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  • Trois conneries oniriques ta mère

    Cherchant à rejoindre Mérignac, j'ai erré à pied sur le remblai sud du Pont de Pierre, encombré de terrains vague, avec des fragments de rails de tramway, de la boue séchée, des voies concentriques parcourues de voitures éparses. Je suis monté à bord d'un bus « M » qui repassait pourtant le pont vers Cenon, j'étais torse nu et portais un énorme carton vide sur la hanche, le bus semblait comble mais des gens sont descendus, des femmes, me laissant assez de place debout. Mon corps heureusement ne dégageait aucune odeur de sueur. J'ai entendu des consignes concernant l'inconduite du chauffeur, qui s'arrêtait le long des haies pour conter fleurette aux femmes, qui reconstituaient même ces haies fleuries à l'intérieur de son véhicule pour faire l'amour avec la clientèle féminine, il était menacé (mollement) de sanctions mais n'en tenait pas compte, et poursuivait sa route, fausse ; je devais descendre, mais j'espérais bien profiter d'une occasion.

    Me soutenait l'affection de Sonia, que j'allais voir à Mérignac.

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    J'approuve l'activité d'une société qui tente de racheter les atrocités de jadis. D'abord, une boue rouge représentant les corps broyés de bébés victimes d'une répression. On sent encore leur présence corporelle. Puis un air, au ras du sol, où survivent les paroles et les souffles de ceux qu'on a massacrés là. Ce sont de préférence les bourreaux qui doivent respirer cet air ou humer cette boue, pour réincarner leurs victimes et en quelque sorte annuler leurs actes criminels. Sollicité pour se joindre à cette rédemption, David reste enfermé dans sa petite pièce rue David-Johnston et renâcle. Il refuse.

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    Dans un train luxueux venant de Grenoble vers Lyon, avec A., m'a été confié le guidage d'un câble passant par la vitre et nécessaire à établir la liaison technique et le fonctionnement d'une nouvelle ligne. Malgré les difficultés (multiplication des voies de banlieue, virage, forte montée), tout réussit. Je lâche le câble en dépassant d'au moins 800 m la limite de lâchage qui m'avait été impartie ; le train, lancé par mon action, continue lentemet. J'éprouve un grand sentiment de responsabilité, Annie me respecte.

     

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    Gigantesque cathédrale, foule considérable, inaugurant la réfection d'un grand ensemble d'orfèvrerie (tout un autel). Présence d'autorités, discours, solennnités. Une exposition d'Annie a lieu sous des combles aménagés, elle rapporte quelques tableaux supplémantaires (qui représentent peut-être des chats) et nous passons devant tout le monde avec fierté. Je laisse Annie monter seule et me dirige vers des annexes de la crypte, je m'enfonce dans une espèce d'anfractuosité terreuse (reliquat de fouilles ?) où je me mets à pisser, le front contre une paroi, me persuadant que je ne commets là aucun sacrilège, mais inquiet malgré tout car la cavité se poursuit sous plafond bas, et j'entends au-dessus de moi toute la rumeur du siècle et des siècles...

    Crainte d'éboulement ou d'attirance morbide vers ces profondeurs caverneuses non étagées.

  • Les vieux, les enfants, la mort

    Le père de Jean-Benoît se fait rouler la graisse en fauteuil roulant, depuis son avc. IL comprend ce que je lui dis, même en allemand. Il émet parfois un rire étouffé quand je lui assène, unilatéralement, une de mes histoires obscènes. Car je lui parle, malgré tout. Il ne répond que par "oui" ou par "non", faiblement articulés après rassemblement de toutes ses forces. La dernière fois, il n'a pas cessé de porter l'index à son front, comme un essai de salut militaire. Ce qui signifiait peut-être "Je te reconnais, je te donne le bonjour". J'étais au milieu de ces vieux tous affalés, déjetés, à demi inconscients sur leurs fauteuils respectifs comme les Communards debout tout zigzaguant dans leurs cercueils ouverts.

