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Voyage - Page 4

  • Petit salon chinois rond



            Ces trop fameux dépliants touristiques furent à la mode au milieu des années 50, voire 80 en Autriche. Il nous fut déjà donné l'occasion de décrire un de ces rectangles surchargés du Château de Schönbrunn, que nous avons dû visiter à toute vitesse entre deux groupes de touristes, faisant nous-mêmes partie de l'un d'eux. Il s'agit du salon chinois rond.
    Rien n'a changé depuis Joseph II, sauf des climatiseurs soigneuselent dissimulés. La langue rouge qui s'avance de biais, en bas, figure peut-être le sol, en feutrine caoutchoutée, ou peut-être une nappe. Il est pour le moins curieux que ce sol supporte deux épais canopes de porcelaine précieuse, car on ne pose pas ainsi de tels chef-d'oeuvres sur le sol. Cependant, une mince épaisseur courant sur le petit côté présage d'un vrai tapis. Cela pourtant ne laisse pas de surprendre, bien qu'un tl tapis épouse finalement avec exactitude l'arrondi du salon chinois. A droite au fonf, rapetissé par la perspective ici nécessairement acélérée, une tblette aux pieds contournés, frêle comme une bcihe ou un bichon frêle et figé.
        Le mannequin flétri.JPGA gauche, d'étranges marquetures parquétales m'avaient semblé quelque portrait de famille impériale, déformée par quelque maladroit procédé d'anamorphose, alors que l'ébéniste a mis tout son coeur à rassembler tout ce qu'il a pu d'ingéniosités contournées pour parfaire cet espace. Comme tout est différent de ce qu'il en est à ce que l'on voit ! Ocre, rouge vif arrondi, bleu-vert plus chinois que chinois (le même mot poru la même couleur), parquet de droite enfin foncé comme chez nous, et la petite table immobile. Cela fait l'arc-de-cercle plus avancé à gauche qu'à droite, pour épargner la monotonie. Juste au-dessus, 9 panonceaux rectangulaires cernés de rinceaux identiques, moyens, tut petit, puis plus grands en revenant vers notre droite.
        Le parti-pris d'étroitesse ne permet pas de distinguer les motifs qui les ornent, Le sixième déborde de part et d'autre du canope tripode le plus au fond. Le septième soutient le ventre de la tablette disons lévrière, le huitième est à peu près entier, le dixième et le plus à droite étale vers nous une surface pus spacieuse, surmontée  du même bleu-vert malsain que le canope, à la façon d'un panache rigide échappé du sommet du vase. Cette rangée près du sol est surmontée d'une autre, aux longueurs plus ramassées, de façon à former cette fois des carrés, aux rinceaux latéraux cette fois plus larges, alignés sur les rectangles d'au-dessous.     C'est tout aussi laid ou inutile, en un mot fascinant d'insignifiance. Mais sur les deux battants ferés de porte, cela devient un modeste élancement vertical, trois fois plus haut. Et si le spectateur observe bien ces carrés ou ces deux rectangles au nombre cette fois de huit, il lui semble bien apercevoir des reflets : aux numéros 1 et 6 : encaustiques surexcitées ou miroirs?  Les hauts panneaux de porte présentent les mêmes entrelacs outrés que le parquet de gauche : on voit bien à présent qu'il ne s'agit pas du tout de portraits princiers entassés. Mais le numéro 5, plus haut, plus large que toute cet alignement, est un miroir. Dans lequel nous voyons distinctement le reflet d'un angle en pendentif, un demi-cintre, une haute fenêtre, une architecture intérieure compressée, avec voussures, carrés bleus, correspondant à des persiennes semi-closes comme dans les musées.
        Dans ce miroir surencombré se devine l'inévitable lustre qui pendouille, et dont l'original s'éparpille sous nos yeux parmi les innombrables gribouillis métalliques tortillés sur le bois blanc. Tous ces panneaux luisants, ce miroir glauque, sont autant d'yeux qui vous regardent, ou du moins vous reflètent, ou pourraient vous refléter. Une véritable prison, une galerie close de chambre des supplices, celui de la vie de cour. Quatre autres panneaux, les plus hauts, garnis de boiseries luisantes, avec chacun ses lueurs rouges inidentifiables, à mi-hauteur desquels, sur les vantaux cette-fois, deux camions 1930 se font face, capot contre capot, le dessous levretté.
        Le grouillement se scande aussi, au-dessus de la double porte aussi bien qu'au-dessus du miroir encadré d'or,  d'un couple de toisons, ou de robes larges du bas, sortes de peaux de bêtes ou de robes vidées de leurs femmes, où s'entredevinent cete fois des tableaux sur bois : le miroir est sommé d'un buste généreux, d'un bras étendu faisant flotter un voile plus ou moins mythologique : nichons soudains surgis d'un arrondi concave ou convexe, selon qu'on voudra le voir. Puis le quatrième étage de ces médaillons, chacun au milieu de son candélabre à deux branches. Au terme enfin de cette laborieuse escalade de stucs, ,le visiteur distingue nettement le triple et quadruple cercle du plafond, sur une interminable et fausse porcelaine : festons, portraits devinés.
        Il est matériellement impossible de tout décrire : au-dessus de la visqueuse cheminée, je vois encore un miroir, où tout s'abyme à l'infini...

