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  • Romantisme à deux balles

    Jeanne repose sa prose, Soupov : "Ca m'étonnerait qu'on publie ça - On en imprime de pires" dit la Naine et Jeanne refourre les feuilles dans le dossiers toutes phalanges frémissantes bande de biques pourries. Cadavres imminents - bon titre - Marciau la Naine s'est remise à ses mots croisés - la Soupov : noisette de cerveau frit dans la graisse - pétrification.
            J'aime l'automne et ses silences

    De l'atelier de Jean T..JPG


            L'enchantement de ses douleurs
            Et les muettes confidences
            Que le fruit murmure à la fleur...
            ......
            C'est la forêt enceinte et jamais maternelle
            C'est ce zéphir ami que provoque quelqu'un
            Pour chatouiller les seins sous les chemises claires
            ...
            ...la vie court vers son destin
            L'UNIVERS DE L'HOMME SE MEURT !
        Le bras de Jeanne retombe et le jour baisse :
            Feuille-fille est destituée
            Feuille-fille est prostituée
    - Jeanne lit pour l'ombre, chantant la pluie, les chiens mouillés - demain la chambre, demain l'âtre et les ragots, demain la gloire – Soupov, tu n'écoutes pas. Soupov répond qu'elle a tout écouté ma pauvre, mais qu'elle n'ira pas jusqu'aux éloges : "Trop "Lamartine"...! "la forêt enceinte... chatouiller les seins... destituée, prostituée - on le sent venir d'un kilomètre" - l'infirme atteint sur ses genoux sa pipe qu'elle commence à bourrer. Jeanne alors s'aperçoit que Gretel porte le même tricot qu'elle-même. Retournée sur son siège, Soupov atteint l'interrupteur, l'ampoule s'éclaire, la Naine en compense l'éclat par l'allumage du lampadaire. Pas d'extérieur ; ni radio, ni télé. Quelques comptes rendus d'obsèques édentées ravinées de rides - Jeanne observe Soupov, ses yeux de chien de boucher, son double menton où l'œil cherche les filets de sang ; Soupov à qui ses mains éternellement posées sur les genoux morts confèrent des allures de sphinx vulgaire.
        Expiant quelque crime antérieur à sa race – et vous vivrez de mots, pour dans les siècles des siècles. Pourrie d'éternité. Marchant immobile vers sa Reine à naître. La seule vérité, c'est qu'on va toutes crever - toutes à la fois ou l'une après l'autre. On ne s'attendra pas beaucoup. Jeanne tirait des martingales. Quelle idée pense Gretel Si c'est pas malheureux... Elle ajoutait que l'infirme aimerait y passer en dernier pour emmerder le monde mais la première à partir,  assurément, entraînerait les autres – Il te faut des morts pittoresques n'est-ce pas – des bons mots, des faux départs – Jeanne réplique : Tu t'imagines avoir tout ton temps ? Soupov parie qu'elles passeront à l'éternité, toutes sans exception.
        La Naine veut tirer les cartes – jure ses grands dieux qu'il n'y a rien ni personne là-haut ni autre part et tape le jeu sur la table : Ce qu'il y aura quand tu seras morte ? exactement la même chose et peut-être mieux Marciau s'interrompt pour fixer la Soupov qui craint de toutes ses forces de laisser échapper son secret pendant l'agonie "On dit n'importe quoi à ces moments-là" répète l'infirme "Et ce serait vrai" dit la Naine Vous ne saurez rien dit Soupov je vous enterrerai toutes. La Naine: "On te foutra du coton hydrophile dans le cul". Gretel exige un beau tombeau de marbre à dorures, avec son fils et ses petits-enfants, avec du Bach et du Verdi, et des grandes couronnes à perles violettes.

