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Sexe et ventre

Je crains profondément désormais tout acte sexuel : comment peut-on se montrer jamais à la hauteur du désir d'une femme, de ce qu'elle se sent en droit d'exiger ? "Ça n'te vient pas à l'idée que j'peux aussi avoir des b'soins ?" glapissait une actrice (repoussante, mais infiniment préférable aux répugnantes restriction de Mme G. sur papier parfumé : « À 70 ans, rendez-vous compte, il a encore besoin de ça" – comme on a envie de chier, n'est-ce pas, de faire ses besoins). Le sexe répugnant, ou obligatoire. Arielle et Benoît partent souvent fumer dans le jardin clos de Pascaline. « Peut-on vivre sans vie sexuelle ? » demandait Benoît ; inondé de Dunhill for Men, haleine rectifiées aux pastilles de menthe.

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Comment puis-je désirer ce vaste abdomen d'homme, sanglé sous la ceinture par d'ignobles chemises à carreaux, dont le ventre dégouline comme un goître ? Sa main effleure mon épaule tandis que je déchiffre, assis, ses partitions. Je le dis à Djanem qui s'indigne, à bon marché, et à tort, de mes nombreuses conquêtes des deux sexes (cliché du Noir à braguette ouverte, sexe latéral en tissu très doux ; nombre incalculable de femmes branlées devant cette photo. Et moi-même… (Ce serait mieux avec un Noir. Pas tout à fait un homme. Abjection raciste).

 

DERNIER ÉPISODE

Invité à Dieu sait quel entretien confus, à l'église, où des chrétiens dans l'ombre s'entretiennent de vieilles choses d'amour et de poussière : aide aux déshérités de Port-au-Prince, bonnes œuvres de part et d'autre. Projections, conférences et comptes-rendus. Les ponctuations d'orgue prodiguées de la tribune par Benoît, d'abord du Bach aux BWV barbares, au centre du débat quelques mesures encore, et dispersion sur fond d'improvisations. Torrents et dégoulinades. Je suis arrivé trop tard, aux premiers fidèles descendant le perron extérieur, Asiatiques, tandis que Benoît descendu sur terre devisait parmi ses amis. "Ne t'avais-je pas dit" (délaissant ses disciples) "que c'était à huit heures ?" Je détournai, n'étant sorti de chez moi qu'à neuf heures, m'étant fourvoyé par la Barrière de Plassac : "Je trouverai un raccourci" - pari hasardeux en pleine nuit.

A droite, à gauche, angles droits, angles rentrants – je tourne en rond. Descendu de voiture dans le froid, plan illisible sous les réverbères. Mon premier passant est un Espagnol, incapable de dire "à droite" ou "gauche" autrement que par la direction des mains. Mon second est anglo-saxon, l'haleine aux vins de France : « C'est très loin, paw-là, one kilometer ». Beau raccourci. Je longeais les murs, revenais sur mes pas, sans me presser désormais. Lorsque je suis entré à St-Niklaus, je fus saisi par le berceau de voûte orné de motifs picturaux, tandis que les arceaux se succédaient, coupés à la corde par de minces barres de fer rouillé. Mes regards s'abaissèrent sur ce groupe feutré de bigots et gotes.

Je me suis présenté sous mon vrai nom, j'ai serré sa main molle à Benoît qui répétait « C' est fini ». J'étais gelé. Ses interlocuteurs se sont éloignés, et je suis resté seul, m'informant sur ses jeux : « 8-4-2, 2-2, rien que de très classique". Je n'y connais rien. Il se refond à la dizaine de fidèles qui l'accompagnaient. Il n'était pas coupé de tout contact humain. Il faisait le charme d'une compagnie, confiant peut-être que je diffusais ses œuvres à l'antenne. Il ne m'avait pas écouté ce soir-là, solllicité par ou noyé dans ses répétitions. Il priait son Dieu. Plus tard, il me rejoignit sur une place sous la lampe où je m'étais perdu plan en main tu ne peux pas m'aider lui dis-je, il me quitta pour son chez-soi de son pas corpulent. Je ne suis pas responsable de lui. La pitié ne doit pas me guider. Ma mission n'est que d'observer, d'imaginer sa gloire pour ne pas perdre mon temps, alors que, n'est-ce pas, "c'est le temps qui nous perd".

J'étais content d'avoir appris cela, sans plus me croire obligé de combler à moi seul notre vide ou nos vies intérieurs.

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