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Lévy-Strauss, Lacan, et autres chiants

Ces éléments de Lévy-Strauss, « Ce rappel, dit l'auteur - très superficiel et très lacunaire – permet d'éclairer l'oscillation que nous avons repérée dans  Fonction et champ… entre deux positions sur la nature de l'ordre symbolique. En effet, si ce sont les dons, les lois de l'échange et de l'alliance qui donnent son fondement à l'existence humaine, alors ce serait bien la loi d'interdiction de l'inceste qui marquerait l'origine de la culture, c'est-à-dire du langage ». Qu'est-ce que l'homme en effet : celui qui interdit l'inceste, ou celui qui ensevelit ses morts avec cérémonie, comme pourraient l'indiquer les dernières découvertes de la paléontologie ?
    Nous nous permettrons de plus un doute sur l'équivalence posée entre « la culture » et « le langage ». Articulé, alors. Et encore (il n'y aurait donc pas de « culture animale »). « Mais c'est l'inverse que va soutenir Lacan » (à propos de l'inceste) « et ce de manière de plus en plus sûre, jusqu'à poser, dans Subversion du sujet et dialectique du désir (1960) que « la loi s'origine du désir », et non pas que le désir s'origine de la loi. Le désir serait donc inné. Nos lois ne font que suivre, avec retard, l'évolution de nos mœurs et de nos désirs. Voyons cela :
    « Et s'il écrivait encore, dans Fonction et champ… que « si l'homme parle, c'est que le symbole l'a fait homme » (très judéo-chrétien), Lacan ne cessera par la suite de privilégier le signifiant dans le symbole ou dans le signifié jusqu'à faire du signifié une création des permutations du signifiant ». Il nous semble être là dans la droite ligne de l'existentialisme, selon lequel l'existence précède l'essence. Nous aurions donc imaginé le symbole à partir de l'existant. Et le désir serait, aussi, quelque chose qui existe, matérialistement parlant, avant l'imagination. Ce serait donc un instinct copulatif, pour rester dans le domaine génital.
    « Ainsi écrit-il, dans  L'instance de la lettre…, que l'on échouera à soutenir la question de la nature du langage » (articulé) « tant qu'on ne se sera pas dépris de l'illusion que le signifiant répond à la fonction de représenter le signifié, disons mieux : que le signifiant ait à répondre de son existence au titre de quelque signification que ce soit » (voir la dernière phrase du séminaire sur la Lettre volée). » Si nous avons bien compris, notre tête est remplie de signifiants sans signification, de bouts de bois que nous avons vus, de flaques d'eau que nous avons vues, en un magma existentiel cérébral parfaitement arbitraire. Et dès que ces choses font leur entrée dans notre cerveau, elles deviennent des signifiés, elles acquièrent un sens ?
Interversion en effet des termes, de l'ordre de succession des termes : de Platon, de Lévy-Strauss et de son judéo-christianisme, nous passons au Sartro-Lacanisme. « Et dans le même texte », poursuit Maître André, « il produira une formule de métaphore montrant que c'est dans la substitution du signifiant au signifiant (et non du signifiant au signifié) que se produit un effet de signification, un passage du signifiant dans le signifié. » Nous serions des enfants qui jouent aux cubes, et qui s'aperçoivent que ça peut servir à construire une petite maison. « Thèse qu'il reprend, en la précisant, dans son essais sur La théorie du symbolisme d'Ernest Jones, en 1959, dans une phrase très précise :
« Il faut définir la métaphore par l'implantation dans une chaîne signifiante d'un autre signifiant, par quoi celui qu'il supplante tombe au rang de signifié, et comme signifiant latent y perpétue l'intervalle où une autre chaîne signifiante peut y être entrée ». C'est du Najaud-Belkacem. Cependant, nous n'avons dans nos têtes et nos littératures et nos religions que des signifiants, des drapeaux, des croix qui s'entrechoquent, et qui ne signifient rien qu'eux-mêmes. S'ils se mettaient à vouloir dire autre chose qu'eux-mêmes, ils pourraient être expliqués, sombrant et perdant ainsi toute force, et sombrant dans le banal bêtement explicable. « Eh bien, pour Lacan l'effet de signifié que produit le signifiant dans sa permutation ou sa substitution, c'est précisément le sujet. T'as vu le beau lapin qui sort du beau chapeau ? Mais alors, le sujet, ce serait la dégradation du signifiant qui ne veut rien dire en signifié qui veut dire quelque chose !
Le sujet ne serait que du « vouloir dire », de l'absence d'existence ? De la justification d'existence, comme «par raccroc » ? Mais alors ma pauvre dame, on ne peut donc plus croire en rien ? L'individuation de chaque sujet se fait à partir du moment où chaque sujet peut interpréter à sa guise, et de façon infiniment émiettée, la force du signifiant brisé ? « Avec la théorie du sujet », ou plus précisément sa nouvelle genèse, « nous touchons vraiment à la racine de cet enseignement. Car ce n'est pas forcer les choses que de dire que dès 1932, dans sa thèse sur la paranoïa, c'est de poser le sujet qu'il s'agissait », question essentielle. « Par la suite, dans ses premiers textes psychanalytiques (ceux qui se trouvent rassemblés dans la deuxième partie des Ecrits) l'enjeu est de dégager une autre instance subjective que celle du mot » - deuxième lapin, deuxième chapeau, pourquoi pas.

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« Disons que, partant de la paranoïa, Lacan s'est trouvé d'emblée confronté à la question de l'aliénation du « malade », à celle de la méconnaissance en quoi consiste la croyance qui est au centre de la folie : elle n'est pas tellement différente, structurellement parlant, de celle que l'on constate chez le névrosé. C'en est même le modèle le plus épuré. » Car le plus aigu. N'oublions pas que ces réflexions doivent graviter dans une orbite thérapeutique. Lacan : points de repère » de Serge André, est paru aux Editions du Bord de l'Eau en 2010. 

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