  • Patapouf pouête pouête

    Daxon est peut-être en perte de vitesse. Il a sans doute négligé le développement fulgurant des ventes par internet, envoyant toujour à sa clientèle d'amples catalogues. Empruntant cependant aux dessins de plusieurs émissions télévisées, elle oppose sur deux pages deux tenues vestimentaires sur deux femmes, Annie et Anna. Sur celle de gauche, cette dernière expose un look casual, ce qui signifie "apparence négligée", tandis qu'à droite cette sexagénaire présente une "apparence élégante" ou look smart,en anglais, mais avec un ordre des mots français. Ce qui frappe d'abord, c'est la coiffure : nos deux ménopausées exhibaient d'informes ondulations. Anna se voit remodelée par une coupe au rasoir, à mèches efilées faussement décontractées, dégagée sur l'oreille, sans doute éclaircie.
        Au lieu d'étaler à gauche une large face franche et fatiguée, elle s'en cache la moitié de sa main gauche, comme si elle pouffait de rire, ce qu'elle fait. Elle se présente tournée d'un quart, souriante, l'œil tout vif de sa transformation. D'autre part, sa robe d'avant, rouge parsemées de fleurs des champs, marquée par une ceinture au-dessus des hanches et aggravée par un volant transparent, se voit avantageusement troquée contre un petit haut vert bouteille, exposant toujours le bras, mais replié vers la bouche comme nous l'avons dit. C'est bien plus vivant, bien plus spontané, du moins d'apparence. La femme sérieuse sait donc rire, et tend de son bras droit, pour nous le gauche, une veste négligemment exposée , tout a fait assortie à son pantalon, et susceptible d'être enfilée sur ses bras nus en cas de coup de frais.
        Les motifs respectent son goût pour le décor floral, vert pomme et rose foncé, mais aligné de façon plus verticale et stricte : les jambes de pantalon, légèrement écartées mais pieds à plat, suggèrent une sveltesse correspondant au retombé du corsage, tenu par le col et négligemment présenté. Pour en finir avec ce bras replié sur un sourire, notons qu'il fut largement libéré par la suppression de trois lourds bracelets. Et voilà comment l'on transforme une fausse battante, qui arrive en fin de pas, la main protégeant le sexe, en jeune grand-mère souple et digne, souriante et décontractée, sachant toujours jouer de sa féminité. Fin, également, des sandales à lourds talons compensés de liège, au profit de haut talons carrés.

    L'envol des bêtes.JPG


        En bas, l'observateur observe une demi-contradiction : le "look" est maintenu, mais casual devient "détente" (ce qui n'implique donc pas condamnation), et le look smart est devenu "look classe". Compliments à la styliste, et à la photographe.

  • Epinette et pures calomnies

    Le peu que j'aie tenté moi-même à l'épinette lui plaît, bien que son regard sur mes doigts me trouble (il s'accoutume lui-même à s'exhiber, en prévision de ses concerts) - il suffit dis-je étourdiment d'y laisser errer ses doigts, et de soi-même l'instrument produit ses harmonies. Jean-Benoît s'assombrit, voyant là quelque amoindrissement de ses talents. Il est pourtant facile de mal jouer de l'épinette, et je n'avais nulle intention de le blesser. Mais Jean-Benoît compositeur me semble plus à même d'émouvoir à cordes pincées que frappées. Sans doute pense-t-il le contraire.
        Au fond du corridor s'ouvre un jardinet nain pouvant tout juste contenir une table de 8 et ses sièges, où nous avons mangé un jour d'été avec Marine et les parents de Jean-Benoît toujours vivants en ce temps-là, tous serrés comme des brêmes ; sa mère avait tout fourni, cuisiné, disposé. Nous étions à l'abri du chaud, sous la tonnelle et les haies de sempervirens.

    PHYSIQUE ET VETEMENTS DE Jean-Benoît Couple penché.JPG
        Son ventre pendouille au-dessus de la ceinture. La chemise à carreaux n'arrange rien. Benoît grignote sans cesse. Il porte une barbe négligée, "à la Debussy", sans la moustache. Il porte en toute saison d'ignobles chemises de "gentleman farmer", et malgré cela ne dégage aucune odeur de sueur. Il est vrai qu'il fume d'infects cigarillos pourris de goudron. Il les alterne avec des pastilles de Vichy, qu'il m'offre souvent. Au début nous puisions à pleine paume dans des écuelles garnies de cacahuètes et de noix de cajou. Son budget ne le lui permet plus. Mais il offre toujours d'affreux nectars de menthe en hauts cylindres de métal.  J'ignore comment il a fait connaissance avec la voisine de ses parents, rue Succursale, autre ancien lotissement de phalanstère.

    L'AMIE PASCALE
        Nous l'appellerons Pascale. Sa couënne, à elle, résiste à tous les régimes. Elle observe un mélange très personnel de diététisme et de religiosité composite  : elle prie l'Univers et s'exprime avec une componcton de pasteur genevois. Une fille serviable, totalement généreuse, parfaitement estimable. Reçoit chez elle une femme après l'autre, mais se ferait tuer plutôt que de reconnaître son "orientation" comme on dit. Quel homme de toute façon voudrait de cette barrique au faciès de colonel, aux cheveux en brosse ? Parfois j'accompagne Pascale à la gare. Nous parlons un peu de tout. Pour voir, je laisse aller ma main, en changeant de vitesse.

