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  • Boris et sa Zazie

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    A peine Marianne et sa tignasse ont-elles tourné le coin du palier que Boris dévisse la minuterie. Panne. « Merde » dit l'enfant. Boris se faufile en chaussons derrière elle dans l'escalier. Juste la lumière du puits de cour. Il dérape sur les marches. La rampe est encaustiquée. Devant lui, Marianne s'arrête dans le noir, relève la tête. Au premier, elle réussit à renclencher la minuterie. Boris la suit toujours. Au rez-de-chaussée, la loge forme l'angle dans la cour. Les vitres laissent tout voir. Boris, dans la cour profonde, se colle contre un mur entre deux poubelles. Comme dans un film. Dans les couples, ce que Boris déteste, c'est le mari : il n'a rien d'intéressant entre les jambes. Tant de femmes raffinées collées à des butors. Le père de Marianne, c'est pareil. Trop grand, trop fort, la voix désagréablement masculine. Ses gestes sont brusques. Il ressemble à une bite. Tous les hommes ressemblent à des bites.

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    La petite fille pleure, à présent. Même si c'est une teigne Boris se sent bouleversé. Tout le monde s'engueule, le père et le concierge se menacent mais c'est Marianne qui se prend une claque. Boris bondit, arrache presque la porte et se mêle au tas. Le beau-père le prend à partie : « Vous laissez traîner vos pattes sur la petite. Vous faites espionner un appartement privé par l'intermédiaire de cet individu. Vous êtes un fouille merde. Je vous en foutrai des cours de maths. » Tout le monde se quitte pleurant, gueulant, Boris s'en remonte chez lui, brouillé avec Grossmann et sans espoir de fillette à venir.

    A ce moment "Ti sento" se déclenche dans la pièce voisine, et cette fois, on danse.

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    "Chère, Lioubaïa Tcherkhessova !

    "Je souffre à crever parce que le voisin ou la voisine fait gueuler un tube infect en italien, "Ti sento". C'est pire qu'une rage de dents et je ne peux pas m'en passer. Je ne sais toujours pas si c'est un homme ou une femme qui passe le disque, et qui danse. Ce qui chante, c'est féminin, ça crie toujours les mêmes voyelles avec chambre d'écho, mes cours d'arménien vont bien, je m'embrouille encore dans le tatar. "Ti sento" est le meilleur morceau, les autres braillent le rock à la sauce Eighties', je suis sûr qu'on le fait exprès pour m'emmerder, si tu n'habitais pas à l'autre bout de Paris ce serait toi.

    "D'ailleurs j'y suis allé l'autre jour avec le concierge et son passe-partout. Je n'ai rien fouillé, rien dérangé du tout. D'après le père Grossmann ce serait une sorte de chambre de passe, une fois j'ai surpris des baiseurs à travers le mur mais ce n'était pas toi. Le concierge ment. Il y a là quelqu'un. Qui paye son loyer. Qui n'emmerde que moi. Un jour je le coincerai. Le ou la. Si c'est une femme, ça va chier. Terminé les petites astuces : Marianne c'est ta fille, enfin, celle de ton homme, un vrai, un gros porc - pour l'insolence, la morveuse, impeccable. Elle a craché le morceau.

    C'est vous qui me l'envoyez depuis trois mois pour espionner. Il n'y a rien à espionner. Il n'y a pas de femme ici. Pas d'homme. Pas d'argent. Comme un moine. Et je suis en règle avec les services d'immigraiton si tu tiens à le savoir. Et je suis sûr qu'elle cache autre chose, ta Marianne. Elle me cache ma fille. La vraie. Elle sait quelque chose sur l'appartement d'à côté. Elle a pleuré quand elle a su ma visite avec Grossmann. Elle est allée se répandre comme une poubelle à la loge devant ton mari de mes couilles, qui a failli me taper dessus.Elle raconte que je la tripote

  • Bribes d'Empire effondré

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    Sidoine répudie Cicéron pour la Vulgate, avec la plus grande flagornerie conformiste, y compris envers St-Loup, évêque de Troyes.

     

    1. 40

    Julius Népos négocie l'échange de l'Auvergne contre Arles et Marseille.

    Tout était-il si désertique ? si infesté de brigands ? Sidoine poursuit son festival de jeux de mots. Hommage appuyé aux commentateurs et philologues des manuscrits, moqués en tant qu' « Assis »…

     

    1. 41 aucun vers traité

    « Lectio difficilior » . Comment les hommes de ce temps-là voyaient-ils leur courte vie ? Début de la critique d'Anglade.

