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Le Singe Vert

  • OMMA

    C O L L I G N O N

    O M M A

    É D I T I O N S D U T I R O I R

    Semper clausus

    Omma. Prononcez ôm-ma. « L’œil, le regard ». Génitif « ommatos ». Ȋle d’Omma, cent wercz de diamètre. Iris aveugle – bouclier d’Iliade.

    Omma flotte sous les brouillards arctiques. Sa pupille est un lac, que perça l’éclat détaché de quelque planète errante ; le choc a fendu l’œil comme une vitre – qui s’est fissurée d’interminables fjords, écartelées de longs golfes aux eaux troubles, et qui désagrégeraient sa circonférence, si l’on tranchait les ponts qui le suturent comme autant d’agrafes.

    Au sud-est l’iris s’est crevé, boursouflant une épaisse presqu’île : le Plateau des Yeux-Morts.

    Oui, je n’ai que dédain pour ceux qui ne sont pas d’ici – qui n’ont pas planté jusqu’au roc leurs racines dans cette terre si peu profonde. Il faut à mon estime des quartiers de noblesse – quartiers de terre.

    Vôutes floues b.JPG

    Et moi non plus je ne suis pas d’ici – mais j’ai très vite, fût-ce à mon corps défendant, poussé mes attaches, suffisamment pour rattraper l’acquis de plusieurs générations, au point qu’il me semble qu’Omma n’est plus qu’une boule que je puis serrer à volonté dans mes circonvolutions cérébrales.

    Je suis de loin de très avant sur le Continent, où l’on n’a jamais vu la mer. C’est un vaste creux d’argile et de craie où les vignes mûrissent dès septembre.. Un pays chaud et humide où le bonheur suffoque comme une vapeur.

     

    OMMA 3

    Un jour je suis parti pour ce doigt de grès tendu sur la carte vers Omma, cette île projetée au loin d’une simple chiquenaude.

    Là, pas de routes ; on se rend d’un village à l’autre en barque, si la mer le permet. Aussi dit-on « aller en Pélédie » comme «aller au diable » ; les pères en menacent leurs enfants, et les bureaux, leurs fonctionnaires. Un port, autrefois grand, s’ouvre à la base de la presqu’île : un chancre tapi sous un os. Nous devions longer tout un jour cette presqu’île pour voguer vers Omma – c’est au cours du trajet que j’avais fait connaissance d’un garçon de dix-neuf ans, qui fuyait : Léÿnn. Tandis que derrière nous la machine rebroussait chemin sur sa voie en cul-de-sac, nous découvrions notre vaisseau. La rouille en recouvrait le nom. C’était son dernier trajet : après nous, toute liaison maritime avec Omma serait supprimée.

     

    Le premier jour, Léÿnn et moi n’avons pas quitté la rambarde, voyant défiler à lente allure le gigantesque tumulus de cailloux que longeait notre nef poussive. Au droit des hameaux nous voyions les pêcheurs tirer leurs barques plates sur les galets, entre leurs cahutes basses.

    Le soir nous avons relâché à Kyzralèk. Léÿnn se porta volontaire pour décharger les caisses. Je le suivis dans un café de planches, où se trouvaient quelques pêcheurs velus assis sur des billots. Léÿnn s’adressa a eux en une espèce de langage sémaphorique, des doigts, des mains et des avant-bras, scandé de grognements syllabiques. Quand nous eûmes perdu de vue, dans le crépuscule, l’extrémité redressée vers le nord du grand doigt décharné du Cap sur les cartes, un soulagement malsain s’empara de nous tous. Quinze jongleurs, bateleurs, baladins, funambules – des fruits, des cris, de la musique. Le bateau faisait eau de toute part, la pompe fonctionnait jour et nuit. Pendant quarante-huit heures, de panne en avarie, nous avons circulé, flairé l’île, courant d’un arc de cercle à l’autre.

    Onze hommes et quatre femmes en état d’ébriété, lâché dans le navire comme des rats – nous avons galopé, sifflé, hurlé le long de toutes les cursives. Nous avons arraché, bouteille en main, la barre à son pilote, et le navire dérivait. Nous avons embrouillé les cartes, aimanté le compas, et toujours le rhum blanc et les chants fous grand train, les farandoles – et la farine… Six chaises passèrent par-dessus bord. À ce moment, nouvelle voie d’eau… Ça nous faisait rire. Nous formions barrage pour empêcher les marins de descendre pomper. L’un d’eux a brandi sa hache pour nous menacer.