  • Revenant

    31/01/2016

    Deux pages de Peace

        Nous allons vous proposer un long passage commenté, vers la fin du mouvement, lorsque tout est perdu, mais qu'il faut tenir ne serait-ce que pour le baroud d'honneur, et non pas le "barou", bande d'ignares. Certains passages sont en italiques, peut-être pour indiquer ce que l'on pense, à l'intérieur. Mais vous savez, tout n'est pas justifié. Il faut surprendre le lecteur, le bombarder.
        "Du carrefour de Euston Road et Warren Street. De Grosvenor Streer jusqu'au Centre opérationnel des services secrets, à Ashford, Kent...
        "On avait envoyé Malcolm à Lisburn, Ulster...
        "Au poing à six doigts qui tenait et serrait. Comprimait et écrasait jusqu'à ce que...

     

    CE TABLEAU EST D'ANNE JALEVSKI

    Oblique Plein Ciel.JPG


        "Tout soit flou. Tout soit mêlé. Difforme et estompé.
        "Dans les ombres du fond où les vérités et les mensonges, les promesses et les menaces, les voix et les silences, les prières et les malédictions ne faisaient qu'un...
        "A Lisburn, Ulster...
        "De là, tout murmurait. Tout raisonnait. Tout gémissait...
        "Ces voix venues des ombres, ces silences et ces espaces, ces vérités et ces mensonges, leurs promesses et leurs menaces, les prières de Malcolm et ses malédictions...
        "Une muraille assourdissante, assourdissante, de bruits horribles, horribles...
        "Le M15. Le M16. La Special Branch. Le RUC¤ " - ("Royal Ulster Constabulary : police d'Irlande du Nord, essentiellement protestante et unioniste" – il faut nécessairement un lexique, en fin de volume, pour bien nous faire comprendre, à nous autres du Continent, l'arrière-plan spécifiquement britannique d'un tel conflit, l'imbrication des syndicats, groupes représentatifs, références et autres éléments de base, que nous ne pouvons saisir de toute façon qu'en partie : mais visiblement, il y a d'un seul côté toutes les formes de l'idéologie réactionnaire, y compris les pistolets-mitrailleurs eux-mêmes...). L'armée et le SAS – poursuit David Peace.
        "Jusqu'au moment où tout est devenu un long, long, hurlement...
        "Une longue, longue succession d'endroits et de noms, de terreur et de trahison..."
        Ce n'est donc pas du lyrisme à la Zola, mais c'en est tout de même, par accumulation, par distorsion, par mise en œuvre magistrale de la dimension épique, voire cosmique : le combat se poursuit entre anges et démons, jusque dans les nuées, jusque dans les tempêtes crâniennes. Et voici ces noms, comme des champs de bataille meusiens, comme des monuments aux morts – dans la répression des Irlandais cette fois :
        "Derry. Le Bogside. Belfast. Les Lower Falls. Shankill Road. Chichester-Clark. Faulkner. Stormont. Le McGurk's. Le Dimanche sanglant. Widgery. Le Vendredi sanglant. Le gouvernement direct. L'opération Motorman. Sunningdale. L'Ulster Workers' Council. Dublin. Monagham. Guildford. Manchester. Le Miami Showband. Tullyvallen Orange Hall. Whitecross. Kingsmills. Mme Marie Drumm. Le capitaine Robert Nairac. L'Ulster Unionist Action Council. L'hôtel La Mon. L'Irish National Liberation Army..." - tous ces noms éminemment évocateurs pour tout combattant pour le respect des opprimés, en Irlande ou sur le sol anglais. Italiques :
        "Dirigé ou non dirigé, officiel ou non, reconnu ou pas...
        "Sources et services ; agents et informateurs, information et désinformation...
        "Changements de codes. Changements de nombres. Changements de noms. Changements d'endroits.
        "Changements de bandes, mais le boulot restait le même...
        Caractères droits :
        "En Grande-Bretagne ou ailleurs. Près ou loin. En Angleterre ou en Rhodésie. Au Yorkshire ou en Ulster...
        Italiques  :
        "Le boulot restait le même. Toujours le même...
        "Dans les ombrezs. Dans les silences.