    1. 42 aucun vers

    Talent de feuilletoniste d'Anglade. La partie de « ballong cong ». Épuisement de la civilisation, abaissement de la larme à l'œil.

     

    1. 43

    Sidoine préfet de l'annone. Absence totale de sentiments profonds. De ma part, 40 années de refus et de fascination. Le Barbare vaincra, mais notre charogne agonise encore. Il y eut en ce temps des collabos, mais nous n'avons pas de Clovis pour assurer la transmission. Fin de Moi difficile.

    1. 44

    Sidoine éponge pathétique, émois de curé. Mon siècle préféré, le Ve (côté du manche). Tous les siècles se croient à l'effondrement des siècles.

     

    1. 45

    Le Tiers-Mondisme admiratif des deux époques. Nos réfugiés à nous ne prennent pas les armes. « La sottise s'est mise à penser ». Pleureuses contre Bénis de la crèche. Mais permanence à toutes les époques de la plus crasseuse ignorance.

     

    1. 46 à reporter plus tard, puisqu'il s'agit du n° XV.

     

    1. 47

    Encouragements à Majorien, nouvelle paire de biceps. Il sera le troisième Africain. Sidoine écrit son panégyrique. « Pourquoi la mort de tous, et la mienne, me sont-elles si désirables ? »

     

    1. 48

    Le grand-père de Majorien et ma lutte contre la folie. Il a servi sous Théodose.

  • Cathédrale de Bourges

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    Bourges fut le séjour de mon premier amour. Unilatéral, non consommé. La cathédrale est un lieu sacré. De nuit, illuminée, vue de l'abside, qui est la tête du Christ, la tête de l'Homme, la tête de D.ieu selon la Cabbale. Vue vers le nord-ouest, id est en décalage, plu grosse du bout vers nous, l'arrière seul de la façade étant visible. Au-dessus, couvrant tout, la longue arête verte du toit, coupée d'un clocheton de contrefort.Ces contreforts à leur tout soutiennent des arcs-boutants. On ne procédait pas autrement, pour prévenir l'effondrement des murs. Ce qui donne à la nef ainsi projetée vers vous l'aspect d'une vaste birème, ou d'un très long insecte multipode.

    C'est l'aube. Le ciel pâlit. La petite construction du sud baigne déjà dans l'ocre fumeux d'un horizon de ville. Au-dessus c'est bleu blancchi, bleu pâle, puis de plus en plus foncé vers le noir. Mais nulle part le ciel n'est dans la nuit. En bas l'obscurité totale, indéchiffrable, et es troncs d'arbres entrelardés de blanc. Nous ignorons ce qu'est ce muret luminet, ceinture ou fausse enceinte. Des rabres, des végétations imprécises et griffues bordent tout au long le longue nef, l'arrondi de l'abside qui semble s'aplatir vers vous comme un nez de chien contre une caméra. Là se dressent les modestes toitons pointus couvrant les absidioles. Ici se dresse un haut poignard noir, contrefort vu de tranche, et c'et alors que nous comptons : quatre pour l'abside et de moins en moins haut vers le nord, mais tout n'est qu'illusion de perspective.

    On en devine sept autres diminuendo vers le porche, avec leurs paires de cornes ou montants de lyre, inutiles et désespérément ornementaux – un petit porche en hauteur, deux petits piliers et deux colonettes, nous le voyons très bien à contre-ciel du virage nord-est. Ce sont des reduplications, des abîmes d'abîmes, avec un ygrec de purisme... Premier étage, six yeux visibles d'absides, plein jaune de projecteurs (on en voit trois voilés, lointains : à gauche, au centre plus haut, à droite un peu plus bas, triangle aplati structurant, mais nous ne le décelons qu'après coup. Géométrie pullulante à la gloire du Grand architecte. Correspondances innombrables et précises. Douze arcs-boutants, rames d'insectes, apôtres, lequel est de Judas, lequel de Thomas ? Étage des rosaces, des oculi en rang d'œillets de couturières, ainsi désignaient-elles leurs trous du cul stériles, une autre partie du corps définie comme "boutonnière", et par-dessus tout ça, la rambarde ajourée, le parapet protégeant le couvreur de la chute, avec ses clochetons à lui. Navire destiné à se ficher au ciel, de tout l'élan de ses aiguilles entravées dans le sol.