Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Le don du corps

Lieux communs
    Mon père, athée convaincu, voulait faire don de son corps à la science. Il y renonça, ar tout de même, la procédure est un peu rude : une camionnette réfrigérée vient vous enlever, la faculté vous place en glacière jusqu'au jour où dans un amphithéâtre, sans autre forme de procès, vous faites l'objet d'une dissection  partielle (par des étudiants) ou totale avant de finir, comme un vulgaire déchet que vous êtes, en four crématoire, en compagnie des bras et jambes résultant d'amputations. Ce qu'il ne savait pas, mon pauvre instituteur de père, c'est qu'il fallait payer pour cette faveur, et pas qu'un peu : privilège de classe ! En général, ce ne sont plus que des clochards plus ou moins anonymes que l'on dissèque.

L'arbre tordu au milieu.JPG


    Il existe d'autre part de nombreux fac-simile parfaitement démontables pour les étudiants. Mais rien ne vaut la dissection elle-même, dès la deuxième ou troisième année de médecine.  

Recherches
    Ce don est estimé nécessaire à la recherche médicale (connaissance tridimensionnelle de l'anatomie, essais de nouveaux modèles de prothèses). 2500 à 3000 personnes par an font en moyenne cette démarche en France, soit 0,5% de tous les décès. (62 10 22)

Voici la façon de procéder.

      Il faut pour cela s'adresser à la faculté de médecine la plus proche (il existe 28 centres de dons) qui recueillera votre précieuse dépouille dans les 48h suivant votre décès, car c'est bien vous qui disparaîtrez, petit à petit, sous le scalpel, parfois jusqu'au dernier os. Les étudiants travaillent le plus souvent sur des corps embaumés, tandis que les praticiens s'exercent sur des corps récents ou, si l'on peut dire, "décongelés". Une tenue et des propos décents doivent être respectés, malgré la tension que cela peut entraîner.
    S'il reste, à la suite de nombreuses expériences, quelque chose du défunt, il est impossible de le présenter aux familles. On procède alors à une incinération, ou inhumation, aux frais de ladite faculté de médecine. Les corps ne sont donc jamais rendus aux familles, sauf, rarement, sous forme d'urne remplie de cendres, plusieurs mois après, parfois un an.  Ajoutez à cela qu'il n'y a pas de cérémonie mortuaire du tout. Parfois, juste une minute de silence avant les Travaux Pratiques. C'est très dur. "On fait don de son corps à Dieu, pas à la science" disait même un prêtre.
    Avertissez donc vos familles longtemps à l'avance, pour éviter les conflits. Des lieux de recueillement existent, en particulier au Père-Lachaise et à Thiais, en banlieue. Les familles déplorent cette rareté. Mais elles n'ont aucun pouvoir, en particulier d'opposition : le don est affaire purement personnelle, et diffère totalement du don d'organes : la transplantation guérit en urgence, mais le don du corps oeuvre sur le long terme, pour e progrès de la médecine et de la chirurgie.  

    S'il existe un problème médico-légal (mort par accident de voiture, procédure criminelle par exemple), l'autopsie se fera dans ce cadre, excluant de ce fait le don du corps à des fins pédagogiques.

    Les dons de personnes mineures seraient interdits : étonnant, si l'on considère non pas la douleur des familles, mais le but pédagogique. Certains corps d'enfants atteints de maladies rares pourraient se révéler très riches en renseignements.

 Parfois vous seront facturés des frais de transport ou d'inscription, de 600 à 1000€, car chaque établissement possède ses propres règlements : donner son corps, ce n'est pas s'en débarrasser...
A vous de décider. Vous pourrez toujours vous rétracter en écrivant au centre concerné, en déchirant votre carte de donateur, que vous devez  sinon porter sur vous en permanence.

Les commentaires sont fermés.