  • La maison qui domine, version claire

    La maison qui domine, version claire.JPG

  • Citations mystères

         92.    Les imbéciles ! ils paieront ça ; ils paieront leur dédain pour tout ce qui est beauté,grandeur, noblesse de la vie... leur rêve de                    toute une humanité en savates, en gilet de laine,
                        en bretelles flasques, qui acceptera de vivre dans des cabanes à lapins, sur des ruelles de gadoue,
                        du moment qu'il n'y aura plus de patrons, plus de femmes trop bien habillées, qu'on en fichera le
                        moins possible, et qu'il sera assuré aux ex-damnés de la terre un minimum de six heures par jour pour
                        jouer à la belote ou pêcher à la ligne.

    Belle pine d'ardoises à Tulle F.JPG


                        Jules ROMAINS
                       
                                  "Les Hommes de Bonne Volonté"
                                         id. ibid. T. XXIV
                                       "Comparutions" p. 69
                       
                       
                       
                       
                       
                       
                                  
                       
                            93.    On nous dit qu'en suivant Hitler le
                        peuple allemand proteste contre des injustices
                        qu'il aurait subies, ou se prépare à assouvir un
                        besoin de revanche. Oui, sans doute. Mais il
                        acclame encore plus l'homme qui, par des
                        incantations délirantes, l'arrache à des années de
                        dépression nerveuse, qui, par des cérémonies
                        néo-barbares, lui prodigue les secousses,
                        l'ébriété ; qui, en lui faisant persécuter les
                        Juifs,brûler les bibliothèques,lui procure, à                   lui, peuple cultivé, le plus grand scandale
                        intérieur. Les Allemands savent qu'avec Hitler,
                        quoi qu'il arrive, ils ne s'ennuieront pas.
                       
                                           Jules ROMAINS
                                  "Les Hommes de Bonne Volonté"
                                T. XXV - "Le Tapis Magique" p. 127
                       
                       
                       
                            94.    Pourquoi ce qui est délicieux à vivre
                        serait-il honteux à décrire ?
                       
                                         id. ibid.  p. 199
                       
                       
                       
                            96.    Je me disais souvent que la carriŠre de
                        s‚ducteur de femmes devait ^etre trŠs difficile,
                       
                       
                    qu'il était donc un peu trop commode de la
                        m‚priser chez autrui, que les raisins étaient trop
                        verts, etc... Il en r‚sultait une admiration
                        involontaire, et assez aigre, pour ce type
                        d'hommes ; l'id‚e que dans leur genre ils
                        formaient une classe hautement douée et
                        privil‚gi‚e. Et comme tous n'offrent point de dons
                        physiques ‚clatants, il fallait aller jusqu'à leur attribuer soit une sorcellerie, soit un
                        rayonnement vital d'une puissance myst‚rieuse,
                        bref des formes de sup‚riorit‚ que rien ne
                        remplace, qu'aucune ‚tude ne procure, et dont, si
                        l'on veut ^etre tout … fait sincère, l'on ne se
                        console point d'^etre privé.
                       
                                           Jules ROMAINS
                                   "Les Hommes de Bonne Volonté"
                                 T. XXVI - "Fran‡oise" pp. 55 / 6
                       
                       
                       
                            96.    ...il est immoral de faire les choses
                        loyalement, et il est moral de les faire
                        hypocritement.
                       
                                         id. ibid. p. 226
                       
                            97.    Ce qu'on annonce de mauvais est presque
                        toujours vrai.
                       
                                           Jules ROMAINS
                                   "Les Hommes de Bonne Volonté"
                                  T. XXVII "Le 7 Octobre" p. 296

  • Inscription comminatoire

    Inscription comminatoire.JPG

  • Escaliers de Tulle

    Escaliers de Tulle.JPG