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  • L'Egypte ancienne

        Le Dictionnaire historique de l'Egypte, par Pierre Norma, est paru dans la collection "maxi poche", section "histoire". Ces mots figurent en blanc, caractères droits pour le titre, obliques pour le nom de l'auteur, sur un rectangle bistre. Le nom de la collection et du format sont en bistre sur fond noir, carré, fendu en deux par une ligne bistre horizontale. Au-dessus règne un liseré bleu ciel profond de  5mm, le tout évoquant l'Egypte, par l'azur, par le sable du désert. En dessous commence le montage paysager : le ciel s'y trouve moins bleu, voilé de légères nuées fantomatiques, vapeur ou esprit émanés des pyramides figurant plus bas. Le rectangle vertical de la couverture se divise en deux représentations juxtaposées : un masque funéraire au premier plan à gauche, un paysage pyramidal à droite, décliné sur quatre plans en profondeur.
        Nous ignorons dans quelle mesure les Grandes Pyramides se trouvent insérées ou non dans un paysage urbain, voire bidonvillesque. Mais les intérêts touristiques et artistiques imposent selon nous une persistance du sable : en bas à droite, cette roche se présente sous un aspect âpre, c'est-à-dire, étymologiquement, constitué d'aspérités, de concrétions semblables à des semis de boutons mal rasés. Cela donne une impression de vérité brute, peu hospitalière, comme si le désert lointain, intact, avait pu dépêcher ici en ambassade son aspect rude et rugueux. Un vague aplanissement marqué d'un caillou d'achoppement peut figurer une espèce de voie d'accès, descendant légèrement de droite à gauche.
        Au-dessus, de faibles reliefs ébauchent un plateau de sable plus dur, une esquisse de vallonnement, dont l'échelle apparemment se situe au niveau de la silhouette humaine. Plus loin, plus bas, plus clair, le sable prend la douceur unie d'une plage. Alors s'élève, s'enlève, le premier triangle de la plus proche pyramide : munie de son enduit sous forme d'un arc de cercle surbaissé, comme un soleil qui se couche , aplani par la perspective (nous savons que rien n'est plus pénible qu'une ascension de ces gros blocs irréguliers). Puis l'enduit, moins atteint par les pas sacrilèges, recouvre le sommet, dont l'arête descend vers nous, coupée par le cadre de l'illustration.
        L'autre pan forme un triangle aplati, dont le haut seul a conservé l'enduit. Cela ressemble au souvenir que nous avons du Tombeau de Chéops. L'arête gauche de cette grande pyramide coupe l'arête médiane d'une autre pyramide (Chéphren ?) selon une technique impeccable, dégageant à son tour un pan, parallèle à la grande paroi de la pyramide de Chéops. mais, cette fois, isocèle. Au-dessus des deux monuments qui semblent se heurter, le zigzag immobile du ciel, et la rupture de plan que provoque l'irruption du masque funéraire. En gros plan donc par rapport à l'ensemble de cette couverture, le masque d'apparat présente la face bien connue de Tout-Ankh-Amon, dans sa partie gauche, à droite pour le spectateur.
        L'axe du masque se trouve

    Poupe.JPG


    légèrement décalé, pour éviter la perspective monotone, et semble ainsi se diriger vers nous, bien que le seul oeil visible reste fixé sur un au-delà lointain, par-dessus notre épaule gauche. La face d'or est bien reconnaissable, ainsi que ces barres parallèles délimitant majestueusement les traits du Pharaon...

  • Je vais et je viens

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        Je dois vous faire part d'une étrange aventure. Parfois en pleins champs, les ploucs et les Parisiens organisent une grande "frairie" ou fête de village. En plein Poitou, l'on dispose un parking, sur l'herbe, où des locaux vous guident ingénieusement, vers telle ou telle place libre. Ce jour-là, sans savoir ce que l'on fête, je suis l'un d'eux. Par petits gestes des mains je fais reculer tel ou tel, sur l'herbe coupée, sur l'andain disait-on. Mais celui-ci, souillé des pneus, ne pourra se récolter. La troisième voiture est conduite par un jeune chasseur, très aimable. Mais, travail oblige, nous ne ferons pas plus ample connaissance.     D'autres fonctions m'appellent à Toulouse, à plusieurs heures de route. C'est un pari que je me suis fait, une sorte de voeu, absurde et dangereux : faire le tour de la ville, à pied, par la rocade. C'est de quoi se faire tuer, surtout dans cette brume particulièrement tenace. Nous commencerons par le flanc ouest : la Cépière, la Faourette. Le côté est (Croix-Daurade, Aucamville...) - sera pour une autre fois; et même, soyons fous, je pousserai jusqu'à Montastruc-la-Conseillère : rien de plus beau que l'église de Montastruc-la-Conseillère. Et pourquoi pas plonger plein sud, vers St-Girons. Après tout, les nationales ne sont pas si dangereuses.
      