    « Le capitaine est cocu ! À poil ! »

    Le soleil se levait. Les plus ivres ronflaient à même les planches.

     

    Sur le pont, je me suis réveillé le premier. Je me suis mis sur mon séant. L’équipage, les yeux bouffis, avait repris le travail. On balayait les détritus entre les corps étendus par de savants détours de serpillières. Sous moi, machines relancées, le pont vibrait. Le soleil était haut. Je me levai péniblement jusqu’à la lisse.

    Je voyais Omma pour la première fois.

     

    Une immense falaise noire déchiquetait le ciel de ses aspérités, se précipitant dans l’eau par de grands éboulis. Léÿinn vint me rejoindre d’un pas titubant. Nous nous taisions, pénétrés de sensations indicibles, contemplant cette gigantesque muraille couleur de fer, aux clivures acérées, aux pans coupés de failles noires.

    Par vastes cicatrices la roche s’éventrait sur des hectomètres carrés. Une arête plongeait sous notre étrave son tranchant ébréché. Des oiseaux sombres se distinguaient à peine, planant silencieusement comme un vol de vermine. La marche ralentie de notre vaisseau révélait de loin en loin des effondrements en forme de V s’interrompant net, où les moutons gris en équilibre grignotaient des touffes couleur de fer. Deux bergers hirsutes nous lancèrent des quartiers de pierre. Instinctivement, nous nous reculâmes.

    Chacun de mes compagnons se portait à son tour en direction de la falaise. Un oiseau noir rasa les têtes avec un sifflement sourd.

    Nous longeâmes la falaise jusqu’aux premières heures de l’après-midi. Les machines, avariées, ne pouvaient fournir une vitesse supérieure ; des râles mécaniques montaient de l’entrepont.

    « J’entends de la musique » dit Léÿnn.

    Je tendis l’oreille, incrédule ; c’était exact. Le son, faible encore, et intermittent, par-dessus les vagues, ne pouvait provenir que de la côte. En même temps se rapprochaient les premières silhouettes de Wreggen, port principal et seule ville d’Omma – de hauts bâtiments de pierre à ras de l’eau, comme des blocs détachés de la falaise.

    La musique se fit plus précise, indubitable : c’était une fanfare de gros cuivres, où passaient des éclats de cymbales.

    Le front des immeubles ne tenait qu’une faible distance – la ville s’étendait en profondeur, sur les deux rives d’un fjord. Une embarcation nous montra une douzaine de passagers, hâves et déguenillés, qui tendaient les mains vers nous.

    « Ils veulent gagner le Continent, dit un officier, mais ce sont des moutons que nous devons ramener, pas des hommes !

    Léÿnn leur jeta une bouteille de vin qu’ils ne purent atteindre et qui coula – une vedette de gendarmerie vira vers eux – de la barque surchargée montaient des imprécations – la police maritime la remorqua de force vers la côte. Une femme à genoux tirait en vain sur le câble pour le rompre.

    « Bienvenue à Omma », ricana un matelot qui passait derrière nous.

    À mesure que nous avancions la musique se faisait plus triomphale. Une salve de sirènes salua notre entrée dans le port.

    Nous accostâmes. Au pied des murs noircis, le quai étroit grouillait d’une foule en habits vert et brun, aux yeux inexpressifs de poissons morts, poussant des exclamations et tendant des bouquets de plastique.

    Le matelot repassa près de nous en haussant les épaules :

    « Ils n’ont pas changé, à Wreggen !

    Il avait hâte de repartir.

    Devant ces manifestations disproportionnées, nous avions compris, dès de jour-là, que les Ommides étaient à la fois, ou alternativement, les plus sinistres et les plus exubérants qui soient.

     

    X

     

    Il y a longtemps de cela. Et j’ai tant bu depuis ce soir-là qu’il me semble avoir rêvé. Ainsi dans ma mémoire la salle apparaît-elle longue et basse, alors que nous avons tous pu sans difficulté nous tenir debout sur les tréteaux disposés au centre et sauter tout notre soûl sans heurter le plafond. Mais qu’elle était immense, j’en suis certain.

