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Chez Eddy Bellegueule

"Laura

"Devenir un garçon passait nécessairement par les filles." L'auteur ici passe au stade supérieur de l'analyse : tout un chacun subit ce rabotage, social, inévitable, ignoble, auquel nous sommes tous soumis à des degrés divers : concilier ce que nous sommes avec ce que voudraient les autres. Et nous le faisons subir aussi nous-mêmes. Cependant, ne noyons pas le poisson : ici, comme pour les fous, pour les ballettomanes, la persécution et le regard de travers sont particulièrement virulents, sont allés jusqu'aux coups. "J'avais rencontré Laura cette même année où les deux garçons avaient quitté le collège. Elle venait d'emménager dans une famille d'accueil d'un village voisin. Sa mère avait décidé d'abandonner la garde. Je ne sais pas s'il y avait une raison particulière, peut-être était-elle, comme ma mère, fatiguée d'être mère." Observez bien cela, ô bien-pensants qui voudraient réinculquer les bonnes et vraies valeurs dans notre société pourrie, n'est-ce pas : vous qui blâmez cette invasion de l'individualisme au détriment du collectif et de la cohésion sociale, aaaaaamen.

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Je défendrai toujours l'individu, le déviant, le pas comme tout le monde. D'ailleurs personne n'est "comme tout le monde". Tout le monde en crève de vouloir "faire comme tout le monde". Oui, nous nous soucions des aûûûûûtres, mais laissez-nous le faire à notre manière à nous. Alors, cette fille ? "Peut-être même qu'elle était allée jusqu'au bout de sa lassitude. Laura me disait simplement Elle veut pus de moi ma mère, j'aimerais bien vivre avec mais elle veut plus.

Laura avait une mauvaise réputation au collège. Elle était de ces filles de la ville - puisqu'elle y avait d'abord grandi avec sa mère - qui en surgissant dans le village provoquaient des réactions hostiles en raison de leur façon de parler, de leur mode de vie, de leur façon de s'habiller, provocante pour les habitants de la campagne. Les femmes qui attendaient devant l'école : Une gamine, ça ne devrait pas s'habiller comme ça aussi jeune, c'est pas respectueux, les enfants : Laure c'est une pute. Le rejet dont elle était l'objet me la rendait plus accessible. Je l'avais choisie pour parvenir à ma métamorphose.

"Je me suis rapproché d'elle d'abord par l'intermédiaire de l'une de ses plus proches amies, qui vivait près de chez moi." Oui, choisissez vos "autres", seulement si vous en avez l'envie ou le besoin. N'allez pas vers n'importe quel autre par culpabilité, parce qu'un imbécile vous aura fait la morale. Vous n'avez pas envie de fréquenter un Arabe, un juif, une Bretonne, un maçon, une écuyère, ne le faites pas. Mais alors, par pitié (nous ne débordons pas le sujet tant que vous le croyez, car ce livre est une somme de toutes les intolérances), si vous ne connaissez pas les juifs, les Auvergnats, les agricultrices, fermez-la, dites simplement "je ne les connais pas", sans rajouter non plus "et je n'ai pas envie de les connaître" ce qui gâcherait tout, simplement : fermez vos gueules.

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