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  • Circonvolutions

    Conclusion, sans rapport avec ce qui précède.

    Il faut écrire par but précis.

    IL FAUT FUIR LE STYLE DES QU'IL SE MANIFESTE

    cette photo est de Vincent Pérez

    Le grand écart en l'air BLOG DGA.JPG

    Fuir, dès qu'il se manifeste, le style.

     

    FUIR LE STYLE DES QU'IL S'APPROCHE.

    Et non pas : "...FUIR, DES QU'IL S'APPROCHE, LE STYLE."

    Mes lecteurs - rectifieront d'eux-mêmes.

    Le livre d'Henry-François REY "Les Pianos mécaniques" m'aura du moins appris comment ne pas écrire. Opposer, de Rabelais :

    "Or cy trouverent des mots gelés ensemble, et syllabes aincy agglutinées, comme hin, hin, brededin, brededac, bou, bou, bou, trac, trac..."

    De moi in "Monségur [sic] 47"

    "Ça ne devrait pas s'appeler "cimetière" ; ça sonne trop clair, comme un clairon ; il faudrait plutôt le bruit de la terre qui glisse - fss... fss... - quelque chose comme "fossouère"..."

    ...Toujours d'Henry-François Rey :

    "Il but son café à petits coups

    " son whisky d'un grand trait" - prière : my friend,

    Débarrasse-toi de tous ces verres "qu'on tourne entre ses doigts", de tous ces cafés et cigarettes - quand je compose je me les touche, je me court-circuite. Pas de déperdition.

    "C'est là que, tout seul dans le vent, je récite "Hamlet"... Un très bon exercice. Notez bien que je tiens Shakespeare pour un idiot et "Hamlet" pour une pièce infantile. Mais cet infantilisme est comme une purge ; tout de suite après son ingestion, la rigueur vous paraît plus rigoureuse. Nous arrivons."

    Ca fait bien, de prendre Shakespeare pour un idiot. "Vous êtes un vieux croûton : aimer Shakespeare !

    - Ah mais non ! je le "tiens pour" un idiot.

    - Vous êtes un ignare : mépriser (to despite) Shakespeare !

    - Ah, mais non. Je maintiens que son infantilisme purge : d'une certaine façon donc, paradoxale, je rejoins votre admiration. Je l'estime, mais pas comme tout le monde."

    (Enfant = con = génie = con = pureté = nature, tou sles clichés sont au rendez-vous, l'idiot est le plus sage de tous, etc... - êtes-vous allé déjà faire un tour dans la tête de l'idiot du village ?)

    Quant à la "rigueur" qui devient "plus rigoureuse", c'est ce qui s'appelle le comparatif interne : la vie devient plus vivante, la profondeur devient plus profonde... t'en chies des pages...

    Mon cul devient plus enculé.

    Le fin du fin, après les points de suspension - le "coup de menton" - "nous arrivons".

    Brisons là.

    Gardons nos profondeurs.

    Cela s'appelle "poser un jalon".

    Vient ensuite le croquis du village vu de haut : "Vous avez vu un village sous la pluie - décrivez - au soleil - un couple qui baise - décrivez - " poursuivre sur ce ton - secouer le livre comme un vieux sac de patates poussiéreuses qu'il est, cependant, dès deux cents pages avant la fin, une irrésistible, une incoercible envie de poursuivre.

    X

    Se peut-il qu'un si grand cerveau - le mien - reste en friche.