    Mât.JPG

     A cette heure-ci, je peux même emprunter les pistes cyclables. La brume se lève. Des formes humaines marchent à ma rencontre : un jeune père, une jeune mère et l'enfant, qui vont d'oùm je viens, expulsés, sur la route, ou la piste cyclable, c'est tout un. Ce sont eux, les monuments remarquables. Ils ne figurent sur aucun dépliant touristique. Et peut-être pourrais-je fouiller le fond de mes poches, y retrouver un vieux chéquier blotti là, et nous payer à tous les quatre une chambre de location, à St-Girons, Cintegabelle. Et puis je descendrais seul, en secret, de nuit, au rez-de-chaussée. Elle ne dirait pas non, nous resterions discret, car l'enfant a le sommeil léger.
        Puis je rejoindrais la chambre, minuscule, sous le toit, prenant le jour par une tabatière coulissante, un vélum de plastique. Et dans cette femme fugitive, s'inscriraient les traits d'Arielle, laissée si loin vers le nord (Mamers,Sarthe) ou de Véra, coincée dans une location perdue de Lozère : tout un rassemblement d'errances humaines, de petites habitudes, d'abonnements aux douches municipales. L'enfant serait une fille, Lucinda, qui tenterait avec application de lire toutes mes notes, dans un petit carnet rouge de voyage qui ne me quitterait pas, où je note mes trajets, les citations de mes lectures, et je me réjouirais de ses efforts :  "Bientôt, tu sauras lire couramment !" Nous serions heureux dans ce lieu indécis, parce que tous nous changerions de visages, progressivement, sans cesse, comme autant de nuages...

