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Petit salon chinois rond



        Ces trop fameux dépliants touristiques furent à la mode au milieu des années 50, voire 80 en Autriche. Il nous fut déjà donné l'occasion de décrire un de ces rectangles surchargés du Château de Schönbrunn, que nous avons dû visiter à toute vitesse entre deux groupes de touristes, faisant nous-mêmes partie de l'un d'eux. Il s'agit du salon chinois rond.
Rien n'a changé depuis Joseph II, sauf des climatiseurs soigneuselent dissimulés. La langue rouge qui s'avance de biais, en bas, figure peut-être le sol, en feutrine caoutchoutée, ou peut-être une nappe. Il est pour le moins curieux que ce sol supporte deux épais canopes de porcelaine précieuse, car on ne pose pas ainsi de tels chef-d'oeuvres sur le sol. Cependant, une mince épaisseur courant sur le petit côté présage d'un vrai tapis. Cela pourtant ne laisse pas de surprendre, bien qu'un tl tapis épouse finalement avec exactitude l'arrondi du salon chinois. A droite au fonf, rapetissé par la perspective ici nécessairement acélérée, une tblette aux pieds contournés, frêle comme une bcihe ou un bichon frêle et figé.
    Le mannequin flétri.JPGA gauche, d'étranges marquetures parquétales m'avaient semblé quelque portrait de famille impériale, déformée par quelque maladroit procédé d'anamorphose, alors que l'ébéniste a mis tout son coeur à rassembler tout ce qu'il a pu d'ingéniosités contournées pour parfaire cet espace. Comme tout est différent de ce qu'il en est à ce que l'on voit ! Ocre, rouge vif arrondi, bleu-vert plus chinois que chinois (le même mot poru la même couleur), parquet de droite enfin foncé comme chez nous, et la petite table immobile. Cela fait l'arc-de-cercle plus avancé à gauche qu'à droite, pour épargner la monotonie. Juste au-dessus, 9 panonceaux rectangulaires cernés de rinceaux identiques, moyens, tut petit, puis plus grands en revenant vers notre droite.
    Le parti-pris d'étroitesse ne permet pas de distinguer les motifs qui les ornent, Le sixième déborde de part et d'autre du canope tripode le plus au fond. Le septième soutient le ventre de la tablette disons lévrière, le huitième est à peu près entier, le dixième et le plus à droite étale vers nous une surface pus spacieuse, surmontée  du même bleu-vert malsain que le canope, à la façon d'un panache rigide échappé du sommet du vase. Cette rangée près du sol est surmontée d'une autre, aux longueurs plus ramassées, de façon à former cette fois des carrés, aux rinceaux latéraux cette fois plus larges, alignés sur les rectangles d'au-dessous.     C'est tout aussi laid ou inutile, en un mot fascinant d'insignifiance. Mais sur les deux battants ferés de porte, cela devient un modeste élancement vertical, trois fois plus haut. Et si le spectateur observe bien ces carrés ou ces deux rectangles au nombre cette fois de huit, il lui semble bien apercevoir des reflets : aux numéros 1 et 6 : encaustiques surexcitées ou miroirs?  Les hauts panneaux de porte présentent les mêmes entrelacs outrés que le parquet de gauche : on voit bien à présent qu'il ne s'agit pas du tout de portraits princiers entassés. Mais le numéro 5, plus haut, plus large que toute cet alignement, est un miroir. Dans lequel nous voyons distinctement le reflet d'un angle en pendentif, un demi-cintre, une haute fenêtre, une architecture intérieure compressée, avec voussures, carrés bleus, correspondant à des persiennes semi-closes comme dans les musées.
    Dans ce miroir surencombré se devine l'inévitable lustre qui pendouille, et dont l'original s'éparpille sous nos yeux parmi les innombrables gribouillis métalliques tortillés sur le bois blanc. Tous ces panneaux luisants, ce miroir glauque, sont autant d'yeux qui vous regardent, ou du moins vous reflètent, ou pourraient vous refléter. Une véritable prison, une galerie close de chambre des supplices, celui de la vie de cour. Quatre autres panneaux, les plus hauts, garnis de boiseries luisantes, avec chacun ses lueurs rouges inidentifiables, à mi-hauteur desquels, sur les vantaux cette-fois, deux camions 1930 se font face, capot contre capot, le dessous levretté.
    Le grouillement se scande aussi, au-dessus de la double porte aussi bien qu'au-dessus du miroir encadré d'or,  d'un couple de toisons, ou de robes larges du bas, sortes de peaux de bêtes ou de robes vidées de leurs femmes, où s'entredevinent cete fois des tableaux sur bois : le miroir est sommé d'un buste généreux, d'un bras étendu faisant flotter un voile plus ou moins mythologique : nichons soudains surgis d'un arrondi concave ou convexe, selon qu'on voudra le voir. Puis le quatrième étage de ces médaillons, chacun au milieu de son candélabre à deux branches. Au terme enfin de cette laborieuse escalade de stucs, ,le visiteur distingue nettement le triple et quadruple cercle du plafond, sur une interminable et fausse porcelaine : festons, portraits devinés.
    Il est matériellement impossible de tout décrire : au-dessus de la visqueuse cheminée, je vois encore un miroir, où tout s'abyme à l'infini...

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