  • Tout commence avec Dalida

    Signora Iolanda Cristina GIGLIOTTI, dites-moi – cinquante ans – visage marqué magique – la fin toute proche – accent macaroni moqué - « Arrêtez. Mes projets sont abondants. Je ne baisse pas la tête. Posez d'autres questions. - Quels sont vos rapports avec les plantes ? les fleurs, les arbres ? » (tout laisser ainsi en plan, à la disposition fébrile des survivants) – J'ai beaucoup de projets. Ma forme est excellente. Voyez mon fils, il le confirmera. Il s'appelle le Cordouan, comme le phare. » Voyons ce fils ! Il habite une sorte de ruine, genre « loft aménagé », peut-être un ancien phare mais de terre ferme, et je lui brûle la politesse, montant le premier. Il me suit. C'est un jeu. L'escalier en colimaçon monte de meurtrière en meurtrière, de plus en plus large, où passer la tête. J'ai devancé le Cordouan, peut-être m'a-t-il dit « Après vous », mais il me poursuit, tente de m'atteindre à coups de grands mollards qui ne m'atteignent pas mais retombent en grands parachutes à claires-voies : « Tu ne peux même pas atteindre les pigeons qui nous séparent ! » C'est entre lui et moi, le longs des murailles blanches, un mouvement continu de gros oiseaux à donner le tournis. Les crachats chutent comme autant de méduses qui se déchirent. Je suis arrivé avant le fils chéri, dans un petite pièce au sommet très bien aménagée, donnant de partout sur les terres et la mer qu'on aperçoit dans le lointain. Il arrive à son tour essoufflé, bien que ce soit sa propre demeure. À gauche part un couloir obscur en impasse. « À quoi cela sert-il ? - À rien me répond-il. Nous ne faisons pas l'amour. Mais dans ce cercle étroit loin de la terre et de l'Océan nous accomplissons une succession de frôlements précis et de caresses, inventant à mesure un rite éphémère. Nul n'en saura jamais rien. Nous promettons de nous écrire, pressentant que jamais plus nous ne serons ensemble. Ne serait-ce qu'à son air désabusé.

    C'est un grand jeune homme blond pâle, adresse : « Sous le château d'eau ». Le courrier se dépose en bas, dans une archère aménagée. Alors seulement j'ai repris le car dans la direction opposée, de Vaux-sur-Seine à Conflans. La côte monte. Le conducteur n'est pas sûr de lui, finira bien par trouver des panneaux indicateurs. Pour l'instant, face à face dans le car, eux Tahitiens parlent d'un match. Leurs mentons sont très pointus, comme certains masques tropicaux. À l'arrêt voulu, Ferret et moi sommes descendus, avons couru vers une entrée dans le roc, se rétrécissant à mesure que s'enfonce vers le haut un escalier en spirale… Il recule, je recule devant lui, à cul-touche nez.

    Sommes-nous bêtes d'avoir voulu nous coincer à l'intérieur de cette aiguille rocheuse. Ferret a disparu, le temps que je m'extirpe. Comment ai-je pu rejoindre l'hôtel, il me semble qu'un taxi m'a recueilli, à 20h 20 je suis arrivé chez moi en retard, et par ma foi, mon épouse Arielle me fait une telle gueule que je n'ai plus qu'à dormir à l'hôtel. Roulons. De nuit cette fois, et à vélo. Un moteur est installé dans mes pattes, involontairement je pousse sur les pédales, une accumulation de toxines peut tuer. Mais je franchis victorieusement un aiguillage en creux sur l'asphalte : ô tramways meurtriers… Place de la Bourse passe une longue ligne, part un embranchement vers l'intérieur des terres, loin de la Garonne…

    Fortifications.JPG

    C'est une abondante blonde qui sort d'un angle, droit sur moi, et m'assaille en selle tous seins et toute affection dehors : chouette s'exclame-t-elle, je ne me trouvais pas de cavalier de danse, les autres ne se moqueront plus de moi. Parfait. Ne me reste plus qu'à rentrer chez moi, pour me débarrasser de mon vélo, et revenir à pied, tout propre et tout paré. Tout le monde, n'est-ce pas, en eût fait de même, et je ne sais rien de plus raisonnable. Et voyez comme vont les choses, ma blonde est retrouvée, elle s'est accoudée à un bar, à l'abri, en compagnie d'autres folasses, et me reconnaît. Nouvel assaut, cette fois philosophique : la merveilleuse entente entre deux êtres s'exprime bien davantage quand le sexe n'y tient pas de place. « Visitons plutôt le musée », me dit-elle.

