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Onirismes

Il se passe ici de bien étranges mises à l'épreuve : dictées interrompues, lévitations imméritées... Il convient donc de rejoindre le sol avec une infinie douceur. Juste au-dessus d'une voiture de collection : une Auburn Supercharged.
  

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 Puis, rechargés en magnétisme, nous nous envolons de nouveau, au-dessus de ce grand immeuble d'où sortaient tout à l'heure, il y a si longtemps, des rumeurs de meeting : un attentat, sans doute, a eu lieu là-dedans : des grappes d'humains, parfaitement affolés, sortent en courant par le rez-de-chaussée. Ils sont en costume d'ouvrier : rassemblement de gauche, assurément. Ils suffoquent, portent la main à la gorge, à la poitrine. « Il y a trois morts ! - Non, quatre ! » La panique est visible. Mais si nous nous laissons gagner, envahir par la moindre émotion, Arielle et moi, nous nous retrouverons au sol, et parmi eux. Merci bien.
    Seulement, voyez-vous, nous ne devrions pas nous laisser aller à la panique : c'est une très mauvaise inspiration. En prenant sur nous, nous parvenons à gagner encoe de la hauteur. IL suffit de ne pas respirer, de laisser l'air nousp énétrer par les pores, et nous flottons. Sur les deux mâts dressés devant nos comme de grands poteaux de rugby, nous parvenons à enfiler nos deux Arielleaux : des enants d'Arielle, qu'il s'agirait de sauver de la catastrophe, en les élevant au-dessus de tout et de tous ? En les soustrayant à toutes les vicissitudes d'ici-bas ? Ces poteaux présentent un aspect sinistre, il semble que ce soient de ces échafauds qui jadis suspendaient les roues des suppliciés ; représentez-vous les sinistres échafaudages du Triomphe de la Mort de Brueghel, ôtez-en les roues de charrettes et leurs cadavres, et vous aurez une idée à peu près exactes de ces constructions.
    Mission, donc, accomplie ; mais à quoi cela mène-t-il ? À quoi ça sert ? comme disent les enfants et les cons. Nous repartons dans un autre tableau, déplacés sur d'immenses guibolles extraminces, très fragiles, comme des créatures de Dali cette fois : cela vacille, cela poursuit vaillamment son chemin de faucheux, mais nous allons toujours, et cela se répète, jusqu'à former une espèce d'éternité.

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    Le lendemain, mon humble personne donnait des cours d'Arts Plastiques à des adultes. Cela m'est arrivé, en vérité : je touchais pour cela des sommes importantes. En même temps, par un phénomène d'ubiquité inexplicable autrement que par une extrême sottise administrative, je recevais des boulettes de la part de morveux indociles, dans un autre établissement d'enseignement (à cette époque, les ge,ns s'imaginaient encore que le contact personnel avec un maître était indispensable aux transmissions de connaissances : quelle niaiserie ! à peu que les larmes de rire ne l'obscurcissent les yeux... « contact direct »... je vous demande un peu...) - bref ! Il fallait faire face à des ib&ciles persuadés de leur génie ; à la fin de l'année, ils seraient « artistes diplômés ».
    Alors, vous pensez bien, se prendre pour un professeur face à des Hârtistes... Ils me chahutaient, tout adultes qu'ils fussent, tous imbus de leur supériorité. Or, je suis à la fois le maître et l'élève ; c'est moi qui dispense le cours, mais c'est moi-même, aussi, qui reçois l'enseignement. Et sur le banc d'arrière, j 'entends ronchonner : « On aimerait travailler, ici ! » Trop de bruit pour ce Monsieur ; pour moi aussi. Pour l'instant, sur l'estrade, le Moi-Enseignant répète une pièce musical, en compagnie d'un collègue musicien : les arts sont faits pour s'entendre. Il a des idées musicales, et moi, des idées plastiques. Nos étudiants, devant noms, chacun à  leur pupitre, devraient s'intéresser aux décors d'une telle représentation scénique.
    La documentaliste, présente elle aussi sur l'estrade, apporte sa caution de véracité. Elle s'est renseignée, les décors doivent correspondre à telle époque, à telle contrée. Nous apportons de plus, à nous trois, la certitude d'une distribution dramatique excellente : nous savons qui jouera qui, les engagements sont certains. Ma foi, tournons le dos à ces artistes montés en graines : le mur de la salle se creuse en forme de grottes de carton-pâte, et nous nous y enfonçons, par trois ouvertures. Le  spectacle commence, avant que nos étudiants vêtus de blouses blanches aient pu nous désorienter.  Ma foi, ce sont trois loges, parfaitement aménagées. Les faux rochers pendent de partout. C'est ce que l'on appelle du « grotesque », du mot « grotte » ; il ne nous reste plus qu'à nous transformer en satyres... 

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