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La tête d'Apollon du musée d'Olympie

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    Rude tâche. Rude car tant d'autres avant nous s'y sont essayés. Avant que cette tête ne disparaisse sous la culture de masse (humour), admirons donc. Du Cantal.JPG

Tâchons de ne point défaillir devant cette magnifique coupe au bol ceignant voluptueusement ce front bas, admirons le lisse de ce marbre qui semble appeler la caresse, du regard.

"Ne - touchez pas - àa la - statue" des yeux seulement. Le nez droit, la bouche sensuelle, et les yeux vides : c'est une erreur d'avoir tardivement tracé l'iris et la pupille, réduisant

"l'amour" à "l'amour d'Alfred". Le méplat du côté droit trace un arrondi de mâchoire d'une particulière puissance. Les oreilles restent juste recouvertes par les boucles.

La chevelure est en accroche-coeurs pressés, tressés et rapprochés à la "crinière de cheval". La tête blanche se tourne vers nous de trois quart et regarde au loin, divinement, à notre gauche.

Il porte à l'endroit du coeur un trou en vulve horizontale. Vers nous l'amorce d'un drapé, plus au fond celle d'un autre apparemment, car le pli de l'aisselle n'y correspond pas.

C'est froid, c'est beau, inhumain, divin, inexpressif, plus propre à l'autorité qu'au désir. Nous attendons en ce moment l'éclipse partielle qui privera le monde sur cette aire de balayage de

60 à 70% de son intensité ; les pépiements se font rares, appréhensifs et nocturnes.
    
    Notre Apollon se détourne de nous. Son nom serait plutpot celui d'un enclos d'épines, où se réfugient les moutons pour la nuit. Les proportions sont parfaites. Le marbre est d'un cireux resplendissant. Le tout dégage une puissance, une indifférence, un dédain pur la menace, qui est bien celui d'un homme, au sens viril du terme. Et il n'a que vingt ans. S'il baise à vingt ans déjà comme cela, ce sera très bien vers les quarante. Et quand on en a fait le tour, en passant par le haut du crâne aplati, il n'y a plus rien à dire. Juste à ouvrir les cuisses en se laissant faire, en serrant les siennes, de femme, contre son dos. En même temps, les parois du vagin de resserrent sur la queue du dieu, se relâchent et se recollent jusqu'à l'orgasme, sans qu'on sache très bien si c'est le décollement ou le resserrement qui l'augmente le plus.

Et qui baiserait ce dieu, qui le ferait jouir, lui qui possède le plaisir de l'éternité, lui pour qui l'orgasme humain serait déchéance ? Lui qui jouirait, déchargerait en pensant à autre chose ? La femme pense à autre chose ("Avez-vous pensé cher ami à bien remonter la pendule ? - Such a question in such a time ! " De surprise mon père lâcha sa semence, et c'est ainsi que je fus conçu,

moi Tom Sawyer, Tom le Scieur.)
    
    Apollon, Dieu du Soleil, s'éclipsera ce jour à 10h 25, en coïncidence avec le printemps. Th. me téléphone, et nous échangeons des précisions dites scientifiques. Nous essaierons aussi

de lever notre précieuse épouse. Hier nous étions clinique Tivoli, où notre ami à la barbe solaire gît sur son lit d'hôpital, tandis que sa femme trône, seins et ventre en avant, derrière une table roulante

chargée de mots croisés : Balcon sur la mort. En pleine forme, avec son cancer des deux seins. Leur fille est venue, droite, sèche, veuve. Se trimballant de gîte en gîte, ayant décidé depuis ce veuvage de ne plus avoir de domicile fixe mais de se faire héberger. Que c'est une drôle de bête qu'une femme indépendante. Je me demande si je suis sorti du sujet ? pas du tout. Apollon est virilité. Froide, insaisissable. Abstraite aussi est la féminité, en d'autres statues tout aussi blanches en marbre de Paros. Apollon ici se détourne. Sa menace, ou son observation, se dirige sur une autre cible. Rien de plus pernicieux que les rayons du soleil, qui dardent sur le cerveau le fléau des insolations. Répète après moi : je suis le meilleur du monde, et il ne m'a rien manqué d'autre que l'occasion pour tomber sous le faisceau du Célèbre. Qui saura faire bouger les traits et le cou de ce robuste jeune homme ? Je désire Dieu. Dieu me désire-t-il ?  

    La tête est jointe au col par une cicatrice continue de décollation. Les tavelures apparaissent au-dessous de la ligne des épaules. Peut-être la tête est-elle replâtrée.

        

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