        Ici changement de paragraphe, caractères droits :
        "Ce sont les journées les plus dangereuses. Les marchés financiers sont en crise et désorganisés ; les actions ont perdu sept milliards de livres ; les taux d'intérêts de base ont augmenté de douze à quatorze pour cent. Il y a eu des appels à la constitution d'un gouvernent d'union nationale. D'un gouvernement de réconciliation chargé de guérir les plaies de la nation. Echos des journées sombres. Le Premier ministre et son Cabinet ont lancé une offensive à la télévision...

        Italiques :
        TV Eye. Weekend World. This Week. Next Week. A Week in Politics... (toutes ces fameuses tables rondes télévisées pour endormir le peuple)
        Caractères droits :
        "Le message est fort. Le message est clair...
        Italiques :
        "Pas de bla-bla. Pas de pardon. Pas de bla-bla. Pas de pardon.
        Droits :
        "Sans zone d'ombre. Sans ambiguïté. Sans équivoque.
        Italiques :
        "Explicite.
        Droits :
        "Le Juif fixe la télé. Le Juif sourit au visage du Premier ministre. Mais le Juif ne peut se concentrer...

  • Retour confus

     

    • Rebonjour à tous

       
       

      Chers et adorables bambins et bines, copains et pines, citoyens et hyènes, oubliez dergrueneAffe, oubliez le singe vert, c'est à nouveau Collignon Bernard, alias Berlignon Connard, qui vous cause. Parce que pour récupérer les blogs antérieurs, je peux toujours m'astiquer. Voici un texte sur le Pro Milone de Cicéron, élitiste, car le latin ne sert à rien. La musique non plus, d'ailleurs. Prenez connaissance, et contactez-moi si vous voulez. singe
          Toujours le Pro Milone. Vieux compagnon de ma première agrég. Lu le passage des cortèges de femmes que je traduisais par troupeaux, au grand dam navré de l'examinateur. Cette histoire de cortèges qui se croisent et puis s'attaquent par la queue me plaisait bien. On la retrouve en particulier dans le film appelé Gandhi. Les roueries, les malonnêtetés de Cicéron aussi, qui tente de faire passer son client pour un ange. Sans trop y croire. Même chose pour Cælius. L'Antiquité me désarçonne toujours autant. Les raisonnements  y sont retors, jusqu'au vicieux (voir à ce sujet les excellentes Tablettes d'Albucius, par Quignard) : là se trouvent mises à mal nos façons de penser, de juger, de condamner, devenues si naturelles, si « allant de soi ».
          Chez Albucius, c'est toujours celui qui a le plus de torts, qui s'est montré le plus sombrement cruel, qui gagne ; et l'innocent, à notre sens contemporain, perd son procès. Les femmes ne votent pas, les esclaves non plus, et l'on prend les auspices, autrement dit l'on consulte le vol des oiseaux, avant les comices curiates. Tous les ans j'enfreignais les consignes inspectoriales, assénant des « cours de civilisation » à mes élèves, qui en redemandaient très bien. Vingt ou trente ans durant j'ai rabâché le Mallet-Isaac sur Rome. A présent cela s'estompe : comices centuriates, comices tributes – toujours est-il que la crise d'épilepsie, l'orage ou l'éternuement à gauche suspendaient les discussions, invalidaient les votes. Etranges réunions.  ...[A]vec des mains ensanglantées – la note 1 précise que les élections prenaient ainsi le caractère d'un acte religieux. Les Romains vivaient à même les dieux.
           Sur le plancher des dieux. Divinisant la politique. Sans cette sauce morale qui aujourd'hui pourrit tout. La morale, c'était de ne pas contrarier les dieux ; ce n'étaient pas les préjugés de l'opinion publique et des sondages. Cela tombait à mon avis beaucoup plus juste. ...étalant et avouant un crime et un forfait. Il y avait du moins du décalage, du jeu ; avec les pesants chrétiens, le ciel désormais coïncide avec l'imbécillité morale. Tout coincé. J'étouffe.

