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Nos disparus

DISPARUS
Banalités


    "Nos chers disparus..." Combien de fois ne fûmes-nous pas aussi hérissés par cet euphémisme, incluant aussi bien la vieille tante hargneuse que le dernier nourrisson noyé sous les larmes. "Ô mon père et ma mère, ô mes chers disparus" déclamait Pasteur l'imposteur, sincère fils pourtant. Mais il existe deux cas bien réels de disparition : celle du trou dans la destinée, avec organisation minutieuse. Plus de carte bleue, plus de dépôt bancaire, plus rien. Les majeurs ainsi disparaissent, en fugue du monde entier. 10 000  chaque année en France. Ce peut-être dû à une perte d'emploi, que l'on n'ose pas annoncer  ; à un dépit amoureux...
    A une diminution (ou une augmentation...) de la lucidité chez les personnes âgées. La police ne les recherche plus, le service public ayant été supprimé (encore un) ; bonne affaire pour les détectives privés !
    
La croisière s'emmerde.JPG    Le deuxième cas concerne les disparitions de mineurs (et de majeurs jusqu'à 25 ans). Souvent les choses restent en l'état, l'enfant assassiné avant ou après viol voit sa chambre religieusement inchangée. Les avis de recherche se concentrent sur internet, s'affichent dans tous les commissariats. Il s'agit souvent de fugues. Plus rarement de meurtres. Des numéros d'urgence permettent d'informer la famille au moindre indice. Téléphoner pour rire (?) est d'une barbarie sévèrement punie.
    Ces disparitions se concentrent en région parisienne, dans la vallée de la Garonne ou dans le Sud-Est. Plus de 5 000 en 2014, nombre incroyable ; la plupart du temps, ce sont en effet des fugues : des jeunes filles par exemple, de 14 à 17 ans, souvent en compagnie d'un homme plus âgé. En France le numéro 116000 présente une qualité d'écoute et de soutien exceptionnelle mais à l'heure de la géolocalisation, il est pour le moins étonnant qu'il n'existe pas de numéro unique international, valable pour la planète entière.     
    L'Alerte Enlèvement",  depuis février 2006, donne elle aussi en Europe des résultats remarquables. Mais il demeure plus de mille disparitions "inquiétantes" par an. C'est particulièrement le cas pour les moins de 13 ans, présentant un handicap, soumis à un traitement médical strict, ou lorsque l'enfant a été vu, pour la dernière fois, avec un tiers, connu ou pis encore inconnu.

 Quant aux criminels, ils séquestrent, ou bien, s'ils tuent, cela se passe relativement vite. Combien d'autres ensevelis dans des caches introuvables, à moins que le corps n'ait été dissout dans l'acide, à la mafieuse, ce qui permet d'infliger au chef de la bande rivale une douleur plus grande encore que la mort. Le cas le plus fréquent est celui d'un des deux parents qui refuse de représenter l'enfant à son conjoint, voire l'enlève ; plusieurs années durant, ou définitivement. Dans le téléfilm en deux parties "Disparus", c'est la baby-sitter qui a enlevé l'enfant ; le même titre est aussi celui d'un livre anglais consacré aux victimes des camps de concentration ou d'extermination.
    Tout autre est en effet le cas des disparus, militaires ou civils,  de guerre. Pour les soldats, combien de cercueils vides ou garnis de divers débris plus ou moins identifiés. Combien de soldats inconnus. Pour 14-18, 300 000  soldats n'ont jamais été retrouvés. Les noms étaient inscrits au crayon sur des croix de bois ! Beaucoup sont encore sur place, à suposer qu'elle aient résisté aux  explosions...
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    Beaucoup de disparus résultent de catastrophes naturelles. Les disparus en mer ont droit à leur stèle, à leur tombeau même, à leur cercueil vide. On jette à ces derniers des fleurs, à même les vagues, on s'illusionne sur un corps dont la réapparition, même sous forme de fragment(s), permettrait un certain apaisement. Les disparus sous avalanches, ou lors de tremblements de terre ou autres catastrophes naturelles, ne peuvent être que morts : il est sans exemple qu'un individu ait profité de telles circonstances pour se dérober volontairement à son existence monotone...

    Le corps même est d'ailleurs, dans une certaine mesure, l'image morte de la disparition. "Ce n'est plus lui, ce n'est plus elle" Que cette enveloppe disparaisse au plus vite, sous terre ou dans les flammes. Un vieil incroyant m'a dit "Prochainement, je disparaîtrai". Ni Dieu ni Diable. "Mais où est-il, monsieur le curé ? où ?" Que pouvait bien répondre cet estimable prêtre...  Nous sommes tous de futurs disparus.
    D'un point e vue légal, tout absent ou disparu est réputé décédé, sa succession est ouverte. Le mot "disparu" concerne principalement celui dont le décès est certain mais dont le corps n'a pu être retrouvé. C'est le juge des tutelles qui doit constater cette absence (il faut non seulement que la personne se soit absentée, mais aussi qu'elle n'ait pas donné de nouvelles) ou cette disparition (dix ans pour une présomption, vingt pour une déclaration) ; si l'absent (ou éventuellement le disparu) reparaît, et que le conjoint se soit remarié (au moins dix ans de délai), l'ancien mariage demeure dissous, tout  délit de bigamie est exclus.
    Bien des cas de remariages prématurés sont inscrits dans les annales, tel celui du faux Martin Guerre, apparu en 1556 (l'autre avait abandonné sa famille en 1548), et pendu devant son prétendu domicile, après trois ans d'imposture.

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