     

    Nous avions pris place. Léÿnn à présent m’évitait. Il se tenait à l’autre extrémité, au sein d’un groupe où dominait la haute taille brune d’une Ommide vêtue d’émeraude, - je ne pensais pas la revoir. Qu’il était loin ce temps où je l’avais rencontrée, elle, Jrinka, sur le « Stella Maris ». Car c’était elle. Taille d’anguille, sourire aigu, aussi troublante qu’en ces heures de fusillante mutinerie sur cette autre embarcation, et où je l’entraînais par les coursives, tout effilochée de peur, vers la cabine passagère…

     

    Jrinka, je sais que tu te souviens de moi…

    Sous cette apparence que je te vois, je sais que tu n’as pas oublié. Je sais aussi qu’il n’en faudra rien dire.

    Mais quel est ce gnome qui pose sur toi ses doigts courts et spatuleux ?

     

    Assez vite l’espace s’était empli d’une épaisse et tenace fumée de tabagie : fumées de cigares et de rhum, directement importés des tropiques à 5 000 milles juste en dessous d’Omma, sans terre intermédiaire.

    Nous voyions sur l’estrade au niveau de nos têtes à travers les exhalaisons des piments d’importation s’empourprer les paillasses, chanteurs, énergumènes de profession, brassant l’air épais à grands coups d’accordéon, cavalcadant sur les tréteaux parmi de grands essoufflements de saxophones.

    Nous frappions dans nos mains, perdant toute cadence, puis l’un, puis l’autre, avalant de gros bols de punch ; alors, les jongleurs épuisés ressautaient par dessus les tables, et c’était à nous, c’était à toit, à moi, de monter dans les brumes rougies.

    Et nous chantions, nous tournoyions dans les fumées rousses des longues pipes en zinc d’Omma, faisant courir en gigues nos cuisses tremblantes d’échouer.

    J’ai sauté sur les planches. J’ai amusé et j’ai vu s’esclaffer. J’ai vu s’ouvrir les abîmes voraces des gueules pleines de viande et de glace au café. J’ai fait hurler les vieilles et leurs princes, les gigolos d’acier aux profils de poissons, j’ai fait trembler les goitres et craquer les baleines autour des longues tables rapprochées.

    J’ai succédé aux danseurs de tango, aux travestis, aux claqueteurs, aux strip-teaseurs et -seuses – tous parfaitement ivres, je dis parfaitement. Jrinka, la haute femme brune, souriait en face de moi. J’invitai Léÿnn à venir me rejoindre. Il eut un double geste de dénégation et d’encouragement. Je crus comprendre qu’il danserait plus tard.

    Jrinka me racontera mon numéro : ç’avait été mon tour encore, et j’avais composé un résumé fumeux de tant de contes et de pantomimes que ma mémoire n’avait pas résisté : je ne me souvenais que de Jrinka.

     

    Il ne fallait pas que je réfléchisse ; chaque tour entraînait l’autre sans autre règle que la pente de l’ivresse.

    Je devais être le seul sélectionné. Le seul qui ait survécu, « surnagé », comme ils disent – je ne me souviens plus que de leurs noms, parfois du « numéro » qu’ils donnaient ce soir-là.

    C’étaient des hommes du sud, des hommes de mon pays, amenant avec eux par-delà l’océan ce parfum de vin sucré qui devait sur moi s’éventer si vite – cette odeur que je cherche encore chaque fois que je pousse la porte d’un nouveau bouge – je leur avais tout volé sans vergogne, cousu tous leurs tours bout à bout. Les grimaces seules étaient de moi – et plus que je n’aurais cru.

     

    Quand je me fus rassis parmi vous, Ommides, vos faces avaient l’aspect de museaux de tanches. Et même, on ne voulait plus tant rire. Tous désormais s’amusaient entre eux, pour eux seuls. Nous étions les jouets de leurs sombres vies.