  • Le Singe Vert N° 100, les deux premières pages

    LE SINGE VERT NUMERO CENT 100 !!!
    Rédaction Hardt Kohn-Liliom
    Octobre 2015
    4 avenue Victoria 33700 Mérignac
    courriel : colber1@laposte.net
    dergruneaffe.hautetfort.com— kohnlili.blogs.sudouest.fr— singevert.blogspot.com
    OEUVRES SOUS LE NOM DE COLLIGNON IN LIBRO VERITAS
    blogs : dergruneaffe.hautetfort.com
    kohnlili.blogsudouest.fr
    singevert.blogspot.com
    Le singCOLLIGNON LE CHEMIN PARCOURU
    L’EFFONDREMENT DE ROSSENBERG
    PREPARATIONREFECTION EN COURS POUR ILV
    chercher « grand maigre »62 09 12
    1. Nuit à Rossenberg
    (a) les lieux (trois pages)
    (b) le bâtiment et ses entours (une page)
    2. chambre blanche, petit lit de fer, portrait de Henri V comte de Cham-
    bord. (une page)
    3. ma compagne à côté (une page) ? et l’impression étrange des volets
    hermétiquement clos. (une page)
    (a) les raisons pour lesquelles nous y sommes, (trois pages) le froid ou
    le chaud selon les saisons,
    (b) élargissement de l’espace, sorte de vaste palombière aux ramifica-
    tions immenses, cf. l’hôtel d’I. à l’horizontale.
    DIX PAGES (EN FAIT, SIX SEULEMENT)
    1. L’effondrement
    (a) alors que je me balade, effondrement d’une aile, je sais qu’il y a qq
    dessous, je décris les bâtiments, cf. une illustration de la collection
    "tremblements de terre et catastrophes naturelles"
    (b) les hommes vont sur le terrain (torchis, colombages), (laine de
    verre, masques) - moi, je suis méprisé, on ne me confie que le
    nettoyage de la vaisselle, aidé par des fillettes, puits à chadouf, bien
    préciser à ce moment la situation d’humiliation et d’infériorisation
    dont je suis l’objet dans ce groupe de merde.
    (c) Evocation effectivement d’O. qui me traite de Gugusse et de L.
    qui me remet le moteur en marche. Ne pas hésiter à dévoiler alors
    leur peu glorieux avenir (digeridoo, Uruguay)
    2. Mes lectures, destinées à bien montrer combien je suis supérieur (Mus-
    set aux chiotttes à la caserne, chapitre sur Ulysse dans "Si c’est un
    homme", ceci avec l’une des fillettes. Mais, "après-midi vaseux". cinq litres de
    vin avec L.
    (c) Une agressivité sauvage, ma paranoïa n’ayant cessé de croître
    4. Le voyage du retour
    (a) Le trajet à travers le Bocage, avec la petite fille dont nous ne savons
    pas tous les deux qui est le père ; petite route et cimetière de G.,
    pélerinage ultra-lent car nous n’y reviendrons plus.
    (b) le peintre Manolo, les adieux à tous.
    (c) engueulade magistrale devant la petite fille pour savoir qui de nous
    deux est le père.
    5. Il faut pourtant larguer la fillette chez sa mère
    (a) l’accueil plus que mitigé, cf. Machinchose à Kekpar.
    (b) accueil dégueulasse de la fillette, cf. fille de V. à Villaras, écoeurant.
    (c) elle nous annonce qu’elle va l’abandonner chez une autre copine
    6. Achat de bouffe cours Dr Lambert
    (a) je médite ma vengeance en achetant des produits avariés
    (b) je me lamente sur ma vie ratée, en retraçant la vie antérieure de
    mon compagnon et de moi
    (c) le repas est dégueulasse, avec la radio qui hurle sur le jambon
    d’York
    7. Toujours la soirée studieuse
    (a) Je reviens sur Musset
    ,
    nommé la Calvie de Vénus, où se dresse un des plus baroques
    chalets. C’est au centre une haute maison de bois, correspondant
    pourtant aux normes architecturales de ces contrées : trois étages
    dont le dernier jette juste un coup d’oeil par-dessus les cimes en
    cercle, et qui semble un fenil aménagé. Comparable en tous points
    à ces hautes maisons de fermiers, dans l’Ouest canadien (près de
    Calgary, ou de Mouse Jaw) - là où s’étendent ces vastes arpents de
    blé de printemps. Pourtant ne règne au rez-de-chaussée qu’un rond
    de prairie, comme une calvitie de verge (d’où le nom "Calvi[ti]e de
    Vénus"), sans aucune culture ni trace d’aucune sorte de jardinage.
    Le propriétaire du lieu, Christopher Jyves, passe de plus en plus
    loin sa tondeuse à gazon, sur laquelle il s’asseoit, repoussant parmi
    les troncs ses débroussaillages de plus en plus loin, si bien que les
    sous-bois du sommet du Mont Chauve se trouvent parfaitement
    dégagés, bien propres à dissuader les incendies. Sec et décharné
    sur sa tondeuse, Christopher semble en vérité quelque cavalier dé-
    généré de l’Apocalypse de Dürer, motorisé, utilitaire et monotone.
    Il la remise sous un appentis, en lisière des hauts feuillus qui dé-
    limitent sa clairière. Sa femme est tout le contraire : une joyeuse
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    solitaires. Tu aimerais, n’est-il pas vrai, qu’ils revécussent, qu’ils
    revinssent à la vie, afin de reprendre cette histoire qui ne t’avait
    jamais appartenu... Tout est trop calme. Il ne règne absolument
    pas d’atmosphère de mort. Une heureuse coïncidence a fait que
    tous auront survécu. Je me fais peur. Il n’y a pas de mal. Ils sorti-
    ront de leur cage de bois, soit de la partie miraculeusement restée
    intacte, soit de cette longue avancée disloquée. Et c’est d’abord le
    cheval funèbre, le chevaucheur de tondeuse à gazon, qui s’ébroue
    de sa sciure, tout près de la base, où le poids a pesé le moins. Il me
    regarde hébété, les bras ballants. Il ne trouve rien à me dire, ses
    lèvres sont retroussées exactement comme celles d’un cheval sur le
    mort, je vois ses dents jaunes dont je détourne toujoiurs le regard
    pendant les petits-déjeuners si copieux. A mon grand désespoir,
    à mon grand soulagement - comment définir ces deux choses, là,
    juxaposées ? - je vois la boulette sortant par la demi-porte restante,
    car la catastrophe l’a surprise au milieu des étages. Elle était en
    train de manger, les lèvres lui dégoulinent encore de sirop d’érable.
    Pourquoi les tremblements de terre n’éliminent-ils jamais ceux en-
    vers lesquels nous sommes redevables ? Pourquoi me trouvais-je si
    proche, dans un chemin creux, encombré de buissons ? Où est mon
    chasseur ? Il étire son long cou de l’autre côté du bâtiment, il re-
    vient lui aussi de promenade, il a pris le second sentier, vers le nord,
    il ramène par les ouïes une carpe à demi morte, que l’affolement a
    jetée sur sa ligne .
    Imprimerie A.Michel, Lège
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