    En effet, cet infâme bouge en plein désert nocturne offre en arrière-salle l'avantage d'un musée picturo-sculpturel. Nous en ressortons gavés d'impressionnants chefs-d'œuvres, et je m'aperçois que mon écharpe, mon Dieu, ma belle écharpe à fleurs, est tombée sans doute au pied d'un tableau de maître. Attends-moi je reviens. Le gardien doit rouvrir la salle, et bougonne comme un chien, comme s'il n'était pas un simple domestique. Écharpe retrouvée ou non, et porte refermée derrière moi, il est impossible de retrouver la moindre blonde aux seins amoureux, ni même une de ses compagnes. C'est rageant de rater l'occasion. Mais un petit carnet traîne sur le zinc : les demoiselles ont laissé quelque chose : tous leurs numéros de téléphone, toutes leurs baises et leurs dentistes ! C'est une petite brune qui rentre, furibarde, pressée, m'arrache le carnet des mains et repart en trombe : adieu, liste d'adresses, où je ne figure pas ! « Permettez ? » - au dernier instant je rattrape ma maigre brune, inscris mon nom d'un stylo rapide, illisible, griffonné au bas de page, surpeuplée, la page ; la brune trépigne, je me rature, m'embrouille,patron ! patron ! est-ce que vous pouvez me lire ? Il s'en fout, « moi j'essuie les verres... », et me revoilà seul, à pied, la braguette pleine de rêves.

  • "Le déclin français", dit Zemmour

    "Paris incarne cette France des métropoles globalisées, polarisées entre classes supérieures et immigrés, que le reste de la France (classes moyennes et populaires dans le périurbain et les petites villes qui souffrent des délocalisations industrielles et des suppressions de services publics, postes, tribunaux, casernes, hôpitaux, au nom des économies budgétaires) regarde avec un mélange d'envie, de ressentiment, de tristesse, de sentiment d'abandon et d'incompréhension. Les colères de la "manif pour tous" contre le mariage homosexuel, ou la fureur des "bonnets rouges" bretons contre l'écotaxe ont en 2013 exprimé la fureur de la France des parias contre la ville-monde Paris et ses petites soeurs globalisées. Auparavant, il y avait Paris et le désert français. Désormais, ce sera de plus en plus Paris et la désespérance française.

     

    11 décembre 2011

    Fenêtre des chiottes à bord P.JPGUn destin de Mezzogiorno

    "Ce fut l'autre évènement de l'année 2011." Zemmour s'emballe quelque peu. T'as pas 1s'emballe ? Les manifs ont eu lieu à Paris que je sache, et il n'y avait pas que des provinciaux dans les manifestations. Mais le programme de certaine énarques vise bien à transformer la France en désert de chômeurs, tandis que les autres devront bosser 22h par jour. N'oublions pas qu'il n'y aura plus en France que trois maternités : Paris, Lyon et Strasbourg. Poursuivons : "L'autre entrée dans le XXIe siècle. Moins spectaculaire, moins décisive. Les Chinois négociaient depuis quinze ans. Cette entrée dans l'Organisation mondiale du commerce (OMC), entérinée par les accords de Doha (Qatar) de novembre 2001, était le couronnement de la politique libérale d'ouverture sur le monde, inaugurée à la fin des années 70. Cette intronisation solennelle dans la "Communauté internationale" était pour l'ancien empire du Milieu une révolution économique et politique, voire philosophique; Il ne tarderait pas à se transformer en "atelier du monde" et à s'assoir sur un tas d'or." Les dirigeants, M. Zemmour, puisse Bouddha me préserve des salaires et de la pollution supportée par les Chinois de base.