    Il y avait sur mon assiette de la viande et des pommes. J’avais commandé la boisson d’Omma, cire et cidre mêlés : l’outcham. Je sentais pour la dernière fois dans mes côtes les coudes de mes compagnons, de part et d’autre. Nous avions beaucoup fumé l’herbe d’Omma, si âcre et enivrante – un tabac de lin. Et m’inclinant un peu je voyais le visage de Jrinka, animé par l’outcham, et qui levait pour boire sa corne montée sur deux tiges de fer. À mon tour je brandis ma coupe, Jrinka ne m’aperçut pas, je ne parvins qu’à faire jaillir l’alcool crémeux sur l’épaule de mon voisin, qui d’un regard expressif me montra, écrasé dans la fumée parmi la foule, ce petit homoncule à côté de Jrinka, dont il ceignait la taille du bras – une espèce de gnome, au front énorme et chauve.

    Derrière ses lunettes de fer, ses yeux ne me quittaient pas, chargés d’ironie. Ce qui me répugna surtout, ce fut son menton – rond comme une boule d’ivoire, tout aussi glabre, tout aussi luisant, suintant de quelque sauce malpropre.

    Ses yeux n’étaient qu’intelligence – il me fut impossible de le mépriser – il fallut me hisser dès le premier instant jusqu’à la haine.

    Un mouvement se produisit sur ma gauche, N. se décala, remplacé par l’Ommide, je ne revis jamais N. :

    - Tu veux savoir. Moi dirai à toi.

    L’Ommide écorchait le djungo avec un épouvantable accent noriilsk – je vidais alors une quatrième coupe d’outcham.

    - Eux mariés, lui très jaloux, me dit l’Ommide.

    Je me tournai vers lui, il avait un profil de poisson, je les confondais tous – ses lèvres épaisses dégageaient, mêlée à l’outcham, une haleine d’algue. Je lançai vers Jrinka un coup d’œil soupçonneux.

    - Combien ? ai-je demandé, depuis combien de temps sont-ils mariés ?

    L’Ommide écarta plusieurs fois ses phalanges palmées : douze ans d’union ?

    - Dan, oui.

     

    Autour de nous le vacarme atteignait des proportions sauvages. À l’autre bout de la tablée, un chœur d’Ommides scandait sur le bois un lourd cantique à la vinasse d’importation.

    - Le nom de lui, Glomod. Lui très jaloux.

    Glomod porta un toast dans ma direction, accompagné d’une grimace qui se voulait affable. Il me montrait sa femme semblait-il, puis me désignait avec un clignement, et cependant je distinguais sur le sein de Jrinka ses doigts crapaud aux boules glaireuses, il tenait, en levant sa corne, un discours interminable et parfaitement inaudible, Jrinka me regardait.

    - Lui, guérir.

    - Médecin ? Doktior ?

    - Il n’y a pas de médecins à Omma.

    Léÿnn m’avait rejoint. Il n’avait pas bu :

    - Il n’y a que des guérisseurs.

    - Guérissûr, dhan, dhan ! Hospitall !

    Quatre gaillards en bottes avaient escaladé les tréteaux devant nous. J’y reconnus R. Ils lui faisaient apprendre le Pas des Basaltes d’Omma.

    La trépidation était telle, parmi les hurlements scandés et les battements de mains, que les cornes d’outcham sautaient sur leurs hampes doubles tout au long de la rangée de tables.

    L’Ommide se versa un plein cruchon d’outcham, qu’il avala dans un gloussement :

    - Eux guérir bergers.

    Je me tournai vers Léÿnn avec exaspération : il avait disparu.

    - Dha, dhan ! hurlait l’Ommide, toi compris – il but le verre d’un voisin ivre-mort qu’il fit tomber du coude sous la table – nous, avoir langue autrefois, vous, du Continent, l’avoir prise ! Glomod pas d’accent !

    - Il a l’accent nain, hoquetai-je.

    - C’est ça, c’est ça ! braillait l’Ommmide hilare – il s’abattit sur ma poitrine en sanglotant, me faisant des serments d’amitié.

     

     

     

     

  • Palanquée de citations

  • Palanquée de citations

  • Péguy revisité

  • LES PREMIERES CITATIONS

     

                                          
                        
                        
                            197.    Oh ! La route est amère
                                    Depuis que l'autre Dieu nous attelle à						à                                                    sa croix ;
                                    Chair, Marbre, Fleur, Vénus, c'est en
                                                         toi que je crois.
                        
