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La belle revue

Merci Marianne pour le procédé ironique que je viens de mettre en oeuvre. Marianne se fait l'écho cette nouvelle façon de penser, qui renvoie dans leurs choux tous ceux qui en raisonnant prétendent qu'il sont les seuls à détenir la vérité en matière économique et humaine. Mais il faudrait maintenant refaire ce livre, Viviane, ou le faire refaire par un économiste, un vrai, un distingué, pas Jean-Marc Sylvestre avec son nouveau râtelier.

Bourgeois et sa fille P.JPGIl expliquerait tout cela avec des tableaux de statistiques, des courbes de variations du commerce extérieur, et il y aurait deux ouvrages, pour chaque sorte de sensibilité : les maîtres de forges d'un côté, et les admirateurs de Victor Hugo de l'autre. Car lui aussi a lutté pour l'amélioration des conditions de travail de l'ouvrier.

Il est exact, qui le nie ? que depuis que la monnaie a fait son apparition, elle régit tout, que les échanges commerciaux sont la base de toute activité humaine ; soit. Mais il y a quelque chose qui remonte encore plus loin : c'est la merde. La survie de l'espèce humaine dépend encore bien plus du bon fonctionnement de ses intestins. S'il en est ainsi, pourquoi ne pas nous inonder de revues, de magazines, d'émissions radio et télé sur le fonctionnement des boyaux de tous ?

Quelle exaltation !

Passons au feuilletage, parlons des anciens et nouveaux pauvres :

"Notez la férocité de l'indifférence alentour ou, même, la réprobation dirigée contre eux. Et ce n'est là qu'un exemple parmi des multitudes d'aberrations barbares, géographiquement proches, voisines absolument. Etablies au sein même de nos minauderies."

Plus loin, Viviane Forrester me semble-t-il s'exalte un peu facilement, car il n'y a pas de quoi admirer, mais enfin, cela change du mépris :

"Mieux : que l'on devienne sourds, aveugles, inaccessibles aussi à la beauté que produit si souvent, dans cette horreur magique, l'héroïsme de la lutte menée par des humains, non contre la mort, mais afin de rater avec plus de ferveur l'étrange, l'avare miracle de leur vie. Leur aptitude merveilleuse à s'inventer eux-mêmes, à exploiter le bref intervalle qui leur est imparti. L'indicible beauté issue de leur ambition démente de gérer cette Apocalypse, de repérer, de construire des ensembles ou, mieux, d'élaborer, de ciseler un détail, ou, mieux encore, d'insérer leur propre existence dans la cohue des disparitions."

Voyez-vous, ce sont des passages comme cela qui nuisent au livre, parce qu'à la lettre, ils ne veulent rien dire : c'est de la poésie, de la bouillie poétique plus exactement - on s'exalte, on s'exalte, et il n'y a là aucun exemple concret, ras du sol, la grande bourgeoise s'excite le cervelet littéraire devant la beauté des pauvres, et pendant ce temps-là, le littéraire cherche la beauté, je parle du texte, mais plus encore, et plus grave, l'économiste bâille eet se di t: baratin. Dommage.

Passons à plus concret ?

"Un financement de longue haleine, car, pour les licenciés devenus chômeurs de manière si arbitraire, il ne sera pas question de retrouver rapidement de l'emploi dans des secteurs géographiques professionnels ainsi sinistrés, et difficile parfois d'en retrouver jamais.

"Quant aux fuites de capitaux hors de tout circuit fiscal, elles priveront de ressources les structures économiques et sociales de l'Etat escroqué. Peut-être s'agit -il d'une illusion d'optique, mais on a comme la vague impression que les détenteurs de "richesses" évadées ne sont autres que... les admirables "forces vives" de "la nation" lésée !"

Oui : nos décideurs ne voient en effet pas plus loin que les intérêts à courts termes... Terminons par une dénonciation en règle de cette fameuse "pensée unique ":

"Mais partout aussi les mêmes leitmotive qui ponctuent ces discours, affirmant que ce dispositif mondialisé qui installe et fait s'enraciner un système économique autoritaire, indifférent aux habitants de ce monde - mais par nature antagoniste à leur présence à leur présence inutile, déjà proche d'être parasitaire, car désormais non rentable - que ces mesures manifestement néfastes ont pour but essentiel, cela va sans dire, de "combattre le chômage", de "lutter pour l'emploi".

"Leitmotive formulés avec une nonchalance croissante, de plus en plus mécaniquement, car personne n'est dupe. Chacun semble étrangement complice : et ceux qui ont la bonté de bien vouloir encore se donner le mal d'user de ces périphrases courtoises à l'égard de populations qui n'ont plus d'avis à donner, mais qui leur réclament ces promesses, supportent leurs parjures, et ne demandent rien, après tout, que d'êtres exploitées ; et ces dernières, qui, tels des enfants réclament sans cesse la même histoire à laquelle ils ne croient pas mais font semblant de croire, car ils ont peur du silence et de ce qui n'est pas dit, qu'ils pressentent et ne veulent pas savoir."

Lisez sans tenir compte des préjugés "L'horreur économique" de Viviane Forrester. Nul n'est parfait, mais ça change de Madelin et d'Encornet, dont la seule préoccupation, le seul programme, est d'être contre le gouvernement, quoi qu'il arrive. Intelligent, non ?

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