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Bruxellois et chats blanc

Les Hackenberg de Bruxelles occupent cette fois la chambre sur cour – ils s'en vont dès le lendemain  - « dégâts des eaux sur la Côte, résidence inhabitable, Hermann nous a téléphoné à minuit quinze » – plaignons leur malheur – au troisième été mon Arielle a perdu son poids : « mais vous avez fondu !» - soixante-trois livres – progrès enfin des conversations : ils n'aiment pas les Hollandais, nos hôtes ; l'épouse belge répète : « Les Koukaas..» (« fromages de vache »). C'est le surpoids d'Arielle qui l'asphyxie, encore pour un an. Tous les matins j'explore la campagne, seul sous le soleil, supportable jusqu'à dix heures, où je reviens m'abriter à l'ombre ou dans la lumière selon la chambre de l'année, repose mon épouse. Même avec vue sur le puits où l'on ne boit pas mais d'où sortent les casiers grinçants de bouteilles bien fraîches.

Torpeur. Catalepsie. Et moi aussi j'ai refusé le moindre effort. Lequel d'entre eux jadis m'a-t-il rapporté le moindre avantage ? aucun. Que dalle - tous les matins elle sommeille. Après son opération tout comme avant ; trop froid, trop chaud, trop pluvieux. Autorité, persuasion, caresses ? Harcèlement ? Rien n'y fait. Alors, puisque après tout c'est les vacances, et que nous payons notre location, je sors me promener seul, en voiture et à pied, avant le plein midi de l'Hérault. Je fais le tour des églises perchées, cadenassées, désertes. Très vite c'est le plein soleil. Un bas de pente envahi de goudron cuit et de superbes goudronniers torse nu, gorgés de vapeurs sur le gravier puant, cuisant, eux-mêmes juvéniles, torse nu, pompant le carbone à pleins poumons, rigolos mais bonnes bites.

Montée brute direct en première, virages en épingle. Chaleur suffocante, lacets à voie unique – enfin j'atteins de longs bâtiments propres, ocres et désertés. Je vois de mes yeux ici même, en pleine garrigue, une cloche à bascule suspendue à ras de sol avec le joug de suspension sous sa poulie de métal. Pour peu que j'eusse actionné le palan à travers la grille, tiré sur la corde lovée dans la gorge, une cloche semblable, là-bas, sur la pente symétrique, m'eût répondu. Tout le vallon du Brach se fût précipité, tous auraient su qui j'étais (les goudronniers m'auraient dénoncé) - scandale public, internement d'office. Il se tient donc ici chaque été, sur les deux versants, des pèlerinages, retraites et dévotions, avec scouts, curés, colonies de vacances, odeur des pieds, aménité chrétienne et vulgarité.

Puis tout retombe en abandon. Il faut absolument, voyez-vous, que ces lieux-là servent à quelque chose, s'utilisent,se réglementent, réfectoires, dortoirs – passée la fête, adieu le saint – qui diable peut prier ici ? - dum a turba corrumpimur. : l'autre désignait le Diable, mais à présent, c'est l'autre qu'on révère – les aboyeurs télévisés prêchant la plus fraternelle promiscuité. A travers les vitres dga.JPG

 

Aujourd'hui, cerveau qui cuit sous le soleil. Buissons poudreux, un sol montant et rocailleux. Des chats faméliques me suivent en ordre dispersé, dérobés sitôt qu'effleurés. Flairent mes doigts vides puis s'esquivent. Leurs cris me poursuivent. J'ai demandé plus tard le sens de ce manège. « C'est qu'ils crèvent de faim » me dit-on.

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