                                              RIMBAUD
                                         "Soleil et Chair"
                        
                        
                            198.    Nous ne sommes pas au monde. La vraie
                        vie est absente.
                        
                                                id.
                        
                        
                        
                            199.    Difficultés du rapport chrétien
                        d'homme à femme...

    femme,chrétien,romains

    
                        
                                            Y. BONNEFOY
                                      "Rimbaud par lui-même"
                        
                        
                        
                            200.    Cette vie d'illusions, de cruels
                        renouveaux, cet ENFER.
                        
                                             id. ibid.
                        
                                           
                        
                        
                            201.    Qui n'a pas été vraiment aimé, ne peut
                        se résigner à mourir.
                        
                                            Y. BONNEFOY
                                      "Rimbaud par lui-m^eme"
                        
                        
                        
                            202.    Toute conscience de soi, d‚couvrant …
                        l'homme son impuissance, l'oblige au m‚pris de
                        soi.
                        
                                             id. ibid.
                        
                        
                        
                            203.    (La sexualit‚), qui aurait pu ^etre le
                        rythme même de la participation au réel, 		ici,
                        sous le signe de l'interdit, elle ne 			produit plus
                        que le VICE.
                        
                                             id. ibid.
                         204.    Déployez votre esprit, mais ne 	servez pas
                        d'amusement aux autres ; car sachez bien 	que, si
                        votre supériorité froisse un homme 	médiocre, il se
                        taira, puis dira de vous : "Il est très 	amusant!"
                        terme de m&pris.
                                              BALZAC
                                      "Le Lys dans la Vallée"
                        
                        
                      
                        
                        
                            2O5.    Les slips "Kangourou" sont à 	la portée
                        de toutes les bourses...
                        
                                               X...
                        
                        
                        
                            206.    Le doute travaille en ce 	moment la
                        France. Après avoir perdu le gouvernement
                        politique du monde, le catholicisme en 	perd le
                        gouvernement moral. Rome Catholique mettra
                        toutefois autant de temps … tomber qu'en a mis
                        Rome panth‚iste. Quelle forme rev^etira le
                        sentiment religieux ? Quelle en sera l'expression
                        nouvelle ? La r‚ponse est un secret de l'avenir.
                        
                                              BALZAC
                                    Pr‚face au "Livre Mystique"
                        
                        
                        
                           207.    ..."Mat‚rialit‚ de la pens‚e, et son
                        ‚nergie magn‚tique... (Les) id‚es ont une vie
                        propre par elles-m^emes... Elles vivent aussi en
                        dehors... Le fluide nerveux qui se d‚gage du
                        cerveau, et qu'on appelle vulgairement la volont‚,
                        est une force dont le m‚canisme n'est pas encore
                        connu, ni le potentiel ‚valu‚, ni l'utilisation
                        appliqu‚e... La t‚l‚pathie, la clairevue, le
                        
                                     
                        
                        
                        somnambulisme... ; les extases..., sont 	des
                        ph‚nomŠnes produits par une projection de fluide.
                        C'est ainsi que s'expliquent les miracles par
                        attouchement ou … distance, op‚r‚s par J‚sus et
                        par ses ap^otres. En d‚terminant les rapports
                        qualitatifs et quantitatifs de la pens‚e avec la
                        volont‚, les physiologues arriveront … des
                        r‚sultats de plus en plus surprenants. Ils
                        trouveront les moyens d'explorer la zone subtile
                        de la pens‚e et du sentiment. Les hommes exerc‚s
                        en viendront … communiquer d'esprit … esprit ; …
                        voir, … lire dans les cerveaux sans recourir aux
                        sens charnels."
                        
                                           Ph. BERTHAULT
                                             "Balzac"
                        XXX 63 9 9 XXX
                        
                        
                            208.    Les hommes n'admettent guŠre,
                        peut-^etre avec raison, la vertu des femmes
                        ind‚pendantes. 
                        