      Ou bien le jésuitisme, l'accommodement avec le ciel, “en prendre et en laisser” : guère mieux. A Rome la politique était un jeu de vie et de mort. Cent ans de révolution. Imagine-t-on cela ?     Cent ans de trahisons et de mots d'ordre personnels, et pour seul idéal, restaurer un passé imaginaire, largement idéalisé, fantasmé, de “purs républicains”. La Révolution française établissait l'avenir. Tout en rétablissant, comme de juste, l'homme d'avant, le Bon Sauvage. L'ordre n'est pas mon fait. Rien ne vaut le nourricier foutoir. J'explique, j'explique  encore. A supposer qu'il existe un raisonnement juste, il est toujours le même, il n'y en a qu'un. Il démontrera toujours en dernière instance que nous ne sommes que poussière et qu'il ne vaut pas le coup de vivre. A moins qu'il ne démontre le contraire. Inutile de raisonner. Comme c'est peu croyable de sa part, mais comme c'est vraisemblable de la part de Clodius : ça m'étonnerait.
          Cicéron transforme le coupable en innocent. Avocats, sophistes. Bonnbe égalité matématique. Et l'on ne se décide, in fine, qu'en fonction d'un mélange de bon sens et de circulations de lymphes. Le mot humain n'est qu'un élément du verbiage universel : cours des ruisseaux, musiques, oraisons de Bossuet. Branle du monde. “...qui se flattait de régner en maître dès que Milon aurait été tué ! Mais rien alors déjà ne pouvait sauver la République romaine. Mystère de l'évolution des régimes humains. L'opinion qui “bascule à droite”. Finkielkraut désormais plus plausible que Todd. A gauche, le plan. A droite, l'instinct. Ce ne sont pas les opinions qui basculent à droite, mais les circonstances.
          A gauche on pense que tout s'arrangera... d'ici vingt ans. D'ici là, fleurissez, attentats ! ...Tant de statistiques et de raisonnements fumeux ! Enlevez-nos les attentats ; nous vous tiendrons quitte du reste. Et ceci encore, qui est le point capital : qui ne sait que le plus grand attrait du crime, c'est l'espoir de l'impunité ? Non, Cicéron : c'est désormais la gloire du martyre... (autre raisonnement de l'Antiquité : “Mais, chers jurés, mon client ne peut avoir tué sa fiancée : en effet, il l'aimait !” hahaha...) Or lequel des deux (Clodius ou Milon) a eu cet espoir ? (l'espoir de l'impunité) - réponse : les deux. Milon qui, aujourd'hui même, est accusé pour une action glorieuse ou du moins nécessaire ? C'est qu'il aurait eu bien fait de tuer pour un peu, le client de Cicéron !
          Légitime défense ! Ah mais ! ...ou Clodius qui avait un tel mépris pour les tribunaux et les sanctions judiciaires qu'il ne trouvait aucun plaisir à ce qui est permis par la nature ou autorisé par les lois ? Une telle affirmation outrancière ne susciterait plus de nos jours que des haussements d'épaules. Nous savons bien aujourd'hui que l'homme est complexe, et qu'il ne suffit pas de le démolir à l'aide d'une belle consécutive (“à ce point d'audace (de folie) que...”). Mais à quoi bon raisonner, à quoi bon discuter davantage ? poursuit Cicéron.  Assurément. L'avocat plaide. On l'appelle, en argot, “le baveux”. “A quoi bon parler ? Qu'est-ce qu'on veut que je dise ?
          Le plus étonnant, c'est qu'il reste encore tant de pages, tant de §§, et que Cicéron ait encore tant de choses à dire : C'est à toi, Quintus Petilius, que je m'adresse, comme à un citoyen vertueux, à un homme de cœur – c'est toi, M(arcus) Caton, que j'appelle en témoignage - vous qu'une providence divine m'a donnés pour juges – et de loin, les informations. J'abandonne. Ou bien je me construis dans mon cerveau des phrases afin de conserver la maîtrise des penséesi. Ou bien je me concentre,  détaillant mes gestes. Et je répète :”Ma vie fut très unie, très cohérente,  fidèle à moi-même”. Cicéron le fut. Sincère défenseur de la République et du Sénat.
          Sincèrement navré de la situation où Rome était tombée, avant la prise du pouvoir par Jules César. Nous parlons de violence ? Mais en - 52, tandis que César conquérait la Gaule et qu'un petit village de Gaulois etc., Rome était à feu et à sang, les bandes de Clodius ET les bandes de Milon se cassaient la gueule en pleine ville et à  la campagne, non pour des convictions politiques, mais pour des raisons claniques : il y avait d'un côté la bande à Clodius, avec ses mercenaires grassement payés, et la bande à Milon, avec ses mercenaires non moins grassement payés. On persuadait les mercenaires et ceux qui les suivaient, bêêêe, bêêêe, de quelques grands discours sur la justice, la liberté ou autres faridondaines, et tous de

      Nu pensif.JPG

       se foutre sur la gueule en incendiant maisons, palais et bâtiments publics.

      ce tableau, Nu pensif, est d'Anne Jalevski, incapable de se soumettre à l 'arrogance ignare des circuits dits artistiques.