    "Les dirigeants des autres pays étaient aussi empressés de conclure, même les Américains ou les Français, pourtant de forte tradition protectionniste. La foi dans les bienfaits du libre-échange était alors irrésistible ; c'était alors une autre version de "la fin de l'histoire" chère à l'Américain Fukuyama, la paix, la démocratie et la liberté des échanges. Les élites occidentales imaginaient l'entrée de la Chine dans l'OMC comme un phénomène de dégel qui conduirait, par des progrès convergents du marché, du droit et de la démocratie, vers un rapprochement lent et inexorable avec leur modèle économique et politique.

    "Arrière-pensée non avouée, mais confiée à mi-voix avec un air entendu et non dénué d'une pointe d'arrogance, les élites françaises - et occidentales - étaient alors convaincues que la Chine se contenterait de profiter de son "avantage comparatif" dans l'industrie bas de gamme. "A eux les chaussettes et les tee-shirts ; à nous les Airbus et les TGV !"

    "Il ne fallut que quelques années pour que cette prophétie ne fût démentie. La France sacrifia les ultimes reliquats de ses industries de main-d'oeuvre, sans pour autant préserver ses trésors de haute technologie." Nous voudrions bien croire Zemmlur sur parole, n'était ce ton persifleur qui tend à nous faire soupçonner une compilation de tout ce qui va mal, un empilement destiné à nous démontrer que la France est peuplée de décideurs nuls. Il est cependant exact que des marchés sont à présent menacés en France par la concurrence chinoise, sans aucun progrès de la démocratie dans ce pays, car il est bien plus avantageux de faire fabriquer tout cela par un prolétariat proche de l'esclavage...

    "Ce fut perdant-perdant. Les mêmes théoriciens libéraux assuraient, sûrs de leurs théorêmes ricardiens et de leurs équations mathématiques, que la faible valeur de la monnaie chinoise ( le yuan avait été dévalué en 1994) correspondait à un moment donné de l'économie chinoise, avec ses salaires misérables et sa faible productivité ; l'accumulation des excédents commerciaux de la balance des paiements provoquerait très vite, selon eux, un ajustement à la hausse de la monnaie chinoise, qui équilibrerait les échanges entre la Chine et le reste du monde. Ainsi, le Japon, ogre des années 80, avait-il dû revoir ses prétentions à partir des années 1990, à cause d'une réévaluation du yen, l'endaka, qui réduisit les formidables excédents commerciaux que ce pays accumulait alors.

    "Ce "rééquilibrage" n'eut jamais lieu en Chine." Comme je ne sais pas si ces "excédents commerciaux" sont en marchandise ou en monnaie, je ne peux rien comprendre. Toujours est-il que l'ouvrage d'Eric Zemmour me semble difficile à évacuer d'un revers de main, encore moins à se faire condamner sans même avoir été lu ni même ouvert. Le suicide français n'est peut-être qu'un fantasme, toute période est un déclin et une renaissance depuis l'aube des siècles, et ce qu'il faut éviter, c'est de se comporter comme des marins de Constantinople : ils avaient remporté une grande victoire navale sur les Turcs, et les bateaus restants de ces derniers battaient en retraite. Soudain, le cri "Nous avons perdu le combat !" retentit, en même temps qu'un marin épuisé nerveusement se suicidait en se jetant d'un mât. Aussitôt la panique gagna tout le navire, puis toute la flotte, et le suicide de masse se poursuivit, tout le monde sautant à l'eau.

    La flotte turque entendit ces clameurs de désespoir, rebroussa chemin, et découvrit la scène. Alors ils se ruèrent sur les défaitistes et les écrasèrent de façon sanglante. Soyons moins cons, merci. Le livre de Zemmour a connu un succès considérable. Et n'oubliez pas de prendre chacun votre immigrant chez vous, à votre table, juste à côté de votre femme. Humour.