                                            MAUPASSANT
                                        "Notre Coeur" p. 15
                        
                        
                        
                        
                        
                        
                        
                        
                            209.    Rien n' (est) plus difficile 	que de
                        rendre heureux un homme qui se sent fautif.
                        
                                              BALZAC
                                      "Le Lys dans la Vall‚e"
                        
                        
                        
                            210.    Il ne suffit pas d'^etre un homme, il
                        faut ^etre un systŠme.
                        
                                                id.
                        
                        
                        
                            211.    Cr‚er, toujours cr‚er ! Dieu n'a cr‚‚
                        que pendant six jours ! 
                        
                                               idem
                        
                        
                        
                            212.    Hoc est vivere bis,
                                    vita posse priore frui.
                        
                                              MARTIAL
                                           "Epigrammes"
                                            X, XXIII, 7
                        
                        
                        
                        	
                        
                            213.    La haine n'est pas le 		contraire de
                        l'amour, c'est son autre visage.
                        
                                             P. HERIAT
                        
                        
                        
                            214.    L'homme est un bouffon qui danse sur
                        un pr‚cipice.
                        
                                              BALZAC
                        
                        
                        
                            215.    Qu'a faict l'action genitale aux
                        hommes, si naturelle, si necessaire et si juste,
                        pour n'en oser parler sans vergongne, ... ? Nous
                        pronon‡ons hardiment : tuer, desrober, trahir ; et
                        cela, nous n'oserions qu'entre les dents ?
                        
                                             MONTAIGNE
                                       "Essais" L. III ch. X
                        
                        
                        
                            216.    Comme le coeur d‚borde de pouvoir
                        consoler l'innocent … qui l'on a fait du mal !
                        
                               LAUTREAMONT - Ier chant de "Maldoror"
                        
                    	
                        
                        
                            217.    Abstineas avidas, Mors, modo, 			nigra,  
                                                                  manus.
                        
                                              TIBULLE
                                               I, 3
                        
                        
                        
                            218.    A mesure qu'on a plus d'esprit, on
                        trouve qu'il y a plus d'hommes originaux. Les gens
                        du commun ne trouvent point de diff‚rence entre
                        les hommes.
                        
                                              PASCAL
                                       Pr‚face aux "Pens‚es"
                        
                        
                        
                            219.    L'homme compte passer les trois-quarts
                        de sa vie … souffrir pour se reposer le 4Š quart ;
                        et, le plus souvent, il crŠve de misŠre sans plus
                        savoir o— il en est de son plan ! 
                        
                                         Lettre de RIMBAUD
                                           6 - 1 - 1886
                        
                        
                        
                        
                        
                        
                   	
                        
                        
                            220.    Ton esprit est tellement 	malade que tu
                        ne t'en aper‡ois, et que tu crois ^etre dans ton
                        naturel, chaque fois qu'il sort de ta bouche des
                        paroles insens‚es, quoique pleines d'une infernale
                        grandeur.
                        
                                            LAUTREAMONT
                                      Ier chant de "Maldoror"
                        
                        
                        
                            221.    Les analyses d'hommes homosexuels
                        montrent toujours qu'ils ont peur des organes
                        g‚nitaux f‚minins, ...instruments de castration
                        capables de mordre ou de d‚chirer le p‚nis.
                        
                            (les h‚t‚rosexuels aussi, disait idem ibidem)
                                            Dr A. BERG
                           "Les problŠmes de l'homosexualit‚", 2Š partie
                        
                        
                        
                            222. Le m‚rite d'un roman n'est pas dans
                        l'intrigue.
                        
                                          Abb‚ BERTHAULT
                                             "Balzac"
                        
                        
                        
                        
                       	
                        
                        
                            223.    Sentir des élans de tendresse, des
                        palpitements d'amour, mais ne jamais savoir si on
                        les ressent avec vous ! 
                        
                                               ZOLA
                                     Lettre, … 20 ans environ
                        
                        
                        
                            224.    Lorsque je jette un regard …
                        l'horizon, je me vois seul ; rien ne m'attache …
                        la vie, ni haine, ni amour. Je me demande avec
                        angoisse si je n'ai pas de coeur, si le ciel m'a
                        fait misérable,si je ne suis qu'un tas de boue
                        incapable de briller.
                        
