son Sud-Ouest mauriacien.
        Nous ne serons pas dépaysé, malgré notre méconnaissance évidente de ce milieu, si souvent mis en scène. Passons au petit déjeuner, sans parents ? « Dès que sa fille avait eu six ans, la Comtesse Forgeaud avait décidé de l'emmener à la grand-messe. »  Noblesse d'Empire, sans particule, gagnée près des forges, du moins dans le patronyme, Forgeaud. La Comtesse sera hautaine, attirera l'admiration de sa fille, et toutes les culpabilités qui immanquablement s'en suivent. La fillette fera l'apprentissage ainsi non seulement de Dieu, qu'il faut prier chaque soir même sans tout comprendre, mais de la distinction, des habits à mettre ou à ne pas mettre, des personnes du monde à saluer, des manants à considérer dans la condescendance.

  • Tiens, si que je ferais du sport ?

    " Mamaaaaan ! pourquoi tu fais pas du sport ?  - Quehoi ? je ne suis pas assez en train de me trimballer dans toute la maison à balayer, nettoyer, récurer, faire la cuisine, et tout ça debout du matin au soir, il faudrait en plus que je fasse du sport ? J'n'en fais peut-être pas assez comme ça, de sport ?" Ca va, ça va, je disais ça comme ça. Tu ne sauras pas que le fils du fermier ne sait pas se laver le gland, sinon tu vas demander comment ça se fait que je sache ça et tu vas encore m'engueuler. Si que je referais du sport mennant, je me péterais deux aortes et trois phalangettes, c'est pas la peine. Alors je sors dans le jardin, dans les mauvaises herbes tout abandonnées, je pisse juste pour voir et je me la secoue par-dessus l'épaule, ça fait du sport. Et puis je pète en fléchissant les genoux, comme le grand-père dans le film de Tarzan, tu sais, le fils de la jongueueueul qui r'vient tout ébouriffé comme un singe vu que c'est un Lord; Ah putain on s'amuse dans la vie, paraît que c'est fini, KATYYYYY, C'EST FINIIIII ah non merde pas Katy CAPRIIII ben trop tard la gaféfette. C'est une tart'eud' par chez nous, après la gnôle eul vendredi soir avec eul'Glôde on se tape une gaféfette avec une piza pôme de téa, c'est vachement bong la piza pôme de téa, putaing cong. Toi connaître le sketch de Luis Mariano ? Il s'envoie un travelo bois de Boulogne et il lui passe la min par devant "Woh putamadre, qué yé l'ai transpercé fan de pute"... Bon ben c'est pas tout ça faut que j'aille bosser parce que je SENS que je VAIS DIRE  des conneries. Oh cong... 

    Le petit chat putaing vous le trouverez dans la rue à Tulle en Corrèze. C'est pas difficile c'est juste en dessous de St-Merd-les-Oussines. Ca veut dire saint Médard bande de cong. Hé je vous ai bien eu, vous avez crehu qu'c'était la Sainte-Merde ou queut'chose comme ça eh bé vous l'avez dans le fion KHAKHAKHA. Le petit chat et l'écuelle.JPG