    Un jour le petit noiraud, Albrecht Breuschenegg, surgit dans ce salon du rez-de-chaussée. Il engueule tout le personnel soignant, criant les mots de mouroir et de morgue, indigné, paniqué. A l'idée d'être un jour lui aussi tordu, mal maintenu par des sangles et nourri à la cuillère. Jean-Benoît lui envoie une lettre aux termes les plus méprisants et les plus dignes. A l'entrée, j'ai dû préciser que je n'avais rien de commun avec le petit monsieur en question. Parfois Pascale vient manger près du vieux père. Il la reconnaît. Il ne me reconnaît, moi, qu'au dernier instant, quand je prends congé.

     

     

    SES ENFANTS Je ne connais que République, surnommée la Reine. Sa voix est menue, blanche, immature. Elle a de petits seins au tour, le regard égaré. Elle se fait tringler par un Noir et je l'envie pour cela. La seule fois où je l'ai vraiment vue, elle se montrait du moins en ma présence tout Intimidée par son père Jean-Jean-Benoît qui ne parle que de lui et de sa musique. Le soir même, elle tombait enceinte. Elle a repris le boyau habitable de l'impasse Alacoque. Son père aimerait que je la visite : le géniteur s'est-il déjà enfui ? Comment ferais-je, à 71 ans, pour devenir son amant ? Est-il compté sur moi pour devenir parrain ? Comment donner à cet enfant une éducation chrétienne à laquelle je ne crois pas ?

    Ce serait d'une totale imposture. Après l'existence il n'existe plus rien. L'absence de pomme ne saurait être la présence d'une absence ; de même est-il vain de prétendre que l'absence de Dieu est la substance de l'Etre même et va jusqu'à le prouver. Non. Lorsqu'il n'y a pas de pomme, il n'y a pas de pomme. Donc d'un coup, plus rien. "Ils ne se rendent même pas compte qu'ils sont morts" : parole terrible, odieuse et ridicule en face des victimes, mais combien profonde sous sa naïve cruauté. A moins, chose horrible, qu'il n'existe ces 20s. fort plausibles, suivant l'arrêt du coeur, où l'on prend conscience de sa mort, sans possibilité d'en sortir, et qui serait possible selon les neurologues. L'oeil châssieux.JPG

  • Ca se traîne

    Les bras levés.JPGCa se traîne sur mon blog. C'est fou le nombre de gens qui se trimballent après la "reconnaissance". Il faut simplement "tenir le coup jusqu'au bout", montrer qu'on "est un homme" et autres foutaises Je me souviens d'un colosse en je ne sais plus quelle année qui entrait dans le bureau de tabac en annonçant "J'ai un cancer généralisé". Vachement de gêne. Je voulus lui dire quelque chose de bien senti. Tout ce que je trouvasse, c'estoit "Faut tenir le coup". Alors il s'est redressé  "Oh mais pour le moral, ça marche à fond !" Ah, j'étais content de mon égoïsme. Après ça je suis reparti à l'hôtel où j'avais fui le domicile aussi con que jugal. Depuis j'y suis retourné, 50 ans de mariage en juillet, merci beau-papa d'avoir organisé tout au rabais par avarice. Ah, au fait, je ne sais que me plaindre, c'est ma raison de vivre sur cette terre. Quoi, tu boudes, ingrat ? A bientôt, le manque de gens, the lack of people, may le Seigneur be good avec you et cum spiritu tuo.

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  • La baise et la tête

    L'exposition du Pont-Tournant : qui viendrait voir cela, dans le hall d'attente d'un petit théâtre ? Du coup, ayant vu et estimé ma femme, Djanem penser qu'elle “ne saurait pas lui faire ça”, et c'est encore une occasion de ne pas faire l'amour. Mon héros peut faire l'amour avec sa femme légitime, seulement, cela l'épuise, il s'arrête en chemin. Or 22 éjaculations par mois protègent d'un cancer de la prostate. Qu'y a-t-il de plus épuisant : baiser 21 fois dans un seul mois, ou passer 10 ans à crever de chimio ? Car on crève DE chimio.