                                                id.
                                         Lettre … Braille
                        
                        
                        
                            225.    Je me battrais vraiment, si j'en
                        valais la peine.
                        
                                               ZOLA
                        
                        
                        
                        
                        
                        
                       
                        
                        
                        
                            226.    Une peur de lui-même insurmontable le
                        paralyse. Il n'agit pas, dans la crainte de
                        l'‚chec. Il manque de hardiesse et de courage ; il
                        pr‚fŠre la r^everie qui lui donne, … bon compte,
                        et sans risque, une ébauche de ce qu'il
                        d‚sire...... C'est un vieux garçon, un père
                        tranquille, un ennemi de toute complication... Il
                        renonce à modifier ses habitudes) par une sorte
                        de paresse mêlée
                        d'appréhension..............................
                        Il a la hantise du ridicule, la constante
                        inquiétude de ce que l'on pense de lui.
                        
                                             CASTELNAU
                                              "Zola"
                        
                        
                        
                            227.    On retrouve son étonnante obstination,
                        sa merveilleuse foi dans sa destinée. Il pose
                        orgueilleusement sa devise : "Tout ou rien", et,
                        durant sa vie entière, sans lassitude apparente,
                        sans relâche, il s'élèvera sans cesse, visant
                        toujours plus haut.
                        
                                             id. ibid.
                        
                        
                        
                        
                        
                        
                      
                        
                            228.    Il y a là quelque chose de sublime à
                        trouver. Quoi, je l'ignore encore. Je sens
                        confus‚ment qu'une grande figure s'agite dans
                        l'ombre, mais je ne puis saisir ses traits. 
                        
                                               ZOLA
                        
                        
                        
                            229.    Il n'y a point d'homme condamnable,
                        qui, au milieu de tout le mal qu'il a pu faire,
                        n'ait encore fait beaucoup de bien. 
                        
                                                id.
                                            "L'Argent"
                        
                        
                        
                            230.    La conduite de Dieu, qui dispose
                        toutes choses avec douceur, est de mettre la
                        religion dans l'esprit par les raisons, et dans le
                        coeur par la gr^ace. Mais de la vouloir mettre
                        dans l'esprit et dans le coeur par la force et par
                        les menaces, ce n'est pas y mettre la religion,
                        mais la terreur.
                        
                                              PASCAL
                                             Pens‚e 9
                                           Ed. Chevalier
                        
                        
                      88
                        
                        
                        
                            231.    Qu'est-ce qu'un homme dans l'infini ? 
                        
                                              PASCAL
                                             Pensée 84
                                          ‚d. Chevalier.
                        
                        
                        
                            232. Il est bien plus ais‚ d'accuser l'un
                        sexe, que d'excuser l'autre.
                        
                                             MONTAIGNE
                                     "Essais" L. III ch. V fin
                        
                        
                        
                            233.    L'homme est ainsi fait, qu'… force de
                        lui dire qu'il est un sot, il le croit ; et …
                        force de se le dire … soi-m^eme, on se le fait
                        croire.
                        
                                              PASCAL
                                            Pens‚e 102
                        
                        
                        
                            234.    Tout arrive et rien n'arrive. Autant
                        rester les bras crois‚s. 
                                    ZOLA "Au Bonheur des Dames"
                        
                        
                      
                        
                        
                        
                            235.    Les Thébains avaient le r‚giment des
                        amants : beau r‚giment ! quelques-uns l'ont pris
                        pour un r‚giment de sodomites ; ils se trompent ;
                        c'est prendre l'accessoire pour le principal. 
                        
                                             VOLTAIRE
                                   "Dictionnaire philosophique"
                                             "Amiti‚"
                        
                        
                        
                            236.    (l'Amour)... "c'est l'‚toffe 			de la
                        nature que l'imagination a brod‚e."
                        
                                             id. ibid.
                                              "Amour"
                        
                        237.    La nature de l'homme est tout naturel:
                        "omne animal".
                        
                                              PASCAL
                                         p. 121 Chevalier
                            238.    Etait-ce donc si b^ete, l'amour ?
                        Quoi! Ce gar‡on qui avait tout un bonheur sous la
                        main, et qui g^atait sa vie, et qui adorait une
                        gueuse comme un saint-sacrement ! 
                        
                                               ZOLA
                                   "Au Bonheur des Dames" ch. V