Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Ces amours de rencontre

Rêve.JPG

Ces amours de rencontre, vous le savez, ne sauraient durer. L'apprenti noir et moi n'avons rien consommé, qu'un petit café du matin. Il s'est fait embaucher sur-le-champ par le patron du bar, qui lui aussi flaire la bonne affaire : celui-là ne le maltraitera pas. Finalement Arielle n'était pas si loin. Solange l'a retrouvée tandis qu'elles accomplissaient toutes deux leurs achats dans le même magasin. Les voici qui remontent, avec son fils de onze ans, moi-même, en voiture. La route à présent se transforme à présent, comme il arrive dans ces lointains pays où la banlieue se mêle à la campagne, en un de ces chemins grossièrement goudronnés dont l'axe sinueux se pare d'une crête d'herbes hautes qui chatouillent le dessous du châssis.

Solange s'arrête là, en pleine déclivité, le frein à main à fond. Et nous voici partis, le panier à la main, pour trouver des champignons : nous sommes à l'est de la forêt de Gaumes (un nom au hasard sur la carte), la pente est raide : «Elle est plus douce à l'ouest, mais on n'y trouve rien : n'est-ce pas Antoine ? » dit-elle à son fils qui approuve. À vrai dire je me soucie peu de champignons. J'ai enjambé une petit mur de mousse et de lierre – à mon tour de fuguer. C'est là que se dresse la petite maison du gardien de la réserve : elle s'achève donc là, en même temps que la forêt, dans laquelle il serait bien étonnant que la cueillette des champignons soit autorisée : Solange se permet tout, et nous pousserait sans cesse à l'infraction si nous n'y prenions garde.

Et de l'autre côté, allongés à flanc de talus, cinq ou six bicyclettes flambant neuves, auprès desquelles un nombre égal de cyclistes venus de la capitale, qui se désaltèrent à leurs gourdes de plastique. Je suis cerné : la fine équipe de Solange, Antoine, Arielle, m'a rejoint par le même muret . Adieu tranquillité. Pas un champignon dans les paniers. Nous nous renfonçons dans le bois touristique, entre chez elle et la gare, où la famille de Solange poursuit une exploration quotidienne et méthodique. Je me demande où cette femme trouve une telle confiance en la vie, une telle joie dans son existence dépourvue d'exotisme... Nous reprendrons le travail d'exploration, en sens inverse, s'il reste toutefois quelque chose à explorer dans un territoire aussi restreint. 

Les commentaires sont fermés.