     

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    Crises de jalousie, menaces d'abandon (pour cause de Carine) à tous les entretiens (j'ai moi aussi mes obsessions). Jérémiades d'autant plus cruelles qu'elles demeurent à jamais infondées, quand on sait que les femmes, pour moi, n'ont pas de désirs ; plus précisément, n'ont pas de désir pour moi. Plus précisément encore, ne l'extériorisent pas. Voyez Carine : elle me repousserait aussi, du haut de sa situation d'employée de la Sécu, et je n'ai pas envie de reprendre le parcours du combattant depuis le début. Les femmes (“celles que je connais”) me semblent toujours extrêmement difficiles à “obtenir”, alors qu'elles se voient toutes, sans exception, affables, d'accès facile, parfaitement abordables, disponibles, fraîches et tout.

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    En réalité, revêches et rébarbatives. L'une d'elles n'a-t-elle pas osé écrire : « Il faudrait libérer les hommes de leur addiction au sexe » - le seul moyen serait de leur couper les couilles. En réalité, j'ai couché avec Te-Anaa. Mais je n'aime pas lorsqu'elle fait sur moi, accroupie, les yeux fermés. Ni qu'elle se soit coupé les cheveux, ressemblant ainsi de façon désastreuse à Jacques Higelin, vedette de la chanson masculine et largement septuagénaire ; pour compléter, gauchiste et démagogue. Se levant de son siège de plateau télé pour exciter le public à l'applaudir, lui, ce qui couvre les arguments de sa partie adverse. Te-Anaa n'est pas ainsi. Elle accepte mes arguments avec lucidité, pour avoir longtemps vécu.

    Pour l'instant, elle ne m'écrit plus, se tournant vers un autre homme, un vieux, un solide, un vrai. Je n'aimerais pas rencontrer tous ces hommes. Bertrand lui-même : comme il se fragilise dès qu'il croit entrevoir une complicité entre Te-Anaa et moi !

     

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    Djanem, jadis, au temps de son adoration pure, ne voulait plus redescendre de ma voiture et me serrait de toutes ses forces entre ses bras. Se mettait irrémédiablement en retard. Si je voulais quitter son automobile personnelle, même jeu. Combien de fois ne suis-je pas rentré chez moi en retard, sous des prétextes divers ! Nous sommes allés très vite. Nous avions l'âge de brûler nos étapes.

  • Bal et télévision

    -Tiens-toi à mon épaule que je te descende scarabée vert à ras du sol Chacun suffoque sous le musc et la poudre et les couples se raréfient, bouches alourdies, mains aux poches. La lumière se tamise et le froid descend, Jeanne courbée de dos soutenue par le Vierge à la taille, reste le son sourd des cordes dissonantes, elle parvient au bord d'une gravière d'eau froide où elle tombe, et son ombre a coulé dans un creux de miroir. La Naine pousse un cri, les lèvres des hommes se sont confondues et Marciau perd connaissance.

     

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    Brive et quatre murs. Marciau tombe fréquemment dans d'éprouvantes rêveries et la Soupov serre les dents, le nez vers les genoux. La Naine a demandé le programme du soir. Soupov se penche et reçoit le coussin dans le dos. Premières notes sur l'écran aveugle. Les survivantes s'installent en geignant comme des vieux ponts. Maintenant que la Jeanne est morte on va pouvoir regarder la télé tranquille. Sur l'écran, la famine, les squelettes : "Les faits sont là. C'est à vous d'agir, et vite." La Soupov se frictionne le dos - toute une vie d'encaustique - hanches, vertèbres. "Ils sont des milliers qui réclament votre aide.

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    "Ces images se passent de commentaires. - Marciau, as-tu bien refermé le gaz?" - soudain Pierre Pipe encadre à l'écran sa grosse gueule d'ange - les joues peut-être un peu moins rondes, le teint moins vernis. Alors toutes ont cessé geindre. Tout un passé, toute une vie de guerre et de privation – et chargeant son soupir de toute l'affliction qu'elle a pu concentrer, Soupov s'est écriée : Mon Dieu qu'il a maigri !